Les Deux saisons du faubourg

Pourquoi faut-il que ce soit toujours la peur qui conseille les femmes ?

La réalité s’avère étonnamment plus belle parce qu’elle est plus sauvage, plus indomptable, et peut-être plus cruelle, aussi.

L’amour, l’espace, la vie. Jamais plus elle ne sera la même, maintenant qu’elle a vu le soleil se lever sur l’Atlantique, qu’elle a respiré les embruns marins, qu’elle a découvert qu’on n’était pas obligé de vivre en silence, qu’on pouvait goûter la distance comme on goûte une crème glacée en été. Avec délectation.

Catherine a sans doute appris, tout comme Adélaïde l’a appris, que le danger ne vient pas toujours des étrangers, qu’il est tout le temps là, à portée de la main, qu’il faut rester prudente, alerte, et ne jamais se fier aux apparences.

On ne choisit pas où ni quand on meurt. Sinon, la vie ne serait pas à ce point précieuse. Les paroles de sa mère prennent soudain tout leur sens. Celles de Sean aussi. Tous deux ont raison. Elle ne vivait pas. Pas vraiment, du moins. Elle vivait par procuration, comme à travers un miroir. Elle vivait la vie qu’elle voulait vivre, celle qu’elle voulait voir se réaliser, une vie où les blessures anciennes existaient encore parce qu’elle ne voulait pas les oublier. Jusqu’à ce moment précis, le passé a toujours influencé le présent. Et sa vision de l’avenir a toujours orienté le présent.

Cette fois, le temps s’est arrêté pour de bon. Adélaïde jurerait que tout ce qu’elle a vécu pendant l’hiver n’avait qu’un but : la conduire ici, sur ces rochers, au lever du soleil, pour qu’elle voie enfin la vie telle qu’elle est, sans les artifices de l’orgueil et de la peur. La vie dans ce qu’elle a de plus essentiel. L’eau, l’air, la terre et le feu. Et la beauté du soleil, dont les reflets s’étirent et l’enveloppent, l’émeut au point qu’elle se demande comment elle a pu s’en passer jusque-là, comment elle a pu l’ignorer alors qu’en cet instant le soleil lui semble être le centre de l’Univers, l’origine même de la vie.

Elle anticipe les gestes à poser, imagine les caresses. Le temps a suspendu son cours comme lorsqu’elle dessine. Chaque minute se décompose en secondes, chaque seconde, en fractions de seconde qui semblent, elles, durer une éternité.

Les combats qu’on mène contre les autres ne sont rien en comparaison de ceux qu’on mène contre soi-même.

Quand on se tient tout en haut d’une falaise, il faut agir. Soit on saute, soit on recule. Mais il est intenable de rester sur le bord à regarder le vide. Ça fait trop mal.

Il représente la sécurité financière, la stabilité. Avec lui, on ne manque jamais de rien. Il prend soin de nous et nous rassure. Il est aussi d’une grande aide parce qu’il est plein de sagesse. Tout ce qu’il touche se transforme en or, et la qualité l’emporte sur la quantité. Il nous apprend à apprécier les bonnes choses de la vie et n’a jamais peur de dépenser son argent si c’est pour générer des profits ou du bonheur.