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EAN : 9782070322299
220 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.11/5   19 notes
Résumé :
Avec un essai d'autobiographie inédit. Édition revue par l'auteur pour Sol absolu et Le Quatrième État de la matière
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je relis ce recueil dont j'étais tombé amoureux dans ma petite vingtaine, un livre feuilleté vitement et acheté au petit bonheur la chance puis dévoré.

Je relis et comprends enfin la raison du coup de foudre : un langage nouveau, une concision d'une portée inimaginable, des métaphores tantôt aux symboles abyssaux et des rapprochements tantôt surréalistes mais d'une profondeur philosophique étonnante sans compter ces paysages rapportés du Moyen-Orient méditatif captés dans leur matérialité crue.

Peu de verbes, paysage cependant vivant qui reflète à lui seul les émotions et toute l'existence du poète :

"ces choses au dehors qui tombent lentement
le jasmin, la neige, l'enfance"

Parmi les thèmes récurrents : le sable, la poussière fragile, la lumière et sa chaleur, le passé et ses langues qui se superposent en couches archéologiques qui se répondent.

Cette vision de l'être et du verbe qui s'aèrent, s'étiolent pour se faire plus atemporel, solide à l'état microscopique, qui littéralement se réduit en grains de poussière et acquiert ainsi tel le sable sa permanence, sa forme d'éternité:

"Que dans une très douce syllabe
je puisse diluer toute violence et tout or
ce pur froment de moi-même tu.
L'effritement est à mes doigts -"

Émietté la force malléable de la vie se trace un chemin, tels ces mots dont la racine subsiste à travers les âges, les cultures et les religions.

C'est un dire lourd de sens, avare de mots mais riche de signification, métaphore des métaphores où l'idée comme un long torrent qui s'enrichit de toute la vie qu'il rencontre ne s'encombre pas du simplement nécessaire ni ne s'arrête au point final mais laisse le lecteur longtemps deviner le long chemin de vécu qu'il a parcouru:

"la cendre dormira de toutes nos insomnies"

C'est enfin une écriture calme, contenue, condensée mais aérée, où l'espace entre les mots, les métaphores nous laisse cette sensation, d'autant appréciable aujourd'hui, de paix intérieure, de paix entre les hommes dans ce Moyen-Orient chauffé à blanc par son soleil et son histoire.
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Encore un poète dont j'ignorais le nom jusqu'ici. Né en Transylvanie en 1925, il s'est établi en France après la seconde guerre mondiale. Devenu médecin, il a exercé au Proche-Orient. Il a publié son premier recueil de poésie en 1966. En 1998, il a été couronné par le prix Goncourt de la poésie, pour l'ensemble de son oeuvre. Il est mort en 2019.
A vrai dire, "Sol absolu" contient des poésies que je trouve majoritairement assez peu limpides et difficiles à apprécier. Cependant, j'ai extrait deux textes que je choisis de mettre en citation dans Babelio.
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Quelque part dans l'aine des provinces éblouies
le verdoiement du règne tactile.
Les yeux, les mains repris doucement dans
le bulbe obscur
dans la lourdeur fatale des fruits de la terre.
Lorsque enfin le jour
et les visages qui nous séparent des pierres
ont disparu.

Laissant le ciel à ses fenêtres,
entre nos lèvres et nos bras
transparaît sans nom l'éveil.

p.152
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Sol absolu


j'ai rêvé d'une genèse
[…]
fugue des courbures en clair et ombre
sans départ ni achèvement
jaillie du jaillissement
de la même marche indivisée
le souffle à deux battants
sur les pistes pulmonaires
la force de silence
dont ces déserts à l'aube
sont la feuille dépliée
la fraîcheur crissante – ébruitée –

ou encore
sur la rotonde crayeuse
des dernières arènes du jour
la vitesse de la lumière
soudain pénétrée par la lenteur d'une caresse
la rumeur des mains sous la peau profonde
comme une eau des yeux
qui rend flous les visages –

p.98

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Comme les regards étonnés
d'être morts
comme s'arrachent
les oiseaux ivres leurs plumes
nos gestes étaient trop clairs
pour ne pas surprendre
leur pesant d'ombre.
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Bonjour à toi qui viens de nuit.
Bonjour à toi démarche souveraine qui fends la pulpe du
soleil.
Bonjour à toi dans la poussière.
Tout ce jour à t'user, à l'user.
Aux os de ta fatigue.
Lorsque la lumière se voûte sur un puits -
Paix, les bruits se posent.
Ah, comme l'oreille se lisse!
Bonne nuit à toi qui viens de lumière, qui viens silence.
Comme une ultime paupière de couleur ou de son
Tu migres en profondeur, laissant le jour blafard sur la
table de l'embaumeur.
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Encore cette aube.

Etincellement sur nos hanches de l'abrupt.
Clartés solubles, clandestines.
Fourmillement dans les ombres engourdies,
portes, passages, alliances.
Dans le pain sombre des choses
la brume de molécules sonores.
Tourbillons d'air laineux dont s'arrachent
de petites planètes de neige.

Insoupçonnés par un matin pareil nous gardons
nos mots parmi des fleurs légèrement penchées
curieuses de la terre assoiffée qui déchiffre –
Le jardinier sans même un regard déballe ses outils
mesure ses mains, son eau, son espoir
à la clarté croissante du dénudement –
pendant que le jour s'énerve dans ses éclats.
Sans fenêtres et sans dehors, le clou brille
dans le mouvoir exorbitant.
Les fonds ont fondu à nouveau.
Nous voyageons de grève en grève inguérissables.

p.172
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Videos de Lorand Gaspar (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lorand Gaspar
INTRODUCTION : « […] Dans l'eau, dans l'air, dans la changeante humeur Du temps, du temps sans heure et sans visage, J'aurai vécu à profonde saveur, Cherchant un peu de terre sous mes pieds. J'aurai vécu à profondes gorgées, Buvant le temps, buvant tout l'air du temps Et tout le vin qui coule dans le temps. » (Norge, du temps, in La belle saison.)
« […] ce poète a un regard des plus aigus, capable de fouiller tous les recoins de l'âme humaine et des choses, prêt à montrer ce qui lui est apparu le plus éminent, comme le plus ordinaire, voire ce qui rebute. […] le premier et le plus constant mouvement de Norge (1898-1990) est d'aimer ce qui existe. […] […] Norge (pseudonyme de Georges Mogin) désire accueillir - il le dit dans un propos avant-coureur - toutes les voix du coeur, tous les chemins où il s'engage tour à tour : « du doute à la foi, de la ferveur à l'imprécation, de l'obéissance à la révolte, de l'ironie à la gravité, du renoncement à l'espérance, […] du rire aux larmes… » […]
En des temps où la littérature mue par le désir de tout dire sur nos angoisses et nos haines finit quelquefois par s'enfermer dans le ressentiment, dans le culte du négatif, du désespoir et de l'autodestruction, la parole de Norge est d'un bout à l'autre non seulement une affirmation de la vie mais aussi de sa confiance en cette vigueur dont la poésie se nourrit, que tout vie incarne.
[…] » (Lorand Gaspar.)
« […]
Moi, je veux la fleur sévère, Je veux la fleur inventée. J'invente la fleur qui dure Et s'appelle éternité. » (Norge, La rose qui dure, in Les coq-à-l'âne.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Liberté 0:56 - Réveil 1:45 - Souvenir de l'enchanté 3:01 - Piétons 3:52 - Dedans 4:41 - Les croassements 5:06 - Envolée 5:43 - le lombric 11:22 - Tout cela s'est passé si vite 12:48 - Chantez, sinon je demeure… 13:57 - Les écrevisses 14:16 - Dédicace 15:37 - Sur la pointe
16:18 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Norge, Poésies 1923-1988, Paris, Gallimard, 1990.
IMAGE D'ILLUSTRATION : http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/biographie/review/1954077-norge-pas-a-pas
BANDE SONORE ORIGINALE : Kris Keypovsky - Moonlight Moonlight by Kris Keypovsky is licensed under an Attribution 4.0 International License. https://freemusicarchive.org/music/kris-keypovsky/single/moonlight/
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#Norge #Poésies1923À1988 #Poésiebelge
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