Citations sur Le Lion de Macédoine, tome 4 : L'Esprit du chaos (11)
Chaque armée contient un esprit de corps, invisible, et qui passe aisément de la lâcheté à l’héroïsme, ou de la sauvagerie à la discipline, avait coutume de dire l’Athénien*. Les bons généraux le savent. Ils connaissent la nature de cet esprit, qui prend et donne à la fois. C’est lui qui génère la panique, lui encore qui permet d’aspirer à la grandeur. Certains parviennent à en tirer le meilleur, d’autres l’invoquent avec passion. Mais ceux qui l’ignorent échouent immanquablement.
*Xénophon
Ce champ de bataille n'était pas de ceux où le strategos pouvait faire l'un de ces miracles dont il était coutumier. Celui-ci ressemblait davantage à la toile qu'une araignée venimeuse tissait sur la capitale et le royaume, corrompant tout ce qu'elle touchait. Mais qui jouait le rôle du prédateur ?
Le spectacle s’acheva enfin et Philippe fut le premier à les acclamer. Plusieurs compagnons d’Alexandre applaudirent, à la grande contrariété du monarque. Cette coutume devenait de plus en plus populaire, même si, des siècles durant, on l’avait considérée comme une insulte. À l’origine, au théâtre, le public applaudissait pour ne plus entendre les mauvais acteurs et les forcer à quitter la scène. Les Athéniens avaient été les premiers à reprendre ce geste pour signifier leur satisfaction au terme du spectacle.
Le monde semble meilleur vu des mers. J'ai l'impression que le royaume de Poséidon nous rend humbles. Il est si vaste et puissant que nos plus grandes ambitions ne peuvent qu'être ridicules à côté. Il nous montre nos limites.
Il y avait bien longtemps, Sparte était protégée par une imposante muraille, mais Lycurgos, qui avait établi le code du soldat, avait coutume de dire qu'un mur de boucliers était toujours plus fort qu'un mur de pierres, aussi les défenses artificielles de la cité avaient-elles été abattues. L'armée de Sparte était si puissante que nul ennemi ne s'en était jamais pris directement à la cité.
Quelques hommes laissèrent échapper un rire nerveux et la tension qui pesait sur les rangs sembla s'envoler d'un seul coup. Parménion gloussa. D'une seule phrase, Casque venait d'exprimer la condition commune à tous les combattants avant l'affrontement : la gorge sèche et une vessie difficilement contrôlable.
-Juger un homme par sa lignée est pure stupidité, trancha Parménion. J'ai vu des fils de lâches faire preuve d'une grande bravoure et des fils de voleurs à qui l'on aurait pu confier la trésorerie d'une nation entière. On n'a pas la traîtrise dans le sang, Cléandre; on l'a dans l'âme.
L'heure de vérité était enfin arrivée; tous le savaient, du roi jusqu'au plus humble paysan enrôlé dans l'infanterie. Seuls les généraux et leurs officiers raisonnaient en termes de victoires ou de défaites. Les autres pensaient à la mort et aux blessures.
Ils avaient de nombreux noms mais Aïda les appelaient Murmures.les Perses d' antan les vénéraient au rang de démons mineurs, ou dévas, tandis qu'Akkadiens ou Atlantes voyaient en eux l'âme de ceux qui étaient morts après avoir commis des actes maléfiques.Même les Grecs les connaissaient , sous une forme corrompue, ils les nommaient Harpies.
"Est-il capable de sculpter une rose ou un nuage ? De calmer une mer en furie ? Non. Nous vivons une poignée d'années durant, en nous agitant ici et là, puis nous disparaissons. Mais la mer reste, forte, belle et éternelle.
- Tous les marins sont-ils philosophes ?"
Le capitaine partit d'un grand rire.
" Quand la mer nous entoure, oui. Mais sur terre, nous courons les filles comme des chiens en rut et nous buvons jusqu'à pisser du vin."