Ciel compact inentamable.
La terre est prise dans les tables dures de sa loi
qui renvoie le regard
infiniment derrière sa source
à l'ossature liquide de son chant
On ne justifie pas la poésie et elle se passe de défenseurs ; j'essaie seulement de voir ce qui en moi instruit par la précision, va d'une façon si inaltérable vers le tâtonnement nocturne, à la recherche d'une autre, d'une plus rocheuse précision.
Parfois …
parfois d’une immense tendresse j’oublie
que tout est sourd
et me lève comme une mélodie.
Chaque matin d un bond
le soleil prend pied dans mon visage.
Je m empare de cette brûlure comme d un gouvernail.
Encore cette aube.
Etincellement sur nos hanches de l'abrupt.
Clartés solubles, clandestines.
Fourmillement dans les ombres engourdies,
portes, passages, alliances.
Dans le pain sombre des choses
la brume de molécules sonores.
Tourbillons d'air laineux dont s'arrachent
de petites planètes de neige.
Insoupçonnés par un matin pareil nous gardons
nos mots parmi des fleurs légèrement penchées
curieuses de la terre assoiffée qui déchiffre –
Le jardinier sans même un regard déballe ses outils
mesure ses mains, son eau, son espoir
à la clarté croissante du dénudement –
pendant que le jour s'énerve dans ses éclats.
Sans fenêtres et sans dehors, le clou brille
dans le mouvoir exorbitant.
Les fonds ont fondu à nouveau.
Nous voyageons de grève en grève inguérissables.
p.172
Extrait de Iconostase
mais comment dire l’amour
le désastre et le commencement
le temps courbé sous la veille infinie
et les débris de plâtre
incrustés sous la peau –
p.65
La perfection des sphères
nous l'avions vue un jour
trembler dans nos mains.
Contrepoids timide
quand tarit l'éloquence
ah, la lampe reptile de nos corps !
p.134
Le quatrième état de la matière
CONNAISANCE DE LA LUMIERE
Si loin que le sourire ne sait les paupières
Tiré des cris longs d'oiseaux en vol
la lettre fluide des choses sans mémoire
le jour brûlé il arrive qu'on oublie les paroles.
Ne cherche pas l'absolu. Il est en toi comme un ravin de sécheresse qui te perdra. Toute parole qui retourne la terre porte sa soif. Amour et doute. Herbe amère et fruit. le pouls accordé et défait.
Le texte poétique est le texte de la vie, travaillé par le rythme des éléments, construit, érodé par tout ce qui est ; fragmentaire, plein de lacunes, laissant apparaître dans les failles des signes plus anciens. Trame d'ardeur et de circulation : chacun peut y lire autre chose et aussi la même chose.
(extrait de "Approche de la parole") - Pp28-29
ÉCAILLES
Mort où tant de vie s’égare
de nos faibles yeux abandonnée.
Torrent tu nous étonnes
étincelant et boueux
de bouche en bouche
le doux et l’amer
cailloux et bois
achevés repris.
Ces photos floues
que le temps a bougées.
La lumière se cherche sur nos mains
et soudain tout est plume
neige neige –
p.67