Certains de ces hommes [les Aléoutes] se soulevèrent contre cette déportation violente et autoritaire, mais les mercenaires russes furent sans pitié. La rébellion fut matée et les châtiments redoublèrent de cruauté et de violence.
Vingt-sept ans après la première description de Steller, les vaches de mer avaient totalement disparu des îles du Commandeur.
En 1755, une expédition ramena péniblement une vingtaine de peaux et en 1756, 14 ans après l'arrivée du premier commando, on peinait à trouver la trace d'une loutre sur l'ile Béring.
La succession d'approximations handicapait donc lourdement l'expédition, mais la situation des hommes du St Pierre avait au moins le mérite d'être très claire en ces derniers jours d'octobre. La plupart d'entre eux souffrait du scorbut, ils n'auraient bientôt plus une seule goutte d'eau à boire et ils étaient totalement perdus ....
Avec l'arrivée massive des colons russes quelques décennies plus tard, les formidable liens qu'ils [les Aléoutes] avaient patiemment tissés avec la nature s'étiolaient comme peau de chagrin, amorçant le déclin d'une culture plusieurs fois millénaire.
Il est difficile d'imagier aujourd'hui l'ampleur de la tâche qui attendait ces hommes et il fallait une bonne dose d'inconscience et un mental d'acier pour partir de longues années vers des contrées sauvages et totalement inconnues, bravant les éléments sans avoir idée du moment de retour.