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Critique de Domichel


Bien sûr je connaissais Jean Giono, comme beaucoup de gens, j'avais même vu des films adaptés de son oeuvre : Regain, il y a très longtemps, en noir et blanc, (une grande émotion) ; le Hussard sur le toit, plus récemment en couleurs (plutôt bien réussi) …
Mais l'avais-je lu ? J'en étais de moins en moins sûr !
Forcément en lisant Pierre Magnan (que je vénère - littérairement) je me devais de vérifier à quel point Giono l'avait influencé comme il le disait lui-même. Sur les conseils d'un lecteur avisé (luc_mul@live) j'ai commencé la Trilogie de Pan, par Colline.

Au coeur des Basses-Alpes, niché le long de la montagne de Lure, un hameau recensant quelques treize âmes va se trouver confronté aux caprices de la nature, peut-être dus à la malédiction d'un vieux qui commence à « déparler », arrivé qu'il est au bout du chemin de sa vie.
En quelques mots, il s'agit de la lutte entre l'homme et la nature, et de l'homme face à lui-même, car au long de ce récit, il va prendre conscience des conséquences des actes qu'il commet sur cette nature qui par essence est indomptable et ne donne que ce qu'elle veut bien lui céder.
Comme beaucoup d'autres lecteurs j'ai été littéralement happé par cette écriture drue, directe et ramassée, ne perdant pas de temps en circonlocutions inutiles mais préférant la description précise à l'extrême, grâce à un vocabulaire d'une variété inouïe, et qui donne à voir des images tellement claires, qu'il ne semble même pas nécessaire de le porter au cinéma ou la télévision. Il faut lire ces passages où l'incendie progresse tel un dragon, griffant et dévorant tout sur son passage, où les arbres s'embrasent d'un coup, se transformant en « candélabres d'or », une féerie formidable et destructrice que la colline semble vouloir faire payer aux hommes qui l'habitent.
Les hommes, parlons-en ; durs à la tâche, taillés du même bois que leur forêt, souvent taiseux et économes de leurs sentiments. Mais quand ils prennent conscience de ce qu'il font à leur mère-nature c'est comme des enfants qu'ils se sentent écorchés. Et pour partager leurs sentiments avec les autres, c'est quand ils sont à bout de ressources qu'ils osent enfin se parler, et envisager l'impensable, punir celui par qui tout semble arriver.

Les lecteurs férus de mythologie trouveront nombre de références et seront récompensés de leurs connaissances. Les autres se contenteront de goûter un immense plaisir à cette lecture si forte et sombre à la fois.

En préliminaire, une préface se veut une aide à la lecture, pourquoi pas ? Personnellement au-delà de deux pages j'évite ce genre de pré-digestion, J'ai toujours hâte de rentrer dans le récit que je veux découvrir moi-même. Je préfère à la limite un addenda qui me précise quand, comment et pourquoi l'auteur a écrit son livre, et surtout avec ses propres mots. Je me méfie toujours des interprétations que les autres veulent me faire admettre au risque de me faire passer pour un mal-comprenant. Hors, ici encore, on double la mise avec un « dossier » : comment « lire » cet ouvrage. C'est peu ou prou la même chose qu'au début, et hormis les références mythologiques, cela apporte peu à l'oeuvre elle-même, à moins de vouloir en faire une exégèse ce qui est loin d'être mon cas quand j'ouvre un livre. En bref c'est le seul bémol que je mettrai dans cette « critique » d'un roman aussi fort.
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