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Critique de glegat


On a beau lire beaucoup et depuis pas mal de temps on laisse fatalement de côté certains chefs-d'oeuvre dont tout le monde dit qu'il faut les avoir absolument lus. C'est le cas pour ce roman de Romain Gary double prix Goncourt, d'abord en 1956 avec « Les racines du ciel » puis en 1975 sous le nom d'Émile Ajar avec "La vie devant soi".

Cet auteur aux multiples facettes aviateur, résistant, diplomate, scénariste, réalisateur, essayiste et romancier a réalisé là un livre qui interpelle sur le plan humain et d'une grande originalité concernant les expressions et tournures de phrases.

Ce livre se lit très facilement il raconte l'histoire de Mohamed dit « Momo » un jeune garçon arabe abandonné par ses parents et mis « en pension » chez une veille dame juive qui recueille tous les « enfants de pute » du quartier de Belleville. L'histoire est racontée par Momo lui-même, enfant sans éducation, un peu livrée à lui-même, mais intelligent et sensible. le style d'écriture est celui d'un enfant de 10 à 14 ans extrêmement doué pour exprimer à sa manière sa relation avec ses camarades et surtout avec « Rosa », la veille dame qui l'a recueilli. Un texte plein d'humour et de sensibilité avec de véritables trouvailles stylistiques qui témoigne de la volonté de l'auteur de sortir des sentiers battus et de montrer une autre facette de son talent.

« Elle n'avait pas de taille et les fesses chez elle allaient directement aux épaules sans s'arrêter. Quand elle marchait, c'était un déménagement » Page 74

« Elle avait les seins, le ventre et les fesses qui ne faisaient plus de distinction, comme chez un tonneau. »Page 79

« Malheureusement, Madame Rosa subissait des modifications à cause des lois de la nature qui s'attaquaient à elle de tous les côtés, les jambes, les yeux, les organes connus tels que le coeur, le foie, les artères et tout ce que l'on peut trouver chez des personnes très usagées. »

Mais que l'on ne s'y trompe pas, au-delà de sa légèreté apparente c'est aussi un livre profond qui délivre un message sur la vie, les opprimés et qui dénonce le racisme sous toutes ses formes. le texte fourmille de considérations sur l'humanité et les rapports humains : « La loi c'est fait pour protéger les gens qui ont quelque chose à protéger contre les autres. » Page 102, "Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'importe quoi, c'est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu'il y a dans le monde."

Une histoire pas comme les autres d'un enfant pas comme tout le monde.

— « La vie devant soi », Romain Gary Folio Mercure de France (2003), 274 pages.




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