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Citations sur Une planète dans la tête (32)

Ce type était un con de nous prendre pour des abrutis.
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"Je me demande si...
Si le ballon de foot n'était pas passé par-dessus le mur.
Si Hector n'était pas allé le chercher.
S'il n'avait pas gardé l'abominable secret pour lui.
Si...
Alors, je me raconterais sans doute une autre histoire.
Voyez-vous, les "si" sont comme les étoiles, innombrables."
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Il ne répond pas mais je sais qu’il écoute. Les mots sont les seuls médicaments à ma disposition.
— Tu as donné du sens à un monde qui n’en avait pas. Tu m’as offert des bottes d’astronaute pour que je puisse arpenter d’autres planètes. Sans toi, je suis perdu. Il n’y a plus de gauche, ni de droite. Plus de demain, ne reste que des kilomètres d’hier. Qu’importe ce qui arrive désormais parce que je t’ai trouvé. C’est pour ça que je suis ici. Pour toi. Toi que j’aime. Mon meilleur ami. Mon frère.
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À présent, j’étais coincé, la cravate dénouée, la chemise boutonnée de travers, les lacets minables. Imprésentable.
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D’après Hector, la cravate avait une autre signification. Elle était l’équivalent du collier pour les chiens. La cravate indiquait que nous faisions partie de quelque chose qu’à nous seuls nous ne serions jamais. D’après Hector, l’uniforme servait à nous rendre tous pareils, à faire de nous des numéros, des numéros proprets en forme de garçons à inscrire dans un registre. Hector n’était pas un numéro propret et je me demandais s’il n’avait pas été effacé du registre, mais je n’en avais aucune certitude. La seule chose que je savais, c’est qu’Hector avait raison. Le nœud de cravate représentait la survie.
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M. Gunnell ne m’aimait pas. À mon avis, c’était personnel. Avec lui, tout était personnel. J’étais une insulte personnelle à son intelligence, une insulte à son sens de l’ordre et de la correction. Afin que tout le monde comprenne bien à quel point j’étais une insulte, il a tiré sur ma cravate pour défaire le nœud. En refermant la porte de la salle de classe derrière moi, il avait ce sourire qui lui faisait sortir la langue.

Je me fichais des coups de canne. Du fait d’avoir encore mal aux mains. Un peu moins d’avoir eu l’oreille tirée. Et complètement de voir le directeur. J’ignorais alors le problème, ou son ampleur.

Néanmoins, je m’en étais douté au moment où M. Gunnell avait défait mon nœud de cravate, le salaud. Voyez-vous, je suis incapable de faire un nœud de cravate et il le sait.

Je n’avais pas défait ce nœud pendant un an, mon record. C’était la première fois que je tenais aussi longtemps. En fait, le tissu était devenu si lisse qu’il coulissait facilement, assez pour laisser passer ma tête et se resserrer ensuite au col, bien comme il faut. Du coup, j’étais impeccable. C’était le but. Cela avait perduré grâce à Hector. Il n’aurait laissé aucun garçon me chercher des noises. J’avais cru mes jours de souffrance derrière moi. Cette cravate diabolique en corde de pendu dénouée me donnait envie de me laisser glisser par terre le long du mur et de renoncer, de laisser les larmes prendre l’air, pour une fois. Car s’il y avait bien une chose que je ne pouvais pas faire, c’était me présenter dans le bureau du directeur sans cravate. Autant me jeter par la fenêtre, tête la première. Prétendre que ma cravate s’était dénouée au cours de ma chute. Prétendre qu’en raison du choc, j’avais oublié comment faire un nœud de cravate.

Si je voulais bien le reconnaître, j’avais déjà conscience sur le moment que cela n’avait pas seulement à voir avec ma cravate et la perte de son nœud. Mais plutôt avec la perte d’Hector, qui m’était insupportable. Si seulement j’avais su où ils avaient été emmenés. Si seulement j’avais eu l’assurance qu’il était sain et sauf, alors peut-être que le nœud dans mon ventre – ce nœud qui se resserrait chaque jour davantage – se serait dénoué.
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Nous avions décidé de contourner la lune. Qui aurait envie de s’y poser quand la Patrie était sur le point de planter son drapeau rouge et noir sur sa surface vierge argentée ?

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Je n’allais pas y échapper. J’étais devenu paresseux. J’avais pris l’habitude de compter sur Hector pour m’avertir des malheurs à venir. Ce rêve éveillé m’avait fait oublier qu’Hector avait disparu. J’étais tout seul.

M. Gunnell m’a pris par l’oreille, il a tiré très fort, à me faire venir les larmes aux yeux. Je n’ai pas pleuré. Je ne pleure jamais. À quoi bon ? Papou prétend qu’il ne pourrait plus s’arrêter s’il se mettait à pleurer – les raisons de pleurer ne manquent pas.

Je pense qu’il a raison. De l’eau salée gaspillée en flaques boueuses. Les larmes noient tout, enfoncent une boule dans la gorge, voilà ce qu’elles font. Donnent envie de crier, voilà ce qu’elles font. Laissez-moi vous dire que ce n’était pas facile, pourtant, avec l’autre qui me tirait par l’oreille. J’ai tâché de garder l’esprit focalisé sur Juniper, la planète qu’Hector et moi étions les seuls à avoir découverte. Nous nous apprêtions à lancer une mission personnelle dans l’espace, rien que nous deux, le monde se rendrait compte alors qu’il n’était pas seul. On entrerait en contact avec les Junipériens, qui savaient la différence entre le bien et le mal, étaient capables de faire disparaître les Mouches-à-merde, les hommes en manteau de cuir et M. Gunnell au fin fond du trou du cul de l’oubli.
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Mais quelque chose me turlupinait : je devais m’être éloigné à des milliers de kilomètres. Je n’avais même pas vu M. Gunnell approcher. D’un autre côté, une piste d’atterrissage me séparait de son bureau. Je veux dire par là que j’étais assis tout au fond de la classe – le tableau noir aurait pu se trouver dans un autre pays. Les mots n’étaient que des chevaux de cirque qui se cabraient. Du moins, ils ne restaient jamais assez longtemps immobiles pour que j’en comprenne le sens.

Le seul que je parvenais à lire était l’énorme mot rouge qui barrait la photo de la lune. Il vous assenait une claque, ce mot

PATRIE.

En tant qu’être stupide, inapte à entrer dans les cases d’une feuille de papier quadrillé, j’étais resté un certain temps au fond de la classe pour comprendre que j’étais devenu invisible. Il fallait que les bras en tank de M. Gunnell aient besoin d’exercice pour que je réapparaisse.

Là seulement, je voyais rouge.

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C’est alors que j’ai vaguement pris conscience que M. Gunnell disait mon nom.

– Standish Treadwell. Vous êtes convoqué dans le bureau du directeur.

Merde à la puissance mille ! J’aurais dû le voir venir. La canne de M. Gunnell m’a fait mal aux yeux, s’est abattue sur le dos de ma main avec une telle violence qu’elle y a laissé sa signature. Deux fines boursouflures rouges. M. Gunnell n’était pas grand mais il avait des muscles en vieux tank de l’armée avec des bras bien huilés en tank de l’armée. Il portait un postiche qui avait sa vie propre, se démenait pour rester collé au sommet de son crâne luisant de transpiration. Par ailleurs, les traits de M. Gunnell n’étaient pas flatteurs. Il avait une petite moustache noire tachée de morve, qui retombait sur sa bouche. Il ne souriait qu’en maniant sa canne – un sourire qui lui tordait le coin de la bouche, si bien que la limace desséchée qui lui tenait lieu de langue pointait à l’extérieur. Tout bien réfléchi, je doute que « sourire » soit le mot exact. Peut-être sa bouche se crispait-elle ainsi quand il avait décidé de se livrer à son sport favori, faire mal. Peu lui importait où la canne s’abattait, l’essentiel était qu’elle cingle la chair, vous fasse sursauter.

Voyez-vous, on ne chante que de l’autre côté de l’eau.

Ici, le ciel s’est écroulé, il y a fort longtemps.
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