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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A l'esprit belliqueux, on a envie de déclamer les paroles de Zeus
« Je te hais plus qu'aucun des dieux vivants sur l'Olympe
Car tu ne rêves que discordes, guerres et combats ».

Vers adressés à Arès, dieu de la guerre, de la brutalité, de la destruction, sa soif de batailles, de vengeances, en fait un dieu des larmes… L'histoire et même la mythologie ne sont que réalité.

Pourtant, il y a des guerres plus ou moins médiatisées, des guerres parfois pratiquement occultées, comme si l'horreur devait être graduée sur une échelle du ressenti… ou de l'audience… Heureusement, il existe des personnes intrépides qui veulent absolument rendre compte de la réalité, ce sont ces courageux journalistes « tout terrain » qui, parfois, au péril de leur vie, relatent, interrogent et apportent les témoignages des populations que l'on veut étouffer dans le silence.

La jeune journaliste Laura-Maï Gaveriaux fait partie de cette race des seigneurs. Diplômée de philosophie, enseignante, elle décide un jour d'abandonner le professorat et de partir sur les zones de conflit pour relater ce que personne ne veut voir, elle veut ouvrir des fenêtres sur les murs des portes fermées.
Elle part seule avec pour bagage quelques affaires indispensables (dont des livres) et une sacrée dose de courage, mais ne cesse de répéter dans son ouvrage, qu'être une femme est un atout dans les situations périlleuses…

Le livre est consacré à la Turquie, à ses dérives totalitaires, à son putsch de juillet 2016, et surtout, à cette guerre oubliée dans cette partie du Kurdistan où pourtant chaque jour des gens sont massacrés ou torturés parce qu'appartenant à une minorité. Les paragraphes consacrés à la descente eux enfers dans les villes de Cizre et Silopi sont effrayants. Un long reportage a d'ailleurs été écrit par la journaliste pour Le Monde Diplomatique et il est à retrouver ici. Ces cités d'Anatolie qui sont des nouvelles Tolède, des nouvelles guerres d'Espagne, fratricides, idéologiques…

A côté des chapitres consacrés à ses pérégrinations journalistiques, Laura-Maï Gaveriaux se raconte un peu, brièvement, mais ce qui permet d'en savoir plus sur ces débuts dans la profession, sur sa conception de l'information, sur ses techniques pour éviter la peur, la panique. le tout avec une plume vive, directe, concrète, sans états d'âme, seul le souci de diffuser ce qu'elle voit la préoccupe. Tout en prenant un peu de bon temps (et nous aussi à la lire) à Istanbul, entre un verre de vin et des sonorités jazzy. J'y retrouve beaucoup de « Rapporteur de guerre » de Patrick Chauvel.
De nombreux références et explications permettent de mieux comprendre encore les dessous des imbroglios bellicistes et de replonger dans des faits que l'on pourrait délaisser, comme les guerres du Liban (1975 – 1990) ou le carnage du gazage de Halabja.

Un témoignage remarquable de cette jeune femme qui veut montrer l'ineptie de ces « guerres multinationales » et qui brave les dangers en solitaire mais comme le dit un proverbe kurde « la solitude est le nid des pensées ».
Une existence choisie parce que « la liberté est un vertige et qu'il faut savoir aimer son vertige ».
Lien : http://squirelito.blogspot.f..
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Henri Gibier - Les Echos Week-End
Elle avait commencé sa vie professionnelle comme prof de philo mais sa fascination pour le grand reportage l'a emporté, la menant sur le terrain, en Tunisie, au Liban, au Kurdistan... dans cette zone, sismique sur le plan politique, qui semble ne jamais devoir connaître la paix. Collaboratrice des Echos Week-End, Laura-Maï Gaveriaux publie le journal qu'elle a rédigé en témoignant pour d'autres journaux au cours de ses deux années de séjours et de reportages en Turquie, entre l'automne 2014 et l'été 2016. Un précieux éclairage jeté de l'intérieur, et forcément subjectif, sur cette puissance régionale mystérieuse où se conjuguent les signes parfois les plus ostentatoires du modernisme et un retour en force d'un islam conservateur sous l'égide de l'autoritaire Erdogan. « Simple député dans les années 2000, il pratiquait déjà cette stratégie du 'tour de passe-passe'» pour s'implanter dans les foyers et les consciences turques, analyse l'auteure. N'attaquant jamais directement le legs du kémalisme, il en a repris l'imaginaire, mais pour le remplir de ses propres concepts. »

CHRONIQUE D'UNE RÉPRESSION IMPLACABLE
Elle raconte les prétendues « opérations antiterroristes » dans les villes kurdes, critique le positionnement étrange d'une certaine gauche française - incarnée aujourd'hui par les partisans de Mélenchon - dans cette région, dresse le portrait de quelques-uns de ses interlocuteurs de rencontre : Gafur, hôte des visiteurs de passage dans une ville en guerre grâce à l'appli Couchsurfing.com ; Alessandro, le reporter photographe italien inconscient des risques qu'il fait courir à ses accompagnateurs ; Fidan et d'autres, responsables d'associations qui tentent de secourir les plus démunis dans ces zones de conflits, ou encore Férid, un vétéran de la guérilla entre kurdes et soldatesque turque, dont la moitié du visage a été arrachée par un éclat d'obus. « La guerre contre le PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan, NDLR] n'est qu'un révélateur de la grande faiblesse du pouvoir, écrit Laura-Maï Gaveriaux, incapable de limiter la prise électorale de l'opposition autrement que par la stratégie de la terre brûlée. » Un des chapitres les plus réussis de cette chronique d'une répression implacable et honteuse est celui consacré à la guerre des femmes kurdes, lesquelles se heurtent à une « violence paroxystique, partie émergente d'une misogynie qui gangrène la société turque ».
Ce livre-reportage se conclut au moment du putsch anti-Erdogan à l'été 2016, prélude à un renforcement spectaculaire de l'emprise du président turc sur son pays, mais aux effets paradoxaux (« Moins il a d'alliés, plus il doit renforcer et isoler son pouvoir, plus il se fait d'ennemis »). La journaliste vit ces événements à Istanbul, elle nous fait partager l'étrange atmosphère de cette splendide ville qui se retrouve soudain en état de siège tandis que les restaurants attrape-touristes continuent de tourner à plein régime. L'originalité de ce livre repose dans son instabilité permanente, née de la cohabitation des misères de la guerre avec les interrogations existentielles d'une jeune femme occidentale à la recherche de sa vocation. En même temps qu'il dévoile l'envers du décor d'un basculement historique en train de se produire en Turquie.
Lien : https://www.lesechos.fr/week..
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Merci pour cet éveil de ma conscience aux souffrances du peuple kurde. L'auteur nous dépeint avec talent et vivacité son métier de reporter de guerre. On est plongé au coeur d'une tragédie tue au grand public.
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