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Critique de Patsales


Une célèbre écrivaine revient dans le village de son enfance avec une équipe de télévision chargée d'explorer les lieux qui n'ont cessé de hanter les livres de l'auteure. On apprend très vite que l'enfant du pays est persona non grata dans cette contrée reculée -pour ne pas dire arriérée- où la population semble n'avoir appris à lire que pour se reconnaître dans chacun des livres de l'écrivaine, chaque habitant s'y retrouvant saisi dans sa bêtise crasse et sous son propre nom.
On s'attend donc à ce que le village se venge de l'imprudente avant de comprendre que les villageois sont surtout coupables d'avoir couvert, voire suscité par leur hypocrite bigoterie, un crime d'honneur.
Quelques pages et rebondissements plus tard, la littérature émancipatrice a triomphé de la tradition mortifère. On ne va pas s'en plaindre.
Ce que je préfère dans ce roman qui tient plutôt de la novella, c'est sans doute son titre : le village abrite en son sein le tombeau de Khalil Gibran et sa présence en ce lieu symbolise tout autant la défaite de la littérature qui n'émancipe et ne convainc que les déjà convaincus. Et sa brièveté aussi m'a plu, qui va à l'essentiel en empruntant les codes de la tragédie : unité de lieu, de temps et d'action.
En revanche, je n'ai pas réussi à me défendre de l'idée que cette histoire, je la connaissais déjà par coeur. le village coupable dont on se venge: La visite de la vieille dame de Durrenmatt. le crime d'honneur perpétré par le fornicateur lui-même : comment ne pas penser à Mustang? le retour à la ligne après chaque phrase comme marqueur poétique : Foenkinos. Et la vengeance implacable permise par la littérature ? Ah, mon Dieu, c'est bien simple, j'ai pensé à l'Os de Dionysos de l'inénarrable Laborde… Prof dans une boîte à bac, il avait dit pis que pendre de son employeur dans un roman à clé en pensant que la littérature était un crime parfait… avant de se faire virer avec pertes et fracas.
Bilan: c'est sympa mais vain (Si quelqu'un a compris pourquoi le coupable se sent enfin coupable du seul fait du retour de son accusatrice, qu'il m'explique).
Alors une formulation sibylline en 4° de couverture (« Réalité et fiction se mêlent ») et une dédicace lourde de sens semblent suggérer que Yasmine Ghata a des raisons personnelles de nous raconter cette histoire. C'est possible, je n'en sais rien, mais pour la lectrice que je suis cette hypothèse ne rend pas le livre plus nécessaire.
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