AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Leçons de bonheur (9)

Il y a tant de choses que je n'ai pas, tant de choses que je ne sais pas ; mais depuis que j'ai perdu mes vieilles certitudes et appris à me laisser plier par les règles des écoles antiques, j'ai retrouvé un plaisir perdu depuis longtemps. Celui d'apprendre, d'essayer, de retourner mes pensées comme un gant, de découvrir que je me trompais et que cette découverte me donnait l'occasion de faire un peu mieux. J'ai perdu beaucoup, y compris les choses que je croyais dominer, posséder, connaître : mais cela, au moins, me permet de continuer à chercher, demander, étudier, scruter la vie sous toutes ses coutures. Je vis en cherchant quelque choses, mais quoi, je l'ignore ; peut-être seulement le bonheur de continuer à chercher. Je pense aux mots de Socrate : une vie sans examen ne mérite pas d'être vécue.
Je marche avec Chien dans les rues du quartier, je n'ai rien à moi, je suis heureuse. J'ai peut-être un peu appris à vivre grâce aux philosophes anciens ; et c'est peut-être cela, au bout du compte, qu'il vaudrait la peine de raconter.
Commenter  J’apprécie          60
En fait, vider une bibliothèque revient à s'inventer archéologue de soi-même. A chaque nouvelle étagère qu'on dépoussière, ce sont des mois, des semaines, des années, des après-midi - des moments entiers de nos vies oubliés depuis longtemps - que l'on exhume. Lorsqu'on prend de vieux livres en main, le passé nous revient instantanément, immédiat, aussi intact qu'une relique.
Commenter  J’apprécie          52
Et si nous étions des flèches immobiles ? Si ce n’était que par accident, et non pour suivre une direction qui nous attirerait, non pour rejoindre un lieu vers lequel il conviendrait d’aller, non pour atteindre un but, un objectif, que nous nous retrouvions à viser un point quelconque ? Et s’il n’existait nulle cible, nul complément de lieu, nul centre où venir se ficher ; et s’il n’existait rien d’autre que l’immobilité suspendue des instants ?
Commenter  J’apprécie          50
On n’a qu’une vie, certes, c’est ce qu’on se répète quand on veut mettre des mots sur le vertige effrayant qui nous saisit à l’idée du temps limité dont on dispose, de ces heures trop nombreuses qu’on passe à dormir, des heures perdues, de ce temps qui semble s’évaporer dans le néant. Mais je ne suis plus sûre qu’il y ait un sens à vouloir exploiter chaque seconde de son existence.
Commenter  J’apprécie          40
"Je ne compte pas mes amis par villes, mais j'ai laissé beaucoup de villes, et de maisons, et de vies derrière moi - autant de fois que j'ai déménagé, changé de travail, pris les mauvaises décisions, échoué à me sortir de situations critiques, hésité et hésité encore sans parvenir à avancer, terrassée par l'angoisse, autant de fois que je n'ai pas réussi à formuler envers moi-même ces pardons condamnés à disparaître dans l'oubli."
Commenter  J’apprécie          30
"Je me répète le dernier vers, jusqu'à ce qu'il perde toute signification, jusqu'à ne plus pouvoir compter le nombre de fois où j'ai prononcé ces mots : Courons à l'onde en rejaillir vivant !
De toute façon, personne n'est là pour me répondre, et alors que je me perds dans l'obscurité d'un salon où nul ne sait rien de moi, j'ai l'impression de posséder à nouveau le temps, mon temps que je n'ai plus peur de gaspiller."
Commenter  J’apprécie          20
Ecrire est un métier qui offre peu en retour, réclame de grandes peines et une immense solitude. Il oblige à se confronter sans cesse à ses limites, fait naître des frustrations démesurées : ce qui semble dans l'esprit limpide et beau ne ressemble jamais, dans la réalité, à l'image si exaltante de perfection avec laquelle on s'était mis au travail. Et la déception est cuisante. Pourquoi le faire, alors ? En ce qui me concerne, j'ai commencé à écrire parce que je voulais essayer, si tant est que ce fût possible, d'accepter ce que je ne pouvais pas changer ; la vie qui me terrifie me semble plus tolérable, une fois écrite. Je voulais essayer de raconter des choses singulières, des histoires impalpables à l'image de mes stupides fantaisies, afin que d'autres puissent les lire - et peut-être qu'ainsi, elles auraient perdu les stigmates de la solitude pour devenir simplement humaines. Je voulais qu'elles apaisent la douleur, ne serait-ce qu'un peu ; qu'elles aident à chasser les soucis, qu'elles aident à se sentir moins seuls après un chagrin d'amour. Qu'elles viennent en aide au lecteur (inconnu et invisible), en lui permettant de passer quelques heures agréables, de se rappeler certaines choses et d'en oublier d'autres. Je voulais me perdre, m'annuler dans les mots, quand j'ai commencé à écrire. Je n'y suis pas parvenue ; pas une seule page, parmi les centaines qui se trouvaient dans mon ordinateur inondé, ne m'a permis d'accomplir cette mission. A ce compte-là, autant tout jeter et recommencer du début. Sans regrets, sans les subsides de l'avance sur droits. Tant pis. Parce que vivre, comme disait Diogène, n'est pas un mal : le mal, c'est de vivre mal.
Commenter  J’apprécie          10
Après trois jours passés à cuisiner comme une maniaque et à remplir le frigo de Tupperware, au milieu des plats et des moules sales, je me mets à songer avec effroi à la solitude. Le vrai problème, c'est que je ne peux partager ce festin avec personne. Mais est-ce vraiment le cas ? Jeter à la poubelle toute cette bonne chère serait un gâchis ; mais ce n'est pas une raison pour s'empiffrer. Je lis plusieurs fois de suite un passage d'Epictète : "Rappelle-toi : il faut te conduire comme dans un banquet. Le plat que l'on passe à la ronde est arrivé près de toi : tends la main, prends ta part avec mesure. Il t'échappe : ne le retiens pas. Il n'est pas encore là : ne projette pas à l'avance ton désir, mais attends qu'il arrive près de toi. Ainsi avec tes enfants, ainsi avec ta femme, ainsi avec le pouvoir, ainsi avec la richesse ; et tu seras un jour digne de boire avec les dieux. Or si tu ne prends pas de ce qui t'est offert, mais que tu le regardes avec dédain, alors tu ne seras pas seulement digne de boire avec les dieux, mais aussi de partager leur pouvoir." Bon, je n'ai pas la prétention de boire avec les dieux, mais avec mes amis, si. Je m'étais fourré dans la tête que j'étais trop triste pour imposer à quiconque ma compagnie ; mais au nom de quoi devrais-je me comporter comme une pestiférée simplement parce que j'ai vécu l'expérience - assez traumatisante, certes - d'être quittée pour une bonne amie et de devoir changer de maison toute affaire cessante ? A cette pensée, soudain, ma tristesse ne me fait plus l'effet d'une monstrueuse difformité à cacher....
.... Je dresse la table et j'invite à dîner sept amis que je n'ai pas vus depuis longtemps.
Commenter  J’apprécie          10
"[...] mon scepticisme commence pour de bon lorsque je me mets dans les conditions de ne plus pouvoir être sûre de ce que j'ai sous les yeux ; quand je peux prendre les vessies pour des lanternes parce que devant moi, surtout quand je sors à la nuit tombée, les lumières dansent entourées d'un halo phosphorescent, dans une clarté suspendue dont je ne distingue pas les contours. Une lueur diffuse se glisse d'un coup, comme un voile, entre mes yeux et le monde, et c'est cette hésitation permanente qui fait de moi une vraie sceptique."
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (67) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Philo pour tous

    Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

    Les Mystères de la patience
    Le Monde de Sophie
    Maya
    Vita brevis

    10 questions
    440 lecteurs ont répondu
    Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

    {* *}