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Critique de piccolanina


Qui veut continuer à vivre dans les boyaux sordides de la Louisiane doit s'accrocher , comme une ombre , aux pas de Joséphine .

A cent ans , elle est immunisée contre les humeurs funestes de l'être vivant et même de l'Univers .
N'a-t-elle pas pressenti , avant n'importe qui , l'arrivée d' " une sacrée chienne qui fera tinter nos os de nègres ..." P.14
A-t-elle perçu son oeil nous regarder ? Son souffle nous ébranler ?

L'ouragan se rapproche .
Il troue les bayous par la puissance infernale de ses vents .
L'eau s'écoule et avale tout sur son passage .
Les alligators , dans une danse macabre , s'avancent doucement et attrapent tout un chacun qui croise leur chemin .

Il faut croire que Joséphine chante pour apporter de l'espoir à ses frères de misère , ses frères noirs .

Même le curé perd la boule . Comment la foi peut-elle résister à tous ces dégâts , tous ces trépas .
Les politiciens ont déserté .
Ils ont abandonné tous ces nécessiteux qui , déjà depuis longtemps , ne rêvaient plus de lendemains .

Chantez , Joséphine , pour ces forçats abandonnés et sauvés de justesse de l'eau qui ne cesse de monter , grâce aux réseaux électriques qui se sont pâmés .
Chantez , Joséphine , pour que Keanu sauve Rose , sa bien-aimée .
Chantez , Joséphine , pour que les dirigeants reviennent . Ils ne semblent pas très pressés .

Ses mots sont colorés , souvent d'un rouge sang ; ils ont le goût du sel qui se mêle à la sueur , celle de la peur ; ils sont aussi nauséeux que la mort qui tourmente ses décors pernicieux .
Laurent Gaudé accapare votre esprit dès le début .
Son style vous envoûte , ne vous laisse aucun répit .
Vous faites partie de ses jeux de rôle . Vous aussi , il vous contrôle . Il vous entraîne dans ses scènes cruelles , violente et pessimistes .
Il vous retourne les entrailles .
Il est difficile de ne pas en baver avec toutes les populations qui affrontent les éléments .

Autant , je n'ai pas su supporter les descriptions des scènes de guerre , de morts , de pleurs , dans "Écoutez nos défaites " , autant je me suis sentie concernée par l'évolution , la modification , l'extinction de notre planète .
Car c'est bien de cela qu'il s'agit .
" La nature n'en peut plus de notre présence , de sentir qu'on la perce , la fouille et la salit sans cesse . Elle se tord et se contracte avec rage . " P . 53

Il est intéressant de se pencher sur un article de la RTBF : " Les méduses , gagnantes du bouleversement des océans . " ( La gélification des océans ( 24/09/2019 ) .
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