D’ailleurs campagne est un abus de langage. Il s’agit de champs plats, vides – terre, boue creusées de canaux pourris –, offrant par-ci par-là un arbre isolé, un entrepôt désaffecté, une prostituée assise à même le sol, rutilante de paillettes dans un paysage lugubre. Toi-même tu peines à croire qu’un endroit aussi glauque, aussi anonyme puisse exister dans l’univers. Alors le mensonge s’impose.
Mais si on veut jouer au plus nul, avec ce qui va m’arriver dans pas longtemps, je remporte la palme.
Il a inventé des tonnes de trucs, écrit un jour que la Terre tournait autour du Soleil, mais quand il a vu le pape bien décidé à le brûler, il s’est récrié illico presto Désolé, il y a erreur, je vais revoir ma copie.
Galilée a tout faux, mais pas pour cette raison. Il a tout faux, parce qu’il a déclaré que la nature est un livre ouvert devant nous, écrit dans le langage des mathématiques. Bref, à l’en croire, le monde, la vie, les humains, les arbres, les coquillages, les étoiles, les hippocampes, les feux tricolores, les méduses, tout s’explique par les nombres, les figures géométriques. Connerie monumentale.