Ce thriller atypique m'a déstabilisée par son style : une langue sèche, proche de l'oralité, beaucoup de termes argotiques et des mots d'espagnol, sans oublier une construction plus proche de la langue parlée qu'écrite, aucune négation etc. Je comprends l'idée de l'auteur, qui est de nous immerger dans la vie des deux personnages issus du ghetto de Los Angeles, je sais bien que des truands ou ex-truands n'utilisent pas l'imparfait du subjonctif ou des alexandrins, mais je n'en demande pas tant. La grande majorité des polars sont bien écrits, du moins avec une langue correcte, et cela ne leur enlève rien, bien au contraire. Les audaces stylistiques existent depuis longtemps, mais elles me rebutent, sans doute de mauvais souvenirs scolaires du Nouveau Roman. Je sais que cela peut sembler le fruit d'un esprit étroit, mais un roman avec une langue hachée et déstructurée comme celui-ci me déplait immédiatement. Je l'ai donc lu sans plaisir et ne le recommande pas, sauf aux amateurs de ces styles particuliers, et je sais qu'il n'en manque pas.
Si la forme m'a immédiatement et totalement déplu, l'histoire est assez originale, même s'il m'a fallu plusieurs chapitres pour comprendre de quoi il retournait. On suit deux personnages, Ghost, ex-drogué devenu serrurier et perceur de coffres-forts pour les agences gouvernementales, et Glasses, le porte-flingue d'un gros trafiquant de drogue, qui sert d'agent double à la DEA car on lui a bloqué ses avoirs. Nous sommes en septembre 2008, au début de la crise des subprimes, l'action se déroule sur moins de trois jours. Ghost est complètement hanté par son passé, il a été toxicomane, sa mère est une prostituée, mais surtout il a réchappé à un cancer seize ans plus tôt. Durant son hospitalisation, il a rencontré Rose, ils se sont aimés à la folie, mais elle n'a pas survécu. Elle lui a légué une cassette audio avec des morceaux de hard rock qu'il écoute en boucle depuis, et surtout la volonté de rester clean. Glasses est marié et a un bébé, il a de l'argent propre sur son compte, mais la DEA le lui a bloqué pour le forcer à travailler pour eux, il vit donc très dangereusement en espionnant son patron, un gros bonnet de la drogue. Ghost apprend que son patron, le père de Rose, est criblé de dettes à cause de la crise, il risque de tout perdre et la petite soeur de Rose ne pourra pas aller à l'université. Il décide de les sauver en volant le contenu d'un des coffres qu'il doit forcer pour le FBI, il doit faire en sorte de se faire prendre ni par les autorités, ni par les trafiquants à qui le contenu appartient. Mais son projet met en danger Glasses, dont le double jeu risque d'apparaître, aussi les deux hommes s'affrontent-ils.
L'auteur nous présente Los Angeles dans une version bien sombre, on est loin des paillettes. Les deux protagonistes sont issus de la communauté mexicaine, version défavorisée et stupéfiant. Ils sont pauvres et survivent plus qu'ils ne vivent. Des évènements personnels et familiaux vont les obliger à se remettre en question et à réfléchir au sens à donner à leur vie, ou à ce qu'il en reste. Les ravages de la crise des subprimes sont en filigrane du roman, avec l'idée que les vrais méchants ne sont pas forcément ceux qu'on croit.
Je n'ai vraiment pas adhéré à ce roman, j'attendais mieux de ce polar américain, genre que j'aime beaucoup d'habitude, mais cette fois la forme a eu raison de ma patience, je l'ai lu jusqu'au bout mais sans plaisir. Merci à Netgalley et aux Editions Fayard pour leur confiance.
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