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Critique de paroles


Elle, la pleurante, personnage fantomatique, est là pour convoquer la mémoire. Celles des hommes, femmes et enfants qui ont souffert. Celles des petites gens que le vent de l'Histoire n'a pas retenues et qui pourtant jonchent les rues de Prague.
Une ville décrite avec minutie par l'auteure, une ville dans laquelle on déambule dans les différents quartiers, on écoute le tintinnabulant tramway, on respire l'odeur de lignite... une ville qui respire et exhale ses sombres souvenirs.

Une ville symbole de la tragédie du XXe siècle dans laquelle l'Histoire s'est gravée. « C'est que, sous ses grands airs, l 'Histoire pue. Il conviendrait de le sentir, et il importe de le dire, pour que l'on sache à quel point la douleur des victimes fait vraiment mal et que l'on n'oublie pas qu'une larme pèse un poids gigantesque.»

Mais la Pleurante, par le truchement de ses douze apparitions(qui sont autant de chapitres) se penche aussi sur cet écrivain près de mourir de froid, sur ce père disparu, sur ces enfants partis au loin, sur ces amants qui n'en sont plus...
« Là où passe la géant, la terre s'exhausse de l'oubli où nous la tenons, les choses s'arrachent à l'indifférence où nous les reléguons, la matière se montre, grenue, rugueuse, massive, poreuse, pétrie de temps, et tout prend une odeur, un goût, une présence. »

Passeur de mémoire, passeur de mots. La pleurante comme l'auteure font oeuvre commune pour laisser une trace.

Chaque page infuse sa dose de poésie. C'est beau, fort, lyrique. On sort de cette lecture enchanté(e), groggy, ivre de tant de beauté et de tant de tristesse aussi.
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