AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,2

sur 82 notes
J'ai trouvé que Tasmania, le dernier roman de Paolo Giordano, était très inégal. En voulant passer de l'intime au général, à l'universel, l'auteur que j'avais bien apprécié dans Dévorer le ciel, a réussi à m'ennuyer profondément puis à me captiver avec talent.

Le thème du réchauffement climatique et des débats contradictoires qu'il suscite aurait suffi mais voilà que Paolo Giordano se met à parler des deux bombes atomiques larguées sur le Japon par les États-Unis, en 1945. Paradoxalement, c'est ce thème le plus intéressant.

Or, lorsque j'ai lu ces lignes, je venais de voir l'excellent film de Christopher Nolan : Oppenheimer. Cela ne pouvait pas mieux tomber car, dans Tasmania, le narrateur se rend sur place, à Hiroshima et à Nagasaki, pour rencontrer les derniers témoins ou survivants de ces deux dramatiques largages de bombes jamais utilisées sur des humains.

D'ailleurs, Robert Oppenheimer lui-même, n'approuvait pas ces assassinats de masse et demandait que son pays n'aille pas plus loin ; l'Allemagne nazie était vaincue mais il fallait prendre de vitesse l'URSS dans la course au titre de super puissance mondiale…

Ainsi, le narrateur, physicien devenu journaliste pour le Corriere della sera, débute son récit avec la COP21, à Paris, en novembre 2015. Il commence à présenter ses amis qui vont tourner en rond autour de lui tout au long de ce roman.

Avec Lorenza, sa compagne plus âgée, déjà mère d'Eugenio, voilà Giulio, jeune physicien, qui se sépare de Cobalt alors qu'ils ont un gosse : Adriano. Débarque ensuite Karol, un prêtre amoureux puis ce fameux Novelli, spécialiste des nuages. C'est avec ce dernier que l'épisode le plus révélateur de la place des femmes dans le monde scientifique se déroule et révèle bien des injustices. Je peux ajouter encore Curzia, journaliste efficace.

Justifiant le titre énigmatique du roman, l'auteur fait dire à Novelli qu'il aimerait se réfugier en Tasmanie… en cas d'apocalypse mais tout cela n'aide pas notre narrateur qui ne parvient pas à écrire son livre sur la bombe atomique et ses conséquences.

C'est donc à Hiroshima puis surtout à Nagasaki que Paolo Giordano écrit les pages qui m'ont le plus appris et surtout le plus ému, dans ce livre. Il faut encore et toujours raconter au plus près de l'humain ce qui s'est passé lorsque ces deux bombes atomiques ont été larguées sur des civils sans défense. Les conséquences, terribles, inimaginables, font l'objet de la troisième partie, de loin la plus forte : les radiations.

Je remercie Babelio et les éditions le bruit du monde pour cette lecture d'un livre très bien écrit et bien traduit par Nathalie Bauer.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1043
« Si vous me demandez une définition exacte de l'époque où nous vivons, la voici : une époque prétraumatique. » Paolo Giordano mobilise sa sensibilité de physicien de formation et son talent d'écrivain prodige de la littérature italienne pour dessiner quelques destins fragiles, serpentant tant bien que mal sur la toile de fond de notre actualité cataclysmique.


Comment vit-on à la croisée des anxiétés nées des bouleversements contemporains, quand la Doomsday Clock, l'Horloge de l'Apocalypse inventée en 1947 pour dénoncer les risques qui menacent la planète, n'a jamais estimé la fin du monde plus imminente qu'aujourd'hui, son compte à rebours virtuel ne nous laissant symboliquement plus que quatre-vingt-dix secondes avant les coups d'un minuit fatidique ? Choisissant pour point de départ l'arrivée à Paris, juste après les attentats de 2015, d'un autre Paolo, journaliste et écrivain italien lui aussi physicien à la base, venu couvrir une conférence de l'ONU sur l'urgence climatique en même temps qu'il rédige un livre sur la bombe atomique, de son invention jusqu'aux commémorations d'Hiroshima et de Nagasaki, en passant par les terribles récits de survivants et de leurs descendants, le récit se déroule aux premières loges des périls qui guettent le monde, entre menace nucléaire, dérèglement climatique, terrorisme et pandémies.


Pourtant, dans ce contexte qui a tout pour terrifier, la vie poursuit son chemin, dévidant opiniâtrement les destins individuels. le Japon a reconstruit ses deux villes martyrs, les survivants et leurs descendants subsistent malgré leurs récits épouvantables et leurs séquelles. Lui-même ramené à des préoccupations plus personnelles par son couple qui se déchire sur son impossibilité à concevoir un enfant, Paolo observe son entourage faire face à ses anonymes et minuscules batailles pour se tailler une existence. Relations de couple et parentalité, rivalités professionnelles et déséquilibre entre les sexes, conventions religieuses et sociétales : les drames intimes sont légion, souvent dévastateurs, même si parfois, à y bien regarder, quelque peu incongrus. Comment peut-on encore s'offusquer qu'un prêtre se marie, qu'un homme épouse une femme plus âgée ou qu'une femme prétende faire carrière, lorsque l'on s'angoisse pour le sort du monde ? Quoi qu'il en soit, de cette superposition entre l'intime et le planétaire, entre le particulier et le général, émerge progressivement un constat : la vie résiste à tout et, quelles que soient les souffrances endurées, finit toujours par renaître sous une forme ou une autre, tout n'étant qu'évolution et adaptation perpétuelles.


De l'anxiété des temps présents à l'apaisement que chacun devra trouver dans sa Tasmanie personnelle, là où il trouvera à se préserver, Paolo Giordano nous offre un grand roman contemporain, vaste fresque sociétale teintée d'autofiction et de reportage scientifique, soulignant l'étendue de nos ambiguïtés et de nos contradictions.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          9210
Pour son cinquième roman, Tasmania, l'écrivain italien Paolo Giordano également docteur en physique théorique, s'attache à suivre un homme en crise.
En novembre 2015, cet homme écrivain et journaliste mais aussi narrateur de Tasmania est venu à Paris, couvrir la conférence des Nations Unies consacrée à l'urgence climatique, quelques jours seulement après les attentats.
Cette situation de crise fait écho à celle que traverse le couple qu'il forme avec sa compagne Lorenza.
Bref, la crise climatique et celle qu'il vit en privé, les attentats islamistes, pas sûre que les vacances à la Guadeloupe concoctées par Lorenza, une semaine de tropiques, ne soient en mesure d'y remédier...
De manière désinvolte et un peu fataliste, il s'entoure de personnages assez inclassables qui, chacun à leur manière apportent du sens à son univers, que ce soit cet ami, jeune physicien aventurier Giulio, ce climatologue spécialiste des nuages, Novelli, cette reporter plutôt originale Curzia ou encore ce prêtre Karol qui a rencontré la femme de sa vie…
C'est d'ailleurs après une discussion avec Giulio qu'il décide de reprendre son ancien projet d'écrire un livre sur la bombe atomique, livre qu'il aura du mal à mener à terme.
Paolo Giordano raconte la vie de cet homme, sa solitude, son ennui, sa lassitude, ses chagrins, ses peurs. Il parle du présent, certes mais aussi et surtout de l'avenir.
J'ai eu beaucoup de mal à m'attacher à ce personnage. Il ne m'a intéressée que lorsqu'il parlait de ces fameuses bombes dont bon nombre des physiciens du projet Manhattan pensaient qu'elles ne seraient pas vraiment utilisées, et certainement pas sur des cibles civiles.
Les témoignages des rescapés d'Hiroshima et de Nagasaki sont précis et bouleversants.
Il est question également de l'importance des nuages dans l'histoire de la bombe. Comment le 9 août 1945, suite à un nuage étrange qui ne semblait pas vouloir se dissiper, l'équipage du B-29 décida de renoncer à Kokura et se dirigea vers Nagasaki : naga (long) saki (promontoire), la ville suivante sur la liste des cibles…
Quant à l'effet des radiations, les habitants, personnel médical compris, personne ne savait…
Postérieurement, pour le moins troublés par le massacre de centaines de milliers de personnes et par l'effacement de deux villes, un certain nombre de physiciens du projet Manhattan formèrent une association à but non lucratif dénommée Bulletin of the Atomic Scientists. Ils inventèrent alors la Doomsday Clock, l'horloge de l'apocalypse, sur laquelle minuit correspond symboliquement à la fin du monde. Comment ne pas être épouvanté quand on sait qu'en raison de l'incapacité des dirigeants mondiaux à faire face aux menaces imminentes d'une guerre nucléaire et du changement climatique, le 23 janvier 2023, l'horloge affichait minuit moins 90 secondes, ce qui est l'heure la plus proche de minuit depuis sa création !
Le narrateur qu'il faut sans doute apparenter à l'auteur lui-même se pose d'ailleurs fort judicieusement quelques questions, à savoir comment il se serait conduit à la place de ces physiciens, s'il aurait continué, s'il aurait laissé tomber, s'il aurait été capable de voir l'avenir et s'il se serait montré ensuite à la hauteur de cette vision.
Dans son roman Tasmania, Paolo Giordano mêle intime et universel, nous rappelant que chacun peut trouver un espace où écrire son avenir. Novelli, pour sauver sa peau, en cas d'apocalypse, aurait choisi quant à lui la Tasmanie !
Merci aux éditions le bruit du monde et à Babelio pour cette lecture enrichissante.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          922
Paolo-San est journaliste et vient de couvrir un sommet sur le climat. Paris vit une atmosphère quasi militarisée en novembre 2015 peu après les attentats. Il y a de belles figures auprès de lui, un jeune physicien, une femme, reporter chevronnée, un spécialiste des nuages du nom de Novelli et un homme de foi. Tous ces gens sont des acteurs de notre monde contemporain et pour autant, ils sont aussi, comme nous, spectateurs, emportés dans la marche du siècle qui ne laisse pas de les réunir ou de les secouer tour à tour comme emportés par un vent fou. Lorenza et Paolo traversent ensemble les turbulences d'une vie de couple bien qu'ils soient posés tous les deux, les pieds bien sur terre. Lorenza renonce à la difficulté de faire un enfant puisque rien ne marche de ces traitements de substitution et Paolo se voit exclu de la prise de décision. Néanmoins, c'est un couple qui marche bien en ce sens que sa construction affective reste inébranlable ; chacun vaquant à ses occupations tout en revenant au port, amarrés l'un à l'autre par un lien solide. On peut soupeser également les liens d'amitié ou de désillusion des uns envers les autres sans qu'il soit énoncé quelques exagérations et en cela le texte, qui est sain et réaliste, m'a entièrement séduite. de même qu'il n'est pas fait état comme souvent d'une quelconque culpabilité envers quiconque ne véhicule pas un esprit rigoureusement écologiste. Au contraire, la manière dont Paolo ressent les diverses inquiétudes quant à notre devenir témoigne du fait qu'il n'est qu'un personnage vulnérable, puisqu'il est confronté comme tout un chacun aux aléas de la vie et de la sienne propre. J'ai beaucoup aimé le personnage attachant de Novelli quand il dénonce le manque d'objectivité lorsque sa collègue a bénéficié d'une récompense alors que sa notation était bien inférieure à la sienne. J'ai aimé qu'il reste sur sa position envers et contre tous allant jusqu'à dire que nous nous accommodons d'un semblant de vérité pourvu qu'elle nous arrange et allant jusqu'à nier le réel. Une façon comme une autre finalement de contrer l'échéance possible de notre propre disparition en ne retenant que ce qu'il est de bon ton de voir et de penser. Novelli ne lui tiendra pas rigueur du reste, de ne l'avoir pas soutenu lorsqu'il s'est vu ostracisé du monde de la bien-pensance, mais nous sentons bien là que s'il en avait été autrement Paolo en aurait durement souffert.
Paolo-San, c'est ainsi que le nomme et le reconnaît Terumi Tanaka lors de la cérémonie de Nagasaki, la seule cérémonie qui par le fait de la présence de cet enfant rescapé donne un sens au livre qu'il va écrire sur l'explosion de la bombe atomique. Il ressort de toutes ces menaces passées ou à venir que c'est notre humanisme qui nous sauve, comme l'amitié et puisque nous sommes mortels j'aime à penser comme le suggère le narrateur à la fin du livre que ceux du passé nous accompagnent comme le spectre irradié d'une planète étoilée. Je remercie babelio pour cette belle découverte et le bruit du monde ainsi que l'auteur que je vais retrouver sans coup férir dans les nombres premiers par exemple.
Commenter  J’apprécie          567
Le narrateur de ce roman, un auteur à succès, se trouve proche de la quarantaine dans une phase un peu difficile de sa vie. Son mariage avec Lorenza, qui a quelques années de plus que lui, traverse une crise ; les rapports avec l'adolescent Eugenio, fils d'un premier mariage de son épouse sont plutôt délicats et il cherche un bon thème pour un nouvel ouvrage.

Le récit couvre les réalités du monde dans la période de 2015 à 2020, telle la peur après les attentats du 13 novembre en France et le déclenchement de la pandémie, le mouvement "me too", le réchauffement de la terre et les menaces climatiques.

C'est justement ce dernier phénomène qui le conduit à Paris pour la grande conférence sur les changements climatiques du 30 novembre au 12 décembre 2015 et c'est à cette occasion qu'il fait la connaissance avec le scientifique italien, Jacopo Novelli, un personnage haut en couleur, avec qui il se lie d'amitié.

Certains désastres climatiques conduisent notre homme à se pencher sur les effets et suites atroces des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945.
Il en est tellement bouleversé, qu'il décide faire des effets radioactifs le sujet de son prochain livre. Dans le cadre de ses recherches, il se met en rapport avec un des rares survivants de cette horreur historique du bombardement de la ville de Nagasaki.

Il me faut signaler aux personnes sensibles que certains passages relatifs aux conséquences humaines de cette tragédie sont fort durs à lire.

Paolo Giordano, entre un séjour à la Guadeloupe et ses cours à Trieste, aborde une large variété de sujets, comme le syndrome de Cassandre, la jongle de Calais, la relation hommes-femmes dans le monde scientifique, l'alloparentalité... tout comme il fait défiler des personnages aussi divers que Marie Curie, Elon Musk et Nick Cave.

Le titre du livre se réfère à l'endroit où Jacopo Novelli essaierait de se retirer en cas d'apocalypse : l'île de Tasmanie, à 10 heures de ferry de Melbourne en Australie, loin des températures excessives et disposant de bonnes réserves d'eau douce.

Ce livre, qui paraîtra le 17 août en version française, constitue une approche très personnelle et intéressante des maux de notre temps et fait ainsi penser à son chef-d'oeuvre "La solitude des Nombres Premiers" de 2008, sans en avoir toutefois le même haut niveau exceptionnel.
Commenter  J’apprécie          535
Paris en 2015, quelques jours après l'attentat du Bataclan, le narrateur de ce livre, un italien, un journaliste ou un écrivain, l'auteur de ce livre peut-être, est venu couvrir une réunion de plus des Nations-Unies, une énième "21ème" Cop .
Il est venu par conviction, peut-être, ou pour diluer son mal-être dans un plus grand malaise encore ...
Mais à trop embrasser de sujets, à trop s'embarrasser de petites anecdotes et des petits morceaux de vie de son personnage, Paolo Giordano finit par empêtrer son récit dans de petites longueurs et de longs ennuis.
Trente-quatre ans, une certaine inclinaison vers le glauque et le macabre, et un sujet qui vient s'imposer à lui : la bombe atomique et le projet Trinity ...
Je n'ai aimé, ni le film "Oppenheimer" de Christopher Nolan, ni ce livre de Paolo Giordano où j'ai eu une désagréable et indéfinissable impression de presque déjà lu, sans savoir pourtant d'où elle me venait.
Je me suis ennuyé dans ce roman, y ai ressenti soudain qu'un récit se trouve bancroche d'accoler de grandes problématiques sociétales avec une certaine déclinaison de l'intimité.
Je n'ai éprouvé aucune empathie, ni aucun intérêt pour ce personnage qui m'a semblé n'avoir comme justification littéraire de n'exister que pour et par son auteur.
Et c'est dommage, car le livre est très bien écrit, agréable et fluide à la lecture.
Peut-être vais-je piocher dans les livres précédents de Paolo Giordano pour me faire une idée meilleure et peut-être moins focalisée ...

Commenter  J’apprécie          453
LE TROP EST l'ENNEMI DU BIEN.

Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions le bruit du monde de m'avoir fait découvrir ce roman.

Tasmania est un roman où l'auteur a essayer d'entremêler trop de thèmes.
Le premier et le plus important du livre n'est pas, comme la 4ème de couverture le fait penser le réchauffement climatique, mais bien les relations humaines quand elles explosent.
L'auteur voit son couple se deliter et imploser, un ami prêtre est tombé amoureux... mais ça ne durera pas, un autre ami subit un divorce houleux où la garde de l'enfant se passe mal, une amitié s'effondre presque car l'un des protagoniste a fait une conférence houleuse,...
Là dedans viennent se greffer le réchauffement climatique, les dangers de l'atome et la bombe atomique, le féminisme, la parité homme-femme, le célibat des prêtres.

Moi, clairement je me suis ennuyée profondément sauf sur la petite trentaine de pages éparpillées dans le roman où l'auteur parle de la bombe atomique. Là, ca devient très intéressant... pour le reste, c'est limite du Beigbeder, mais avec beaucoup moins d'humour.
Commenter  J’apprécie          419
Nous sommes peut-être à l'aube de l'extinction humaine.

C'est du moins l'un des thèmes que développe le narrateur (on sait qu'il signe P.G. comme Paolo Giordano) et qu'il est scientifique, catégorie physique. Il s'intéresse bizarrement beaucoup à la question de la bombe d'Hiroshima et vit entre Paris et l'Italie.

Quand « Tasmania » début, le narrateur est à Paris. Il y vit avec Lorenza, plus âgée que lui, et dotée d'un fils Eugenio. Entre ce fils et le narrateur, se noue une relation étrange, qui pourrait ressembler à de la paternité.
De paternité il est question. Et de l'amitié aussi il va être question. Car le narrateur a plusieurs amis masculins. Ils sont tous scientifiques, comme lui, dans des branches différentes.

Le premier s'appelle Giulio. Ils se sont connus sur les bancs de la fac, et se sont suivis depuis. Giulio a eu un enfant avec Cobalt, sa femme, appelé Adriano, mais presque depuis sa naissance Cobalt se bat pour avoir la garde exclusive de son fils. Giulio fait appel au narrateur pour qu'il l'aide dans son ce combat pour conserver le droit de voir son fils, par avocats interposés.

L'autre s'appelle Novelli. Il est renommé pour sa connaissance du changement climatique et sa connaissance des nuages – un thème qui va intéresser notre narrateur pendant un temps. Celui-ci se lie d'amitié avec lui, mais cette amitié va être mise à mal lorsque Novelli n'obtiendra pas le poste qu'il convoite à Gênes, et attribuera sa défaite au profit d'une consoeur italienne au fait qu'il y ait de la discrimination positive envers les femmes, ce qu'il conteste scientifiquement.

Il a un autre ami qui s'appelle Karol. Celui-ci est prêtre, mais vient de tomber amoureux d'une très jeune femme. Il demande conseil à notre narrateur, sur les questions de couple et d'amour conjugal. Ce dernier se prête au jeu, même si la relation de Karol à la jeune femme semble bien mal partie.

Le narrateur est un homme d'aujourd'hui, vivant cette époque étrange que nous connaissons tous et qui consiste à vivre avec l'épée de Damoclès au-dessus de nos têtes à cause du dérèglement climatique.

Il vit de publications qu'il fait dans un journal italien, le « Corriere Della sera » et a le projet d'écrire un livre sur la catastrophe d'Hiroshima. Entre Paris et l'Italie il enquête sur ce drame, sans toutefois sembler s'y investir comme il le devrait.
Et la relation insolite qu'il a avec Lorenza flotte également.

« Les faits ne mentent pas » fait-il dire à Novelli, reprenant à son compte ce mantra.

Il flotte dans tout ce roman une ambiance étrange, identique à celle qu'on peut vivre en ce moment, où que l'on retrouve dans un film comme « Don't Look up » sur l'histoire d'un déni cosmique. Une atmosphère morose, désillusionnée et contemporaine. Et une forme de nihilisme désabusé.

Alors, la Tasmanie ? Ce pourrait un lieu pour vivre la catastrophe à venir de la manière la moins difficile possible. Parce que c'est une île et qu'il y a de l'eau.
Crise environnementale, crise du couple, crise de l'amitié, crise de la paternité, rien n'est épargné. Avec une très bonne traduction de Nathalie Bauer, que j'ai retrouvé ici avec plaisir. Et avec mes remerciements à Masse Critique pour ce récit publié aux éditions du « Bruit du monde » : un très bon éditeur.

Mais je ne sais vraiment que penser de ce livre déroutant. A la fois fascinée par cet univers pré-apocalyptique qu'il décrit. Et agacée par sa passivité en tant que scientifique comme si aucune aventure (relationnelle, amoureuse, ou professionnelle) ne méritait déjà plus d'être tentée.

Peut-être faut-il dès à présent chercher sa Tasmanie.
Mais pour moi ce sera la littérature.

TasmaniaPaolo Giordanotous les livres sur Babelio.com

Commenter  J’apprécie          3912
A l'occasion du “Grand Prix des Lectrices du magazine Elle” en 2020, j'avais eu l'occasion de découvrir la plume de l'écrivain italien, Paolo Giordano avec son très beau roman, « Dévorer le ciel ». Je n'ai donc pas hésité lorsqu'il m'a été proposé de lire son dernier, « Tasmania ».

Prenant d'abord pour thème le réchauffement climatique, son narrateur, physicien journaliste, doit se rendre au sommet du climat à Paris, en 2015, quelques jours après les attentats de novembre. L'auteur poursuit ensuite avec la bombe atomique et les débats inhérents à sa création.

Depuis la sortie cette été du film de Christopher Nolan sur l'un de ses créateurs, « Oppenheimer », ce sujet a été remis d'actualité avec la sortie de la biographie d'Oppenheimer ainsi que d'autres ouvrages à ce sujet.

J'ai aimé la façon dont l'auteur avait eu de traiter de ces différentes thématiques qui, au final, s'imbriquent assez bien. Alors que cette pléthore de thèmes différents peut dérouter plus d'un lecteur, j'ai totalement accroché à la construction du récit.

Le narrateur du livre, cet homme en crise, dont le profil est similaire à l'auteur lui-même, est très attachant, tout comme les personnages secondaires, si réalistes. Chacun de ceux-ci apportent bien quelque chose à l'histoire. Écrit d'une plume dont je reste conquise, le style fluide m'a accrochée très rapidement.

J'en ai beaucoup appris grâce à la partie consacrée au projet Manhattan qui se concrétisa par le largage des deux bombes atomiques sur les villes japonaises d'Hiroshima et de Nagasaki. le texte est ponctué de témoignages de survivants qui sont touchants et émouvants.

Bien souvent, plus contemplatif qu'actif dans ce qui va mal, le narrateur se pose les questions quasi universelles de savoir ce que nous sommes, où nous allons et que va devoir ce monde.

Au final, j'ai beaucoup aimé ce livre très humain où l'auteur dévoile intimement ses tourments personnels, relationnels et professionnels. Définitivement, Paolo Giordano est l'un des auteurs à retenir en matière de littérature transalpine !
Lien : https://www.musemaniasbooks...
Commenter  J’apprécie          340
Tasmania
Un titre attirant, intriguant.
Et puis plouf ! point de Tasmanie ou si peu.
C'est plutôt une plongée dans les tourments du narrateur, écrivain et journaliste scientifique.
Ses problèmes de couple m'ont profondément ennuyée, voire agacée.
Les va-et-vient entre les évocations de ses différents amis n'ont pas non plus créé d'attaches au fil des pages.
J'ai pagayé, j'ai pagayé, à la recherche d'une île,
ne trouvant nulle terre où arrêter le tournis.

Trop de sujets tuent le sujet.
Crise climatique, crise de couple, prêtre à la dérive, scientifique qui largue les amarres, climatologue spécialiste des nuages qui voudrait laisser sa trace dans le ciel des hommes, et pour emmêler le tout, un narrateur qui cherche son sujet de roman.
Non, j'oubliais ; la bombe atomique pour faire exploser l'ensemble. C'est d'ailleurs pour ce dernier point que j'ajouterai une étoile à mon appréciation.

Un roman-essai qui évoque peut-être un monde prêt à exploser par la faute de l'homme. Réchauffement climatique que personne ne prend assez au sérieux, pris que nous sommes dans les filets de nos vies. Trop occupés à nous regarder le nombril, à l'image du narrateur et de ses amis, on ferait pourtant mieux de regarder les nuages au-dessus de nos têtes, et les bombes aussi tiens, puisque des imbéciles, en quête de sale gloire, font joujou avec.

Je remercie Babelio et les Éditions le bruit du monde pour ce roman atypique dont je n'ai pas su entendre la voix, mais qui plaira sans doute à d'autres lecteurs.

Commenter  J’apprécie          281





Lecteurs (177) Voir plus



Quiz Voir plus

L'écologiste mystère

Quel mot concerne à la fois le métro, le papier, les arbres et les galères ?

voile
branche
rame
bois

11 questions
255 lecteurs ont répondu
Thèmes : écologie , developpement durable , Consommation durable , protection de la nature , protection animale , protection de l'environnement , pédagogie , mers et océansCréer un quiz sur ce livre

{* *}