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Critique de umezzu


umezzu
26 septembre 2021
Harald Gilbers continue de façon chronologique les enquêtes policières du commissaire Oppenheimer. Après la période la seconde guerre mondiale, à laquelle l'ex-commissaire de la Kripo avait survécu malgré le fait d'être juif (Cf. Germania), et celle de la libération et de la reconstruction de Berlin (Cf. La vengeance des cendres), vient celle en 1947 d'un retour très progressif à la normalité, dans une ville désormais otage des dissensions entre les ex-alliés d'hier. Les Soviétiques cherchent à étendre leur domination en imposant un de leurs séides comme chef de la police, alors que la municipalité, sans vrai pouvoir, puisque tout est décidé par l'Allied Kommandatura, est dirigé par les partis démocratiques. La fracture Est-Ouest est à l'oeuvre. Les disparitions de personnes dans la zone soviétique se succèdent sans déclencher d'enquêtes.

Oppenheimer, lui, est chargé d'une mort banale : une tentative de cambriolage au cours de laquelle le cambrioleur a été tué par l'occupant des lieux, lui-même blessé. Mais est-ce bien ce qui s'est produit ? L'attitude de la femme vivant sur place est surprenante.

Son collègue, Billhardt, revenu très marqué de la guerre, durant laquelle il a participé à des massacres sur le front de l'Est comme bien des membres de la Kripo, incorporés à la SS, se trouve lui affecté à la mort suspecte d'un homme tombé depuis la tour de communication. Manifestement, il a été poussé… Et des passeports de la Croix-rouge et des titres de séjour délivrés par l'ambassade d'Argentine, vierges de toute photo, étaient cousus dans les vêtements du mort, par ailleurs connu des autorités pour avoir été un pickpocket avant guerre. L'affaire intéresse Oppenheimer qui soupçonne un réseau cherchant à exfiltrer d'anciens nazis vers l'Amérique du Sud d'avoir participé à ce meurtre.

La période est propice aux changements d'identité : les anciens chefs nazis cherchent à se refaire une virginité, certains s'engagent dans la police, sans que faute d'archives (qui ont toutes brûlé) les vérifications ne puissent être faites. Des ex-prisonniers de guerre en Union Soviétique reviennent en soutenant l'idéologie communiste.

La thématique n'est pas forcément neuve : il s'agit ici des rouages de l'organisation Odessa d'exfiltration des cadres nazis, traitée par exemple par Frederick Forsyth il y a des années. Les précisions apportées par Gilbers dans la postface actualisent le sujet.

Gilbers réussit, encore une fois, à faire revivre l'époque et son contexte politique. Sur ce point, sa parfaite connaissance historique sert parfaitement le livre. L'histoire, elle, pêche un peu par manque de ligne claire. le sujet est très lié à l'espionnage, aux services secrets qui se reforment en ce début de guerre froide. Il conduit à multiplier les traîtres, auteurs de double-jeu, et à un climat de méfiance généralisé. La fluidité de l'intrigue s'en ressent. Mais ne boudons pas notre plaisir, cette série reste de (très) haut niveau.
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