Naissance de l'Odyssée (1930),
Jean GIONOUlysse coule des jours heureux auprès de Circé -une très belle femme- sur l'île de Cythère. Il rencontre un jour Ménélas qui lui apprend que Pénélope dilapide ses biens et a pris un amant, Antinoüs. Se souvenant du sort d'Agamemnon, assassiné à son retour à Argos, il juge préférable de rester avec Circé. Rongé par la jalousie et la nostalgie de sa terre natale, Ulysse reprend son voyage vers Ithaque.
Faisant escale près de Sparte, il s'arrête dans une auberge où un aède aveugle affirme l'avoir vu mourir. Ulysse, sans se présenter, tente vainement de démentir sa mort. Il entreprend alors la narration de ses aventures. Au matin, l'aède reprend son chemin vers Mégalopolis.
Quelques temps plus tard, Ulysse, de passage à Mégalopolis, est invité à entendre un chant récent et très en vogue : « Ulysse ou le beau périple ». Très inquiet, Ulysse réalise que cette fable n'est pas crédible et ne pourra justifier sa longue absence à Pénélope. Lorsqu'il reprend sa route vers Ithaque, redoutant d'entendre de nouveau ses mensonges, il évite tout village.
Le passage de l'aède à Ithaque fait douter Pénélope de la mort de son mari. Aussi, lorsque le porcher Eumée lui apprend qu'Ulysse est de retour, Pénélope avertit Antinoüs et organise une mise en scène la présentant comme une femme fidèle et sage. Ulysse se présente comme un vieillard dépouillé par sa famille, mais Pénélope le reconnaît et l'invite au banquet du soir. Entretemps, Ulysse en profite pour faire le tour du propriétaire, critiquant le manque d'entretien.
Lors du banquet, Antinoüs ne montre aucune crainte face au vieillard que semble être devenu Ulysse. Pourtant, entendant Antinoüs prononcer son nom, Ulysse sort de sa rêverie, un convive le pousse sur Antinoüs et lui assène une chiquenaude au menton. Antinoüs, en proie à un bouleversement intérieur, tombe, se relève et s'enfuit vers la colline.
Poursuivi par Ulysse, il arrive au bord d'une falaise, perd l'équilibre, tombe et meurt. Après cet accident, Ulysse est craint, car chacun pense qu'il a tué Antinoüs. Il reprend possession de ses biens ainsi que sa place au côté d'une Pénélope de nouveau amoureuse.
Lorsque Télémaque, de retour de voyage, conte ses aventures (réelles... ), un philosophe partageant la table d'Ulysse refuse de le croire et lui conseille de suivre l'exemple de son père...
Dans
l'Odyssée d'
Homère, Ulysse, le héros aux mille tours, est seul narrateur de ses aventures qu'il déroule pour contrer la rumeur selon laquelle il est mort. Calypso, Circé sont des nymphes qui l'ont gardé captif.
Revisitée par
Jean Giono,
l'Odyssée devient le fruit d'une création collective, liée à la transmission orale, dont les premiers maillons sont Ulysse et son compagnon Archias. L'oeuvre est le mensonge d'un hâbleur pour éviter la colère de Pénélope.
L'épopée de
Giono ne contient que deux mentions à la guerre ou au combat. Ulysse n'est pas un héros épique, un chef valeureux guidant son armée mais un paysan riche, lâche et volage. Pénélope est une épouse frivole, infidèle et acariâtre.
La première partie du livre conte le voyage d'Ulysse vers Ithaque. Et c'est en souhaitant rétablir la vérité concernant sa mort, qu'Ulysse doit faire face à la réplique de l'aède : « Mais, s'il est vivant, qu'a donc fait ton camarade pendant dix ans ? » Pour ne pas perdre la face, Ulysse justifie cette disparition en inventant une série d'aventures totalement invraisemblables. L'aède les colporte à tous vents, et « Ulysse et le beau périple » est repris par « tous les poétaillons de la ville », chacun y apportant « son petit morceau à la mode »... Réalisant qu'il a perdu tout contrôle sur son récit, Ulysse est terrifié à l'idée de paraître devant Pénélope, convaincu qu'elle ne croira pas un mot de ces « aventures trop grosses pour lui ».
La deuxième partie décrit l'arrivée d'Ulysse à Ithaque. le style est plus simple et poétique, restituant la lumière et la paix de la terre natale. Pénélope attend le retour d'Ulysse, le récit de l'aède a ravivé son souvenir et son désir du jeune homme parti vingt ans plus tôt. Elle parfait le décor, maquille la réalité, jusqu'à envoyer chercher « le tissage de cette grande toile qui encombre le grenier ». Et le vieil Ulysse vaincra grâce à la peur que le récit de ses aventures imaginaires aura instillée dans l'esprit d'Antinoüs et des prétendants : « La chiquenaude d'Ulysse » frappa Antinoüs au menton « avec le poids effroyable du mystère ».
Ulysse comprend « la beauté de son mensonge », il va « l'utiliser sciemment ».
Commenter  J’apprécie         40