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Citations sur Une planète dans la tête (32)

L'hiver dernier avait été le plus froid dont je me souvienne. D’après Papou, il n'en avait jamais connu d'aussi cruel, or il en avait connu de nombreux. Papou l'avait surnommé la vengeance du général Hiver. Ce général n'était pas de notre coté, je peux vous le garantir.
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Voyez-vous, les "si" sont comme les étoiles, innombrables.
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" Il y a ceux qui suivent les chemins balisés et puis il y a toi, Standish, une brise dans le parc de l'imagination."
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Il était remplaçable. Telle était la maladie dont il souffrait à la naissance.
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J'avais du mal à comprendre la différence entre disparition et mort. A mes yeux, c'était la même chose, les deux laissaient des trous. Des trous dans le cœur. Des trous dans la vie. Il n'était pas difficile de se rendre compte de leur nombre. L'apparition d'un nouveau trou était évidente. Les lumières s'éteignaient dans la maison, puis celle-ci explosait ou bien elle était rasée.
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Ce type était un con de nous prendre pour des abrutis.
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M. Gunnell ne m’aimait pas. À mon avis, c’était personnel. Avec lui, tout était personnel. J’étais une insulte personnelle à son intelligence, une insulte à son sens de l’ordre et de la correction. Afin que tout le monde comprenne bien à quel point j’étais une insulte, il a tiré sur ma cravate pour défaire le nœud. En refermant la porte de la salle de classe derrière moi, il avait ce sourire qui lui faisait sortir la langue.

Je me fichais des coups de canne. Du fait d’avoir encore mal aux mains. Un peu moins d’avoir eu l’oreille tirée. Et complètement de voir le directeur. J’ignorais alors le problème, ou son ampleur.

Néanmoins, je m’en étais douté au moment où M. Gunnell avait défait mon nœud de cravate, le salaud. Voyez-vous, je suis incapable de faire un nœud de cravate et il le sait.

Je n’avais pas défait ce nœud pendant un an, mon record. C’était la première fois que je tenais aussi longtemps. En fait, le tissu était devenu si lisse qu’il coulissait facilement, assez pour laisser passer ma tête et se resserrer ensuite au col, bien comme il faut. Du coup, j’étais impeccable. C’était le but. Cela avait perduré grâce à Hector. Il n’aurait laissé aucun garçon me chercher des noises. J’avais cru mes jours de souffrance derrière moi. Cette cravate diabolique en corde de pendu dénouée me donnait envie de me laisser glisser par terre le long du mur et de renoncer, de laisser les larmes prendre l’air, pour une fois. Car s’il y avait bien une chose que je ne pouvais pas faire, c’était me présenter dans le bureau du directeur sans cravate. Autant me jeter par la fenêtre, tête la première. Prétendre que ma cravate s’était dénouée au cours de ma chute. Prétendre qu’en raison du choc, j’avais oublié comment faire un nœud de cravate.

Si je voulais bien le reconnaître, j’avais déjà conscience sur le moment que cela n’avait pas seulement à voir avec ma cravate et la perte de son nœud. Mais plutôt avec la perte d’Hector, qui m’était insupportable. Si seulement j’avais su où ils avaient été emmenés. Si seulement j’avais eu l’assurance qu’il était sain et sauf, alors peut-être que le nœud dans mon ventre – ce nœud qui se resserrait chaque jour davantage – se serait dénoué.
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C’est alors que j’ai vaguement pris conscience que M. Gunnell disait mon nom.

– Standish Treadwell. Vous êtes convoqué dans le bureau du directeur.

Merde à la puissance mille ! J’aurais dû le voir venir. La canne de M. Gunnell m’a fait mal aux yeux, s’est abattue sur le dos de ma main avec une telle violence qu’elle y a laissé sa signature. Deux fines boursouflures rouges. M. Gunnell n’était pas grand mais il avait des muscles en vieux tank de l’armée avec des bras bien huilés en tank de l’armée. Il portait un postiche qui avait sa vie propre, se démenait pour rester collé au sommet de son crâne luisant de transpiration. Par ailleurs, les traits de M. Gunnell n’étaient pas flatteurs. Il avait une petite moustache noire tachée de morve, qui retombait sur sa bouche. Il ne souriait qu’en maniant sa canne – un sourire qui lui tordait le coin de la bouche, si bien que la limace desséchée qui lui tenait lieu de langue pointait à l’extérieur. Tout bien réfléchi, je doute que « sourire » soit le mot exact. Peut-être sa bouche se crispait-elle ainsi quand il avait décidé de se livrer à son sport favori, faire mal. Peu lui importait où la canne s’abattait, l’essentiel était qu’elle cingle la chair, vous fasse sursauter.

Voyez-vous, on ne chante que de l’autre côté de l’eau.

Ici, le ciel s’est écroulé, il y a fort longtemps.
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Quand le mot en provenance du bureau du directeur est arrivé en cours, je n’écoutais pas. Hector et moi étions dans la ville au-delà de l’eau, dans un pays où les immeubles ne cessent de grimper jusqu’à épingler les nuages dans le ciel. Où le soleil brille en Technicolor. La vie à une extrémité de l’arc-en-ciel. Je me fiche du discours officiel, je l’ai vu à la télé. Les gens chantent dans les rues – ils chantent même sous la pluie, ils chantent en dansant autour d’un réverbère.

C’est une ère de ténèbres. On ne chante pas.

Cela dit, c’était le meilleur rêve éveillé que je faisais depuis la disparition d’Hector et de sa famille. Je m’étais surtout appliqué à ne pas penser à lui. Je m’étais efforcé de m’imaginer sur notre planète, celle qu’Hector et moi avions inventée : Juniper. C’était mieux que de me rendre malade à envisager ce qui avait pu leur arriver. En plus, c’était un de mes meilleurs rêves éveillés depuis bien longtemps. J’avais l’impression qu’Hector était à nouveau avec moi. Nous roulions dans une interminable Cadillac couleur pastel.
Je sentais presque l’odeur du cuir, bleu intense, bleu azur, bleu des sièges en cuir. Hector était à l’arrière. Moi, un bras appuyé sur la portière, la vitre descendue, une main sur le volant, je nous ramenais à la maison boire un Croca-Cola – une cuisine lumineuse avec une nappe à carreaux, et un jardin où on aurait cru la pelouse passée à l’aspirateur.
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Les mauvaises nouvelles se propagent vite, elles se passent de mots.
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