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Critique de ValentinMo


Le grand public connaît surtout Franz-Olivier Giesbert – dit FOG – en sa qualité d'éditorialiste politique ou encore comme pensionnaire des « Grosses Têtes » sur RTL, mais il est important de rappeler qu'il excelle surtout en tant qu'écrivain. Avec « L'arracheuse de dents », il dresse le portrait d'une femme qui n'a pas froid aux yeux et qui nous transporte dans des époques mouvementées de l'Histoire, que ce soit la Révolution Française ou les guerres indiennes. Et surtout, on fait la connaissance de Louis XVI, Marie-Antoinette, Robespierre, Washington ou encore Napoléon à travers leurs mâchoires et leurs maux de dents en général.

Entre les lattes du plancher de la maison dont il a hérité à Nantucket, aux Etats-Unis, un Français découvre les mémoires d'une aïeule. Après avoir déchiffré et mis au propre le manuscrit, il nous livre l'ébouriffant récit des aventures de Lucile Bradsock, l'une des première femme dentiste de l'histoire (pure invention) qui exerça son art, rudimentaire, au fil des époques et au quatre coins du monde. Elle va ainsi traverser la Révolution Française, la guerre de Sécession, les guerres indiennes et observer de près la traite négrière. Une héroïne truculente qui dégaine ses pinces à dents aussi facilement que ses pistolets !

Dans la lignée de « La cuisinière d'Himmler », Franz-Olivier Giesbert déshabille la grande Histoire pour la réécrire du point de vue d'un personnage décalé à souhait. Dentiste surdouée, et infatigable séductrice, Lucile Bradsock entre où elle veut et quand elle veut. Elle rencontre ainsi les grands de ce monde - de Robespierre à Fouché, de Louis XVI à Napoléon et aux premiers présidents américains - et infléchit insensiblement le cours de l'Histoire, dès qu'elle en a l'occasion. Fâchée avec les sans-culottes, admiratrice de Mirabeau, anti-esclavagiste, vomissant les fédérés, l'héroïne hait la violence et la barbarie et lui oppose un amour immodéré des hommes et de la vie. Hommes qu'en outre elle ne se prive jamais d'épouser ou d'assassiner, suivant les circonstances…

C'est donc un livre irrévérencieux au possible qui réussit la prouesse de passer en revue un siècle d'Histoire à cheval entre la France et l'Amérique. Deux pays passionnément aimés par Franz-Olivier Giesbert, et qu'il n'avait jusqu'alors jamais entremêlés à ce point.

L'auteur se fait plaisir et ça se sent ! On a parfois même l'impression que cette héroïne n'est qu'un prétexte pour son auteur à la revisite de plusieurs épisodes de l'Histoire avec un regard nouveau qui diffère sensiblement de nos manuels d'Histoire. Son épopée, suite d'aventures tantôt un peu décousues, tantôt improbables permet à l'auteur de balayer toute une époque riche en rebondissements et en combats : féministe avant l'heure, Lucile Bradsock défend les indiens massacrés par les blancs, anticolonialiste, elle ne veut que la justice.

D'abord intrigué par la couverture qui fait apparaître Adele Voughle, une cowgirl immortalisée par cette célèbre photo, la quatrième de couverture promettait une sorte de roman picaresque, un peu dans le style de "Don Quichotte" et force est de constater qu'on peut s'en rapprocher parfois tant ce roman regorge de sentences (pseudo-)philosophiques qui méritent parfois qu'on s'y arrête. L'auteur ravive des expressions de vieux français savoureuses et s'inscrit résolument dans l'humour, bien nécessaire parfois pour compenser les horreurs et atrocités de l'Histoire française et américaine.

Un cocktail détonant qui risqué de dérouter plus d'un lecteur : le surprenant et (trop?) rocambolesque destin d'une femme avec un mélange de grivoiserie et de faits historiques assez déroutant. On peut tout de même regretter un problème de dosage entre les différentes époques et une fin abrupte.
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