AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome contient les 4 épisodes de la minisérie du même nom, initialement parus en 2014, sous la numérotation "Original sin" 3.1 à 3.4. L'histoire a été conçue à 4 mains par Mark Waid et Kieron Gillen, le premier écrivant les épisodes 3.1 et 3.3, le second les 2 autres. Les épisodes 3.1 et 3.3 sont dessinés par Mark Bagley (alors dessinateur de la série régulière Hulk) et encrés par Andrew Hennessy. Les épisodes 3.2 et 3.4 ont été dessinés et encrés par Luke Ross. Cette histoire se déroule concomitamment au crossover Original sin de Jason Aaron et Mike Deodato.

L'histoire commence à Troy, une île au large de la Chine, dont la ville a été reconçue et rebâtie par les frères Stark (voir Iron metropolitan). Hulk est en train de flanquer une dérouillée en règle à Iron Man (Tony Stark). Tout est parti de l'explosion de la bombe de vérité (l'oeil du Gardien / Watcher) activée par The Orb. Tony Stark et Bruce Banner ont vécu une ressouvenance partagée d'une période de leur vie où ils se sont croisés : la dernière phase de conception de la bombe gamma qui a transformé Banner en Hulk. À cette époque, Tony Stark pouvait avoir des périodes passées sous l'emprise de la boisson alcoolisé, et ne pas maîtriser ses actes, encore moins s'en souvenir. Comme le suggère la couverture, Stark n'a pas pu s'empêcher de donner son avis sur cette bombe, et d'en faire part au général Ross, représentant de l'armée commanditaire de ladite bombe.

Le thème du crossover "Original sin" et la couverture de cette histoire ne laisse pas beaucoup de place au doute quant à la nature du récit. Waid et Gillen réalisent une narration en balancier très prévisible. D'un côté ils alternent les scènes entre les relations passées sur la base Gamma, avec les scènes d'affrontements physiques entre Hulk et Iron Man. de l'autre côté, ils alternent les révélations plus ou moins fiables, entre "Stark a été un facteur déterminant dans la transformation de Banner en Hulk" (en intervenant bourré dans son projet), et de l'autre "Non, ce n'est pas vrai, c'est plus compliqué que ça".

Le lecteur de comics aguerri a tout de suite compris que cette histoire bénéficie d'épisodes spécifiques parce que Waid et Gillen étaient chacun engagé dans un récit au long cours dans les séries respectives d'Hulk et Iron Man, dans lesquels il n'y avait pas la place de gérer les retombées d'Original Sin. Il en conclut rapidement que ces révélations auront une portée toute relative.

Sous réserve d'avoir bien intégré ces limitations dès le départ, le lecteur sait à quoi s'attendre (= pas de bouleversement majeur dans l'historique des 2 personnages). Ce même lecteur aguerri se souvient également de la minisérie Ultimate human (2008) dans laquelle Warren Ellis redéfinissait avec intelligence et cruauté la relation entre Stark et Banner, faite d'émulation pas tout à fait saine, et de jalousie. Waid et Gillen ont pris le parti de reprendre cette dynamique cruelle et méchante, avec un fond d'admiration. de ce point de vue le récit fonctionne très bien, malgré cette mécanique artificielle en mouvement de balancier.

Pour les 2 épisodes qu'il réalise, Mark Bagley réalise des planches sur lesquels il a pris du temps. Son découpage en cases est varié, excluant toute forme de monotonie, dans la lecture. Les cases sont dynamiques, avec un choix d'angle de vue qui privilégie systématiquement le plus dramatique. Les silhouettes des personnages sont bien définies, avec une attention portée aux détails de l'amure d'Iron Man, mais plus comme des motifs répétés pour complexifier les surfaces, que comme une approche logique de son armure. Les personnages sont aisément reconnaissables, mais leurs visages sont assez laids, et leurs expressions peu nuancées. Quand Hulk frappe, ça cogne fort, avec des dégâts massifs, mais sans connexion réelle avec l'environnement détruit. Mark Bagley est efficace et appliqué pour dessins fonctionnels et un peu superficiels.

Les 2 autres épisodes sont dessinés par Luke Ross. Cet artiste dessine dans une veine un peu plus réaliste, avec un encrage un peu plus soutenu, et une meilleuer gestion des décors. Il détaille en particulier une belle chambre de motel, et la dernière séquence de dialogue en plein désert réussit à être visuellement intéressante. le lecteur ressent tout de suite une vision plus adulte de la réalité que celle édulcorée de Mark Bagley.

À l'évidence, cette histoire n'a rien d'indispensable, et peut même être considérée comme inutile puisque les révélations faites seront vraisemblablement très vite oubliées. L'intérêt principal réside dans l'interaction entre Bruce Banner et Tony Stark, 2 génies scientifiques dans des domaines un peu différents. Mark Waid et Kieron Gillen reprennent l'idée de Warren Ellis, avec une solide inimitié entre le scientifique qui a du mal à faire aboutir son projet et qui n'a pas de vie sociale, et le playboy de la jetset à qui tout réussit, mais tout aussi malheureux dans sa solitude et son addiction à l'alcool. Bagley réalise des planches dynamiques, mais artificielles ; Luke Ross est beaucoup plus convaincant.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}