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Je lis peu de livres de ce genre. Celui-ci m'a été envoyé par l'auteur et je me suis lancé dans cette lecture par curiosité.

Laura-Maï Gaveriaux nous fait partager son expérience et raconte dans cet ouvrage la manière dont elle a radicalement changé d'existence de professeur de philosophie pour devenir reporter de guerre.

La force de ce livre, c'est la manière dont on entre dans la tête de Laura-Maï.
Son parcours, sa manière de penser, de réagir, de voir le monde.

Elle mêle une écriture journalistique stricte et documentée à un véritable journal de vie.

Un livre choc. Une lecture forte. Une nana que l'on se surprend à trouver hors du commun d'oser aller là où ça fait mal. D'oser réfléchir sur le monde essayant toujours de garder son intégrité journalistique même si c'est forcément difficile.

On suit la femme Et le reporter.

Etant, à ma plus grande honte, peu porté sur l'actualité, j'ai découvert des pans entiers de l'histoire du monde dans lequel je vis. le conflit en Turquie est expliqué de manière claire et précise, dans tous ses tenants et aboutissants.

Je referme donc ce livre avec une bonne impression même si le sujet souvent politique lié aux conflits m'a parfois un peu perdu. Mais cela n'est pas à reprocher à l'auteur mais plutôt à mes goûts littéraires qui ne me portent pas forcément vers le docu littéraire, la géopolitique finissant vite par me lasser.
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A l'esprit belliqueux, on a envie de déclamer les paroles de Zeus
« Je te hais plus qu'aucun des dieux vivants sur l'Olympe
Car tu ne rêves que discordes, guerres et combats ».

Vers adressés à Arès, dieu de la guerre, de la brutalité, de la destruction, sa soif de batailles, de vengeances, en fait un dieu des larmes… L'histoire et même la mythologie ne sont que réalité.

Pourtant, il y a des guerres plus ou moins médiatisées, des guerres parfois pratiquement occultées, comme si l'horreur devait être graduée sur une échelle du ressenti… ou de l'audience… Heureusement, il existe des personnes intrépides qui veulent absolument rendre compte de la réalité, ce sont ces courageux journalistes « tout terrain » qui, parfois, au péril de leur vie, relatent, interrogent et apportent les témoignages des populations que l'on veut étouffer dans le silence.

La jeune journaliste Laura-Maï Gaveriaux fait partie de cette race des seigneurs. Diplômée de philosophie, enseignante, elle décide un jour d'abandonner le professorat et de partir sur les zones de conflit pour relater ce que personne ne veut voir, elle veut ouvrir des fenêtres sur les murs des portes fermées.
Elle part seule avec pour bagage quelques affaires indispensables (dont des livres) et une sacrée dose de courage, mais ne cesse de répéter dans son ouvrage, qu'être une femme est un atout dans les situations périlleuses…

Le livre est consacré à la Turquie, à ses dérives totalitaires, à son putsch de juillet 2016, et surtout, à cette guerre oubliée dans cette partie du Kurdistan où pourtant chaque jour des gens sont massacrés ou torturés parce qu'appartenant à une minorité. Les paragraphes consacrés à la descente eux enfers dans les villes de Cizre et Silopi sont effrayants. Un long reportage a d'ailleurs été écrit par la journaliste pour Le Monde Diplomatique et il est à retrouver ici. Ces cités d'Anatolie qui sont des nouvelles Tolède, des nouvelles guerres d'Espagne, fratricides, idéologiques…

A côté des chapitres consacrés à ses pérégrinations journalistiques, Laura-Maï Gaveriaux se raconte un peu, brièvement, mais ce qui permet d'en savoir plus sur ces débuts dans la profession, sur sa conception de l'information, sur ses techniques pour éviter la peur, la panique. le tout avec une plume vive, directe, concrète, sans états d'âme, seul le souci de diffuser ce qu'elle voit la préoccupe. Tout en prenant un peu de bon temps (et nous aussi à la lire) à Istanbul, entre un verre de vin et des sonorités jazzy. J'y retrouve beaucoup de « Rapporteur de guerre » de Patrick Chauvel.
De nombreux références et explications permettent de mieux comprendre encore les dessous des imbroglios bellicistes et de replonger dans des faits que l'on pourrait délaisser, comme les guerres du Liban (1975 – 1990) ou le carnage du gazage de Halabja.

Un témoignage remarquable de cette jeune femme qui veut montrer l'ineptie de ces « guerres multinationales » et qui brave les dangers en solitaire mais comme le dit un proverbe kurde « la solitude est le nid des pensées ».
Une existence choisie parce que « la liberté est un vertige et qu'il faut savoir aimer son vertige ».
Lien : http://squirelito.blogspot.f..
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Laura-Maï a mis fin à une carrière trop étriquée de professeur de philosophie pour devenir reporter de guerre et se mettre au service de l'information : "Sales Guerres" est le récit de deux ans (entre 2014 et 2016) de séjours et de reportages en Turquie, pays alors en plein basculement.
Armée d'un carnet, d'un stylo et de... Twitter (du moins lorsque les réseaux sociaux ne sont pas sous embargo), elle sillonne le pays comme si elle déroulait un fil, avec pour but de comprendre et d'informer. Elle témoigne ainsi de la misère du monde, des horreurs de la guerre malgré toutes les embûches, le fait d'être femme (parfois un avantage) et d'avancer seule (indispensable pour raisons d'efficacité et de sécurité) lui permettant de s'immerger au sein du quotidien des habitants ou au coeur même des épreuves. Pour autant, elle garde cette capacité à s'émerveiller devant un paysage ou à prendre du plaisir en buvant du vin dans une boîte à jazz, et n'oublie jamais de poser un nom sur les personnes, multiples, croisées jour après jour, qui l'ont aidée, accompagnée et ont témoigné pour elle.
Avec un franc parler qui l'honore, Laura-Maï nous raconte le vertige de la liberté, de se sentir au coeur de l'évènement même si c'est souvent au péril de sa vie, la manière dont elle arrive à ne pas perdre pied même confrontée à l'horreur pure et cela même si elle n'est pas épargnée par la peur (car paniquer c'est mourir), à garder la distance indispensable pour être utile.
C'est l'histoire étonnante et marquante d'une jeune femme en quête d'elle-même qui ne s'accomplit que lorsqu'elle est en mouvement sur le terrain et qui, une fois rentrée ne songe qu'à repartir. L'un de ces rares esprits libres qui surprend, fascine et force l'admiration.
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Henri Gibier - Les Echos Week-End
Elle avait commencé sa vie professionnelle comme prof de philo mais sa fascination pour le grand reportage l'a emporté, la menant sur le terrain, en Tunisie, au Liban, au Kurdistan... dans cette zone, sismique sur le plan politique, qui semble ne jamais devoir connaître la paix. Collaboratrice des Echos Week-End, Laura-Maï Gaveriaux publie le journal qu'elle a rédigé en témoignant pour d'autres journaux au cours de ses deux années de séjours et de reportages en Turquie, entre l'automne 2014 et l'été 2016. Un précieux éclairage jeté de l'intérieur, et forcément subjectif, sur cette puissance régionale mystérieuse où se conjuguent les signes parfois les plus ostentatoires du modernisme et un retour en force d'un islam conservateur sous l'égide de l'autoritaire Erdogan. « Simple député dans les années 2000, il pratiquait déjà cette stratégie du 'tour de passe-passe'» pour s'implanter dans les foyers et les consciences turques, analyse l'auteure. N'attaquant jamais directement le legs du kémalisme, il en a repris l'imaginaire, mais pour le remplir de ses propres concepts. »

CHRONIQUE D'UNE RÉPRESSION IMPLACABLE
Elle raconte les prétendues « opérations antiterroristes » dans les villes kurdes, critique le positionnement étrange d'une certaine gauche française - incarnée aujourd'hui par les partisans de Mélenchon - dans cette région, dresse le portrait de quelques-uns de ses interlocuteurs de rencontre : Gafur, hôte des visiteurs de passage dans une ville en guerre grâce à l'appli Couchsurfing.com ; Alessandro, le reporter photographe italien inconscient des risques qu'il fait courir à ses accompagnateurs ; Fidan et d'autres, responsables d'associations qui tentent de secourir les plus démunis dans ces zones de conflits, ou encore Férid, un vétéran de la guérilla entre kurdes et soldatesque turque, dont la moitié du visage a été arrachée par un éclat d'obus. « La guerre contre le PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan, NDLR] n'est qu'un révélateur de la grande faiblesse du pouvoir, écrit Laura-Maï Gaveriaux, incapable de limiter la prise électorale de l'opposition autrement que par la stratégie de la terre brûlée. » Un des chapitres les plus réussis de cette chronique d'une répression implacable et honteuse est celui consacré à la guerre des femmes kurdes, lesquelles se heurtent à une « violence paroxystique, partie émergente d'une misogynie qui gangrène la société turque ».
Ce livre-reportage se conclut au moment du putsch anti-Erdogan à l'été 2016, prélude à un renforcement spectaculaire de l'emprise du président turc sur son pays, mais aux effets paradoxaux (« Moins il a d'alliés, plus il doit renforcer et isoler son pouvoir, plus il se fait d'ennemis »). La journaliste vit ces événements à Istanbul, elle nous fait partager l'étrange atmosphère de cette splendide ville qui se retrouve soudain en état de siège tandis que les restaurants attrape-touristes continuent de tourner à plein régime. L'originalité de ce livre repose dans son instabilité permanente, née de la cohabitation des misères de la guerre avec les interrogations existentielles d'une jeune femme occidentale à la recherche de sa vocation. En même temps qu'il dévoile l'envers du décor d'un basculement historique en train de se produire en Turquie.
Lien : https://www.lesechos.fr/week..
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Merci pour cet éveil de ma conscience aux souffrances du peuple kurde. L'auteur nous dépeint avec talent et vivacité son métier de reporter de guerre. On est plongé au coeur d'une tragédie tue au grand public.
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Pour un premier livre, c'est bluffant et captivant.
Laura nous emmène dans différents univers et on aime s'y perdre.
Que ce soit dans son univers personnel ou sur un théâtre d'opérations, on peut tout ressentir, on vit tout, comme si on y était. Ses doutes, ses craintes et ses peurs mais aussi sa témérité, son courage et surtout, son oeil avertit sur les situations dont elle est témoin.
Ses analyses et témoignages sur le conflit qui se joue en Turquie avec la population kurde, nous éclairent sur cette situation peu médiatisée.
La musique, et surtout le jazz, a une place très importante dans sa vie et ou qu'elle se trouve. En parlant d'un moment musical lors d'une de ses visites au Kurdistan, au moment du Newroz, elle a écrit cette phrase que j'adore " les musiques des peuples bâtards aux traditions réfractaires, ont en commun l'expression de l'urgence et des joies volées".
Bref un livre que je recommande et surtout à dévorer



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