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Critique de CarlmariaB


Dans une lettre de 1925, Giono écrit à propos de Naissance de l'Odyssée :
« Je refais pas à pas, si l'on peut dire, sur une vieille carte, les errances d'Odysseus le divin menteur ; j'ai acquis l'intime certitude que le subtil, au retour de Troie, s'attarda dans quelque île où les femmes étaient hospitalières, et qu'à son entrée en Ithaque, il détourna par de magnifiques récits le flot de colère de l'acariâtre Pénélope. »
Nous voila prévenus, le jeune Giono se lance dans un anti-Ulysse. Est-ce pour autant un pro-Pénélope ? Pénélope a-t-elle sa place dans le panthéon des veuves abusives d'Anatole de Monzies ? Malgré une meute de prétendants émoustillants, elle reste fidèle à son Ulysse qu'elle croit mort, qui, lui, se croit cocu, mais ne se prive pas d'aimer les femmes, ce qui achève de le distinguer d'Anatole de Monzies. C'est dans ce vaudeville que nous replonge Giono. Homère est-il plus misogyne qu'Anatole de Monzies ? Pas moins. Calypso s'en plaint d'ailleurs à Zeus : de quel droit les Dieux mâles fricotent-ils avec des demoiselles, tandis qu'une Déesse qui succombe à un beau grec se fait traiter direct ? Cancel Homère, cancel ! Et pourquoi Giono s'est-il lancé dans ce remake de l'Odyssée ? Mystère ! D'autant que je l'avoue le rouge aux joues, j'ai dû sortir mon Littré.
« accoiter, maffler, hucher, s'irruer, écheler, rioter, aiguer, enchapper, s'adolorer, araire, chebec, pourchas, asphodèle, scabieux, oseraie, dryade, bauge, musser, cal, chiton, pastouré, venellé, couffe, rebecqueuse, souquenille, gineste, tartane, lustral, prêle, ridelle, bédoule, cyprière, canéphore, caroube, roupine, semoustat, tympanon, trirème, nicette, ourque…
Et parfois Littré s'est avoué vaincu. Un texte comme un coffre au trésor, et quand on l'ouvre, c'est du toc. Les métaphores font poète du dimanche ("Les poulpes l'ont sucé comme un grain de raisin" p.87 "; "les branches méduséeennes d'un figuier" p. 101 et j'en passe) . C'est laborieux, limite scolaire. Si tout ce que j'ai lu de Giono relève du don, de l'extase, du céleste séjour, cette « réfutation de l'Odyssée «, ce palimpseste chiant est une punition. Et pas que pour moi. Après deux ans et demi de travail, de relectures et de corrections, Giono finira par écrire en juillet 1927 « Ces dieux, ces déesses me sortent des narines à la fin».
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