Fourier, précurseur de la coopération

... dans la classe ouvrière c’est un des plus tristes conditions de la vie que la nécessité où se trouve l’homme de ne pouvoir posséder une pièce pour se recueillir et s’isoler, et d’être obligé de vivre à toute heure pêle-mêle avec la femme et les enfants. C’est pourquoi il va au cabaret.

... l’idéal de l’homme ce n’est pas la ruche, c’est le nid !

Le second mode d’industrialiser le service domestique c’est, sans même recourir à des fournisseurs du dehors, d’employer ces innombrables et ingénieux appareils qui exécutent presque automatiquement tous les services, blanchissage, éclairage, chauffage, préparation des aliments, chauffage des bains, lavage de la vaisselle.

Supprimer le service domestique est donc une solution trop simpliste ; mieux vaut chercher les moyens de l’améliorer.

Disons même, ce qui est beaucoup plus grave, que si les jeunes ménages doivent renoncer à avoir des domestiques, ils trouveront là un puissant motif à ajouter à bien d’autres, pour ne point avoir d’enfants !

Je connais personnellement des professeurs dans l’enseignement supérieur qui, depuis la guerre, n’ont pas de domestiques ; c’est le mari qui va faire le marché le matin, c’est la femme ou la jeune fille qui fait la cuisine et, néanmoins, ils ne craignent pas de recevoir des amis à leur table. Mais néanmoins, le professeur pourrait mieux employer son temps, dans l’intérêt social, que d’aller passer tous les matins une heure ou deux au marché.

… en 1881, il n’y a que 40 ans, il y avait en France 1 156 000 domestiques, un peu plus d’un million par conséquent, sur lesquels 344 000 hommes et 812 000 femmes ; cela représente un peu plus de 3% de la population (3,1%). En 1911, à la veille de la guerre, le nombre des domestiques était tombé à 714 000, c’est-à-dire moins de 2% (1,8%) de la population [soit 77 000 hommes et 637 000 femmes – contre, en 1911, 4,6% en Angleterre].

À quoi reconnaît-on un « bourgeois », mot d’origine française qui a fait le tour du monde jusque dans la Russie bolchéviste ? Ce n’est pas au vêtement […] Ce n’est pas à l’instruction […] Mais le critérium c’est que la famille bourgeoise […] a au moins une domestique ; quand il n’y en a pas et que c’est la femme qui fait le ménage, alors c’est la famille ouvrière. Aussi dès que le ménage ouvrier arrive à une certaine aisance, aussitôt la femme demande à son mari de lui payer une domestique.

Cette esquisse du phalanstère suffit pour éviter l’erreur si répandue de croire que Fourier était un communiste ! Si vous voulez vous faire une idée , sinon exacte du moins la plus rapprochée, de ce qu’aurait été le phalanstère, s’il avait été réalisé suivant les vues de Fourier, il suffit d’aller passer quelques jours dans un de ces Palaces Hôtels, tels qu’on en trouve dans toutes les grandes stations de touristes, immenses établissements avec des centaines de chambres et même des appartements à divers prix, avec petites tables dans de vastes salles à manger, mais avec la faculté de se faire servir dans son appartement – et nul autre communisme que l’installation de certains services communs, tels que salles de lectures, de concert, de théâtre, de jeux, et, au dehors, tennis ou golf.

Sur la carte figureront 30 à 40 plats renouvelés chaque jour, entre lesquels chacun pourra choisir selon ses goûts – comme c’est d’ailleurs le cas, à une moindre échelle, dans tous les restaurants et mêmes dans les « bouillons ».