La parole ne peut raisonner que sur fond de silence. Sans silence, pas de résonance. Sans disponibilité, pas d'écoute. Sans attention, pas de relation. Il y a donc urgence à changer de régime de parole. A passer de la parole comme pure performance à la parole comme pleine attention. Et la plus active, la plus productive, la plus bénéfique des deux n'est pas forcément celle que l'on croit. Car en matière de parole, l'exigence d'attention exalte la performance - quand l'idolâtrie de la performance ruine l'attention.
Toute parole n'est pas bonne à dire - encore moins à entendre. Non, toute parole n'est pas bonne en soi. A fortiori quand il n'y a pas de prise en compte de l'autre, pas de considération envers sa personne, pas de reconnaissance de son humanité.
Il s'agit de parler bien. Pour le bien commun. De parler juste. Avec justesse et justice. Discernement et attention. Sens et responsabilité. Ce qui exige bien davantage qu'un art oratoire - une philosophie de la parole.