Contrairement à ce que je pensais, l’instabilité émotionnelle n’entraînait aucun élan créateur, du moins chez moi. La précarité et l’anxiété constituaient peut-être des états romantiques, mais elles offraient également d’excellentes raisons pour que je m’abstienne d’écrire.
(page 232)
Le corps humain est composé de milliards d’atomes, essentiellement de l’hydrogène, de l’oxygène et du carbone, mais on y trouve, dans des concentrations inférieures, du potassium, du lithium, du césium et même de l’uranium. Une fois les corps pulvérisés, les atomes continuent d’exister et, pour les atomes instables, à émettre des radiations : rayons alfa, bêta et gamma, neutrinos qui traversent sans entrave la matière vers l’espace ouvert, pendant des milliers et des milliers d’années.
(page 323)
L’équité est un concept merveilleux, je suis d’accord. À condition qu’il vaille pour tout le monde.
(page 193)
Bon nombre des physiciens du projet Manhattan qui avaient assisté à Trinity pensaient que les bombes ne seraient pas vraiment utilisées, et certainement pas sur des cibles civiles. Ces armes étaient si destructrices qu’elles ne pouvaient obéir qu’à un but démonstratif. Robert Oppenheimer, responsable de la section scientifique à Los Alamos, estimait que, larguée sur une ville, chacune causerait environ vingt mille morts. Il avait obtenu ce nombre en effectuant un de ces calculs que les scientifiques désignent sous le nom de calcul de coin de table, c’est-à-dire effectué approximativement sur un papier de fortune. Contrairement à Fermi, Oppenheimer se trompait : dans la seule ville d’Hiroshima, les morts directs seraient plus de cent mille. Mais si l’on avait évoqué un nombre de cet ordre devant lui ou n’importe lequel de ses collègues, aucun n’y aurait cru.
(pages 57-58)
Novelli et moi parlions souvent de l’importance des nuages dans l’histoire de la bombe, de même que nous parlions de l’importance des nuages pour lui et de l’importance des nuages en général.
Bon nombre des physiciens du projet Manhattan qui avaient assisté à Trinity pensaient que les bombes ne seraient pas vraiment utilisées, et certainement pas sur des cibles civiles. Ces armes étaient si destructrices qu’elles ne pouvaient obéir qu’à un but démonstratif.
On aurait dit qu’il s’adressait à moi, mais telle était l’astuce des homélies , ai-je pensé, ou plutôt de la religion en général : laisser toujours entendre qu’on s’adresse à vous.
À la fin de la guerre, troublés par les conséquences de leur travail (c’est-à-dire par le massacre de centaines de milliers de personnes et par l’effacement de deux villes), un certain nombre de physiciens du projet Manhattan formèrent une association à but non lucratif dénommée Bulletin of the Atomic Scientists. Ils se donnèrent pour mission de surveiller le risque nucléaire et inventèrent dans cette intention un moyen synthétique : la Doomsday Clock, l’horloge de l’apocalypse. Sur cette horloge, minuit correspond symboliquement à la fin du monde.
Selon la version officielle, j’effectuais des recherches pour mon livre. Écrire a l’avantage indéniable de justifier (presque) toutes les extravagances.
Les Elon Musk ne font pas autorité. Ils ne souffriront pas vraiment. Ils se préparent déjà à l’arrivée de la catastrophe. Ils construisent des bunkers et des navettes spatiales, ils s’arment et achètent des terrains où s’installer et vivre en sécurité.