Citations sur On a tous un ami noir (24)
La frontière est utlisée comme le marqueur de notre identité collective : si nous sommes à l'intérieur, derrière les murs et les clôtures, c'est que nous sommes du bon côté.
La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde. » On a beaucoup glosé sur la petite phrase de Michel Rocard, prononcée pour la première fois en 1989 et répétée plusieurs fois par la suite. Aucune parole, sans doute, n’aura autant structuré le débat sur les migrations en France que celle-là. Elle est particulièrement pratique, puisqu’elle est absolument creuse : elle convient d’abord à ceux qui veulent limiter l’immigration, tout heureux de trouver une figure historique de la gauche pour valider leurs propositions. Et elle convient aussi à ceux qui voudraient accueillir davantage, puisqu’ils affirment alors, généralement de bonne foi, que la citation est apocryphe. Rocard, clament-ils, avait ajouté : « … mais elle doit en prendre sa juste part » – sans préciser ce que cette part devrait être.
Les chiffres de l’immigration sont remarquablement stables, que le gouvernement soit de gauche, de droite ou soi-disant ni de gauche, ni de droite. Tous les gouvernements ont fait voter une ou plusieurs lois sur l’immigration ; aucune n’a véritablement modifié les chiffres.
les migrants sont devenus les principaux investisseurs dans leur propre pays, et des acteurs essentiels de leur développement. Une très grande majorité des migrants envoient de l’argent à leurs proches, souvent en petites transactions. Bien qu’elles baissent régulièrement, les commissions prélevées par les agences qui permettent ces transactions, comme Western Union ou Moneygram, restent considérables : environ 8 % du total. C’est l’Inde qui reçoit le plus de transferts (79 milliards de dollars en 2018), suivie de la Chine (67 milliards), du Mexique (36 milliards) et des Philippines (34 milliards)11. Dans le budget national de ces pays, les remises d’épargne constituent généralement une part assez marginale. Pour les familles qui les reçoivent, en revanche, ces envois réguliers d’argent représentent souvent l’aboutissement du projet migratoire, et parfois leur seul lien avec celui qui est parti.
En 2020, le vainqueur du concours de la meilleure baguette de Paris s’appelait Taieb Sahal. Fabrice Leroy a gagné en 2019. En 2018, c’était Mahmoud M’seddi. En 2017, Sami Bouattour. Mais, malgré cela, beaucoup restent convaincus que les immigrés ne pourront jamais véritablement s’approprier l’héritage culturel de la France.
En 2015, au plus fort de la « crise des réfugiés », les Pays-Bas ont accepté 80 % des demandes d’asile qui leur étaient soumises. La Suède, 72 %. L’Allemagne, 57 %. La Belgique, 54 %. Mais la Hongrie n’en a accepté que 15 %, et la Pologne 18 %. Le Royaume-Uni, 37 %. Et la France ? 26 %. En 2019, ce taux avait même légèrement baissé, à 24 %7
On s'’inquiète de savoir s’ils vont venir chez nous, mais pour le moment les migrants vont plutôt ailleurs. Comparativement, la France accueille moins d’immigrés que ses voisins européens : en 2017, c’est l’Allemagne qui a accueilli le plus d’immigrés non Européens, avec 391 000 entrées, suivie du Royaume-Uni (320 000), de l’Espagne (314 000) et de l’Italie (240 000). La France, avec 167 500 entrées, n’arrivait qu’en cinquième position. L’Allemagne accueille donc plus du double d’immigrés que la France
Et l’Afrique est, de loin, le continent qui migre le moins : en 2015, seuls 2,8 % de la population d’Afrique subsaharienne, soit 29 millions de personnes, avaient migré4. Par comparaison, l’Europe occidentale migre deux fois plus, avec un taux d’émigration de 5,7 %. C’est l’étudiant qui part faire des études à l’étranger, des amoureux de nationalités différentes qui décident d’habiter ensemble, ou le cadre envoyé à l’étranger par son entreprise… Et comme les Africains, les Européens migrent surtout à l’intérieur de leur continent : 42 % des migrations des Européens sont intra-continentales. Il n’y a qu’en Amérique latine que les migrations vers l’Amérique du Nord dépassent les migrations intra-continentales.
En France même, deux conceptions de la laïcité s’affrontent souvent. L’une, légaliste, et défendue notamment par l’Observatoire de la laïcité3, insiste avant tout sur la laïcité comme une liberté de conscience, de croire ou de ne pas croire, qui garantit l’égalité de chacun devant la loi, quelles que soient ses convictions. Mais une autre conception de la laïcité, parfois nommée « laïcité de combat », s’inquiète de la montée de courants islamistes et fondamentalistes, et s’attaque dès lors à toute présence de signes religieux dans l’espace public. En France, cette conception est portée en particulier par le Printemps républicain, un groupe de proches de Manuel Valls. Le problème, c’est que cette « laïcité de combat » ressemble parfois beaucoup à un combat contre l’islam et les musulmans, dont la présence est sans doute plus visible dans l’espace public que d’autres religions. On peut avoir l’impression que, sous des dehors de défense de la laïcité, c’est avant tout aux musulmans que l’on s’en prend, comme si la laïcité servait avant tout de prétexte et s’appliquait selon une géométrie variable.
Les démentis réguliers des responsables, qui affirment régulièrement que « la police n’est pas raciste », ne résistent malheureusement pas à l’épreuve des faits. La révélation par la presse de plusieurs groupes WhatsApp ou Facebook rassemblant plusieurs milliers de policiers et dans lesquels s’échangeaient quotidiennement des blagues et insultes à caractère raciste, comme les études électorales qui montrent régulièrement que plus de la moitié des policiers sont des électeurs du Rassemblement national, montrent à suffisance l’ampleur du problème, et de l’aveuglement de ses responsables.