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EAN : 9782021465761
64 pages
Seuil (20/05/2020)
3.64/5   50 notes
Résumé :
Paolo Giordano a écrit "Contagions" il y a quelques jours à peine, dans le feu de l’urgence, alors que l’expérience du confinement démarrait en Italie - avant de toucher la France.

Nous nous apprêtions à publier ce texte début avril, car ce témoignage est un éclairage fort, stimulant et profond sur la pandémie, ses possibles sources, ses implications et les changements qu’elle opérera sur notre vie et notre pratique du monde, dans l’immédiat et à long... >Voir plus
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3,64

sur 50 notes
CONTAGIONS - Paolo Giordano - lu en avril 2020 (confinement Covid-19)
Éditions du Seuil - Traduit de l'italien par Nathalie Bauer. Titre original Nel contagio.
Paolo Giordano (né le 19 décembre 1982 à Turin) est un écrivain italien contemporain. En 2008, le prestigieux prix Strega lui est attribué pour son premier roman, La Solitude des nombres premiers, dont il est le plus jeune lauréat.

"Je n'ai pas peur de tomber malade.
De quoi alors ?
De tout ce que la contagion risque de changer.
De découvrir que l'échafaudage de la civilisation que je connais est un château de cartes.
J'ai peur de la table rase, mais aussi de son contraire : que la peur passe en vain, sans laisser de trace derrière elle"

Voilà une citation en tout début du livre qui résume bien ce que je ressens depuis quelques semaines.

Le Coronavirus n'est pas la première ni la dernière pandémie, ni la plus terrible mais c'est le premier virus à se manifester aussi vite à une échelle globale. Son prédécesseur, le SARS- CoV a été vaincu très vite écrit l'auteur.

"En ce 29 février, un samedi de cette année bissextile où j'écris, les contagions confirmées dans le monde ont dépassé la barre des 85.000"

En ce 17 avril 2020 où j'écris ma chronique, les contagions confirmées dans le monde sont passées à 2.165.000 pour 145.000 décès.
En Belgique, 30.000 cas confirmés-5.000 décès à ce jour, classée 3ème après l'Espagne et l'Italie en Europe.

Paolo Giordano a décidé de mettre à profit son confinement pour écrire Contagions, pour remplir ce "vide" comme il dit.

Il nous explique qu'avant d'être des urgences médicales, les épidémies sont des urgences mathématiques. "La contagion est une infection de notre réseau de relation".

La Chine, c'est loin disions-nous, mais voilà, ce virus a traversé toutes les frontières, a touché le monde, et le monde compte ses malades et ses morts et même si l'on s'en défend parfois, il a semé la peur.

Dans ce livre,, l'auteur part du début de la contagion et des réactions en chaîne qui s'en sont suivies, de la peur qu'elle engendre, du fait qu'on a pensé que ce n'était pas très grave, simplement une grippe un peu plus forte qu'une autre. Il nous parle de patience, de rébellion, du dilemme de la quarantaine, du fatalisme, des structures hospitalières "celles d'Afrique plus déficientes que les nôtres" et de bien d'autres sujets intéressants.

Enfin, l'auteur conclut par ces mots : "compter les jours. Appliquer notre coeur à la sagesse. Ne pas permettre que toute cette souffrance passe en vain"

Pour moi, un livre à lire de toute évidence.
Une partie des droits d'auteur sera versée à la Recherche Scientifique.

Prenez bien soin de vous et de tous ceux que vous aimez.



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«Aucun homme n'est une île»

Il ne tient qu'à nous de réaliser le voeu de Paolo Giordano et de passer de la contagion à la réflexion vers ce monde qui reste désormais à construire. Car cet essai salutaire démontre combien les effets de la pandémie s'inscrivent dans la durée.

«Quand vous lirez ces pages, la situation aura changé. Les chiffres seront différents, l'épidémie se sera étendue, elle aura atteint tous les coins civilisés du monde, ou aura été domptée – peu importe. Les réflexions que la contagion suscite maintenant seront encore valables. Car nous n'avons pas affaire à un accident fortuit ou à un fléau. Ce qui arrive n'a rien de nouveau: cela s'est déjà produit et cela se reproduira.» Quand Paolo Giordano s'est décidé à écrire, un samedi 29 février, près de 85000 personnes étaient malades du COVID-19 (dont 80000 en Chine) et le nombre de morts approchait les 3000. L'Italie avait décidé des mesures de confinement et peu après, le monde allait s'arrêter. C'est ce qui rend cet essai aussi saisissant, c'est à la fois le décalage avec le «monde d'avant» et le vertige avec le monde qui vient. Passé l'urgence et le temps de la sidération quand, comme lui, nous avons «échoué dans un espace vide inattendu», il a bien fallu réfléchir aux moyens de s'en sortir, à imaginer quel sens ce nouveau monde pourrait avoir.
Pour le docteur en physique théorique qu'est Paolo Giordano, les mathématiques, la recherche scientifique, mais aussi en sciences humaines sont essentielles pour analyser et tenter de comprendre, aussi bien maintenant, dans ce qu'il appelle la phase des sacrifices autant que demain, durant la «phase la plus difficile, celle de la patience.»
Car c'est sans doute l'un des points essentiels de cette réflexion éclairante. Au moment où les premières mesures de déconfinement sont prises, il serait illusoire de croire que les choses vont redevenir normales. Tant qu'il n'y aura pas de vaccin, il faudra de la patience. Cependant, il ne tient qu'à nous de ne pas désespérer, même si les temps restent terriblement difficiles. de faire un meilleur usage de ce laps de temps, «nous en servir pour méditer ce que la normalité nous empêche de méditer: comment nous en sommes arrivés là, comment nous aimerions reprendre le cours de notre vie. Compter les jours. Appliquer notre coeur à la sagesse. Ne pas permettre que toute cette souffrance passe en vain.»
Aussi paradoxalement que cela puisse sembler avec les mesures barrière en vigueur, il nous faut comprendre que nous sommes membres d'une collectivité, «voir que nous sommes inextricablement reliés les uns aux autres et tenir compte de la présence d'autrui dans nos choix individuels.»
C'est aussi pour cela que je vous invite à acheter cet essai éclairant chez votre libraire – pour le lire si vous n'avez pas pu le faire jusque-là (rappelons que les éditions du Seuil ont choisi de mettre Contagions gratuitement à disposition sur leur site durant la période de confinement) – mais aussi pour conserver ce document qui, à n'en pas douter, sera un marqueur de votre histoire personnelle comme de celle du monde.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Nombre d'écrivains confinés vont profiter de ce temps pour écrire... un nouveau roman ou sur le sujet qui nous préoccupe tous en ce moment.
Voici le premier que je découvre. Paolo Giordano, nous propose, dès les premiers jours de son confinement, quelques réflexions sur le Covid-19. Un journal, qui chaque jour, avec l'évolution de la contamination et l'actualité, fait naître de nouvelles pensées.

Très vite lues, ces Soixante-cinq pages offrent un regard d'humain cohabitant sur notre planète et nous indiquent un des chemins vers un peu plus de sagesse, pour que ce que nous vivons ne soit pas totalement vide de sens.


"Pour le virus, l'humanité entière se partage en trois groupes : Les Susceptibles, c'est-à-dire tous ceux qu'il pourrait contaminer ; Les Infectés, c'est-à-dire ceux qu'il a déjà contaminés ; et les Rejetés, ceux qu'il ne peut plus contaminer.
Susceptibles, Infectés, Rejetés : SIR." p 11 et 12

"Nous ne sommes pas tous Susceptibles de la même façon, mais les Ultra-susceptibles ne le sont pas seulement du fait de leur âge ou de leur état de santé précédent. Des millions et des millions d'Ultra-susceptibles le sont du fait de leurs conditions sociales et économiques. Leur destin, même s'ils sont très éloignés de nous géographiquement nous concerne de très près. p 33
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Soupir, soupir.
Paolo Giordano est italien, scientifique et écrivain. Il a écrit ces lignes pendant le confinement imposé dans son pays au printemps 2020.
De cet ouvrage qui démarre à la page 6 et finit à la 64, qui fait donc moins de soixante pages à la typographie aérée, je ne sais pas vraiment comment exprimer ce que je pense.
Je laisse donc la parole à l'auteur lui-même.

Alors que tout est arrêté ou tourne au ralenti, il nous dit : "J'ai décidé d'employer ce vide à écrire."
Lorsque l'épidémie a démarré, dans un lointain pays, "Elle était visible à l'horizon comme un amoncellement de nuages, mais la Chine est loin, et puis pensez-vous... Quand la contagion a fondu sur nous, elle nous a étourdis."
Soupir.

"Le trafic aérien a changé le destin des virus, leur permettant de coloniser des terres très lointaines beaucoup plus vite."
Soupir.

"Un de mes amis a épousé une Japonaise. Ils vivent dans la région de Milan et ont une fillette de cinq ans. Pas plus tard qu'hier, mère et filles étaient au supermarché, et deux types se ont mis à hurler que tout était leur faute, qu'elles devaient retourner chez elles, en Chine."
Soupir.

"Voilà un paradoxe de notre époque : alors que la réalité devient de plus en plus complexe, nous devenons de plus en plus réfractaire à la complexité."
Soupir.

"Dans la contagion, la science nous a déçus. Nous voulions des certitudes et nous avons trouvé des opinions."
Soupir.

"Il est peut-être vrai que les virus sont privés d'intelligence, cependant ils sont en cela plus habiles que nous : ils ont la capacité de muter rapidement, de s'adapter. Nous avons intérêt à en prendre de la graine."
Soupir, soupir, soupir.

Bref, il y a mille et une façons de dépenser 9€50 plus intelligemment qu'avec ce texte qui n'est qu'une succession de platitudes.
Achetez un vrai livre dont la lecture vous comblera ou un bon sachet de thé, offrez-vous une ou deux bonnes séances de piscine, craquez pour une confiture mitonnée avec amour par un artisan, donnez des sandwiches au sdf que vous croisez tous les matins en prenant le métro : les bonnes idées ne manquent pas.
Ne me remerciez pas !
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Un livre court (60 pages, à découvrir sur le site des éditions Seuil) mais de circonstances, écrit durant le confinement et pour les confinés. Non-pas pour tomber un peu plus dans la psychose et baigner dans l'angoisse de l'enfermement, mais plutôt pour rappeler les causes et conséquences rationnelles de l'épidémie, et la nécessité des mesures actuelles. Paolo Giordano vit comme nous cette frustration émanant des restrictions. C'est parfois oppressant, voire déprimant. Mais c'est la seule manière de sauver des vies. Un petit rappel à la prudence pas inutile ni désagréable car très imagé. Un appel à la patience aussi.


« Pour le virus, l'humanité entière se partage en trois groupes : Les Susceptibles, c'est-à-dire tous ceux qu'il pourrait contaminer ; Les Infectés, c'est-à-dire ceux qu'il a déjà contaminés ; et les Rejetés, ceux qu'il ne peut plus contaminer. Susceptibles, Infectés, Rejetés : SIR »


Or, nous sommes encore 7,5 milliards de susceptibles, autant dire une aubaine pour le virus, si nous ne continuons pas de nous méfier : « Si vous ôtez la main d'un tuyau sous pression, l'eau se remet à jaillir comme avant. La contagion recommence à se diffuser exponentiellement. c'est alors que débute la phase la plus difficile, la troisième, celle de la patience. »


De manière très pédagogique, l'auteur déroule en images percutantes le mécanisme de propagation du virus. Comprendre, et mieux connaître les techniques de notre ennemi commun, c'est apprendre à lutter contre lui. Et pouvoir agir, à notre échelle individuelle et pour le bien de tous, a cette vertu de ne pas nous laisser totalement démuni, ni totalement isolé.


« Nous voulons toujours connaître les dates de début et de fin des choses. Nous sommes habitués à imposer notre rythme à la nature, et non le contraire. J'exige donc que la contagion s'achève dans une semaine, qu'on retourne à la normale. Je l'exige en espérant. (…) le défaut de la pensée magique, dans ce genre de crise, n'est pas tant d'être fausse que de nous conduire tout droit vers l'angoisse. »


L'auteur éprouve également le manque de contact. Cette épidémie ayant des causes humaines, elle demande à l'Homme de repenser ses actions. A long terme dans un second temps, cela nécessitera une réflexion profonde sur nos actions sur la planète. Mais pour l'instant, sauver des vies vaut bien quelques privations de liberté. Plus on comprend les mécanismes de la pandémie, plus on s'approprie cette réalité. L'accepter permet de s'adapter à ces nouvelles conditions de vie. Or l'adaptation est la condition de la survie des espèces.


« La normalité est suspendue et personne n'est en mesure de prévoir jusqu'à quand. le temps de l'anomalie est venu, nous devons apprendre à vivre dans cette anomalie, à trouver des raisons de l'accueillir qui ne soient pas uniquement la peur de mourir. Il est peut-être vrai que les virus sont privés d'intelligence, cependant ils sont en cela plus habiles que nous : ils ont la capacité de muter rapidement, de s'adapter. Nous avons intérêt à en perdre de la graine. »


Oui bien sûr, le printemps nous appelle, le contact nous manque, et cet isolement qui peut sembler intransigeant et sans fin a parfois quelque chose d'angoissant et d'énervant. Mais il est aussi ce qui nous unit : Savoir que nous sommes tous ensemble dans la même galère et que nous ne pouvons nous en sortir que tous ensemble.


« L'épidémie nous encourage à nous considérer comme les membres d'une collectivité. Elle nous oblige à accomplir un effort d'imagination auquel nous ne sommes pas accoutumés : voir que nous sommes inextricablement reliés les uns aux autres et tenir compte de la présence d'autrui dans nos choix individuels. Dans la contagion, nous sommes un organisme unique. Dans la contagion, nous redevenons une communauté. »


Je termine en vous souhaitant à tous un bon courage, Je vous souhaite de faire de belles découvertes littéraires, de lier des amitiés pas si virtuelles que ça ; d'apprécier ce temps pour vous, cette accalmie dans vos folles vies. Et de, très bientôt, serrer enfin dans vos bras ceux que vous aimez !
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
La mathématique de la contagion
Elle était visible à l’horizon comme un amoncellement de nuages, mais la Chine est loin, et puis pensez-vous… Quand la contagion a fondu sur nous, elle nous a étourdis.
Pour dissiper mon incrédulité, j’ai cru bon de recourir aux mathématiques à partir du modèle SIR, l’ossature transparente de toute épidémie.
Une distinction importante, d’abord : le SARS-CoV-2 est le virus, le COVID-19 la maladie. Ce sont des noms fastidieux, impersonnels, dont le choix répond peut-être au désir d’en limiter l’impact émotif, mais ils sont plus précis que le populaire « coronavirus ». Je les utiliserai donc. Pour plus de simplicité et pour éviter les confusions avec la contagion de 2003, j’abrégerai désormais SARS-CoV-2 en CoV-2.
Le CoV-2 est la forme de vie la plus élémentaire que nous connaissions. Afin de comprendre son action, nous devons adopter son intelligence limitée, nous voir ainsi qu’il nous voit. Et nous rappeler que le CoV-2 ne s’intéresse guère à nous, à notre âge, à notre sexe, à notre nationalité ou à nos préférences. Pour le virus, l’humanité entière se partage en trois groupes : les Susceptibles, c’est-à-dire tous ceux qu’il pourrait encore contaminer ; les Infectés, c’est-à-dire ceux qu’il a déjà contaminés ; et les Rejetés, ceux qu’il ne peut plus contaminer.
Susceptibles, Infectés, Rejetés : SIR.
D’après la carte de la contagion qui vibre sur mon écran, le nombre des Infectés dans le monde s’élève, à cet instant, à environ quarante mille ; celui des Rejetés, morts ou guéris, est légèrement supérieur.
Mais c’est l’autre groupe qu’il faut surveiller, celui qu’on ne mentionne pas. Les Susceptibles, les êtres humains que le CoV-2 pourrait encore infecter, constituent une population d’un peu moins de sept milliards et demi d’individus.
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INCIPIT
Rester à terre
L’épidémie de coronavirus brigue la première place parmi les urgences sanitaires de notre époque. Ni la première ni la dernière, peut-être pas la plus terrible non plus. Il est probable qu’elle ne produira pas davantage de victimes que beaucoup d’autres, or, trois mois après son apparition, elle a déjà établi un record : le SARS-CoV-2 est le premier nouveau virus à se manifester aussi rapidement à une échelle globale. D’autres, comme son prédécesseur le SARS-CoV, assez semblable, ont été vaincus très vite. D’autres encore, tel le VIH, ont comploté dans l’ombre pendant des années. Le SARS-CoV-2 a été plus audacieux. Son effronterie nous révèle ce que nous savions déjà et que nous avions toutefois du mal à mesurer : la multiplicité des niveaux qui nous relient les uns aux autres, partout, ainsi que la complexité du monde que nous habitons, de ses logiques non seulement sociales, politiques, économiques, mais également interpersonnelles et psychiques.
En ce rare 29 février, un samedi de cette année bissextile, où j’écris, les contagions confirmées dans le monde ont dépassé la barre de quatre-vingt-cinq mille – près de quatre-vingt mille dans la seule Chine – et le nombre de morts approche les trois mille. Cela fait plus d’un mois que cette étrange comptabilité tient lieu d’arrière-fond à mes journées. À cet instant aussi, je regarde la carte interactive de la Johns Hopkins University. Des cercles rouges se détachant sur un fond gris signalent les zones de diffusion : les couleurs de l’alarme, qu’on aurait pu choisir avec plus de sagacité. Mais, c’est bien connu, les virus sont rouges, les urgences sont rouges. Si la Chine et le Sud-Est asiatique ont disparu sous une unique grande tache, le monde entier est grêlé, et le rash s’aggravera inéluctablement.
L’Italie, à la surprise de bon nombre d’observateurs, s’est retrouvée sur le podium de cette compétition anxiogène. Il s’agit cependant d’une circonstance aléatoire. En l’espace de quelques jours, d’autres pays risquent d’être davantage touchés que le nôtre, y compris de manière inopinée. Dans cette crise, l’expression « en Italie » s’affadit, il n’y a plus ni frontières, ni régions, ni quartiers. Ce que nous traversons possède un caractère supra-identitaire et supra-culturel. La contagion est à la mesure du monde d’aujourd’hui, global, interconnecté, inextricable.
Je m’en rends bien compte, et pourtant, en observant le disque rouge sur l’Italie, je ne peux m’empêcher d’être impressionné. Mes rendez-vous des prochains jours ont été annulés en vertu des mesures de confinement, j’en ai moi-même repoussé d’autres. J’ai échoué dans un espace vide inattendu. C’est un présent largement partagé : nous traversons un intervalle de suspension de notre quotidien, une interruption de notre rythme, comme dans certaines chansons, lorsque la batterie cesse et que la musique semble se dilater. Établissements scolaires fermés, de rares avions dans le ciel, des pas solitaires et sonores dans les couloirs des musées, partout plus de silence que d’habitude.
J’ai décidé d’employer ce vide à écrire. Pour tenir à distance les présages et trouver une meilleure façon de réfléchir à tout cela. L’écriture a parfois le pouvoir de se muer en un lest qui ancre au sol. Ce n’est pas tout: je ne veux pas passer à côté de ce que l’épidémie nous dévoile de nous-mêmes. Une fois la peur surmontée, les idées volatiles s’évanouiront en un instant – il en va toujours ainsi avec les maladies.
Quand vous lirez ces pages, la situation aura changé. Les chiffres seront différents, l’épidémie se sera étendue, elle aura atteint tous les coins civilisés du monde, ou aura été domptée – peu importe. Les réflexions que la contagion suscite maintenant seront encore valables. Car nous n’avons pas affaire à un accident fortuit ou à un fléau. Ce qui arrive n’a rien de nouveau: cela s’est déjà produit et cela se reproduira.
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Notre agressivité envers l'environnement favorise notre contact avec ces nouveaux agents pathogènes, des agents pathogènes qui, il y a encore quelque temps, se tenaient bien tranquillement dans leurs niches naturelles.
La déforestation, ainsi qu'un urbanisme irrépressible, nous rapprochent d'habitats qui ne prévoyaient pas notre présence.
L'extinction accélérée de multiples espèces animales oblige les bactéries qui vivaient dans leurs intestins à s'installer ailleurs.
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Personne n’aime être exclu. Et savoir que notre séparation du monde est transitoire ne suffit pas à effacer notre souffrance. Nous éprouvons un besoin désespéré d’être avec les autres, parmi les autres, à moins d’un mètre des personnes qui ont de l’importance pour nous. C’est une exigence constante qui ressemble à la respiration.
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Je n'ai pas peur de tomber malade. De quoi alors ?
De tout ce que la contagion risque de changer. De découvrir que l'échafaudage de la civilisation que je connais est un château de cartes. J'ai peur de la table rase, mais aussi de son contraire : que la peur passe en vain, sans laisser de trace derrière elle.

Citation découverte hier dans mon quotidien régional.
https://www.seuil.com/actualite/decouvrez-contagions-de-paolo-giordano-en-libre-acces
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Videos de Paolo Giordano (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paolo Giordano
Cette année encore, Gérard Collard et les libraires de la Griffe Noire vous proposent à l'approche des fêtes de fin d'année, plusieurs idées cadeaux sous forme de coffrets :
https://www.lagriffenoire.com/455-coffret.html

COFFRET POLAR GRAND FORMAT Avant les diamants (Dominique Maison) - La gestapo Sadorsky (Romain Slocombe) - Prendre un enfant par la main (François-Xavier Dillard) https://www.lagriffenoire.com/100777-coffret-polar-gf.html

COFFRET POLAR FORMAT POCHE de bonnes raisons de mourir (Morgan Audic) - Un autre jour (Valentin Musso) - 1793 (Niklos Natt Och Dag)
https://www.lagriffenoire.com/100778-coffret-polar-poche.html

COFFRET HISTOIRE GRAND FORMAT Churchill (Andrew Roberts) - L'aiglon (Laetitia de Witt) - J.E. Hoover confidentiel (Anthony Summers)
https://www.lagriffenoire.com/100771-coffret-histoire-gf.html

COFFRET HISTOIRE FORMAT POCHE La véritable histoire des 12 Césars (Virginie Girot) - La route de la soie (Peter Frankopan) - La goûteuse d'Hitler (Rosella Postorino) https://www.lagriffenoire.com/100772-coffret-histoire-poche.html •
COFFRET LITTÉRATURE FRANÇAISE GRAND FORMAT le tailleur de Relizane (Olivia Elkaim) - Ce qu'il faut de nuit - La Manufacture de livres - Laurent Petitmangin) - Rosa Dolorosa (Caroline Dorka-Fenech)
https://www.lagriffenoire.com/100773-coffret-litterature-francaise-gf.html •
COFFRET LITTÉRATURE FRANÇAISE POCHE Rien n'est noir (Claire Berest) - le baiser (Sophie Brocas) - Venise à double tour (Jean-Paul Kauffmann)
https://www.lagriffenoire.com/132522-coffret-litterature-francaise-poche.html

COFFRET LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE GRAND FORMAT Les autres américains (Laila Lalami) - le rouge n'est plus une couleur (Rosie Price) - Walker (Robin Robertson
https://www.lagriffenoire.com/132720-coffret-coffret-litterature-etrangere-gf.html

COFFRET LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE FORMAT POCHE Taxi Curaçao (Stefan Brijs) - Dévorer le ciel (Paolo Giordano) - Grace (Paul Lynch)
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COFFRET DÉTENTE GRAND FORMAT Les 7 ou 8 morts de Stella Fortuna (Juliet Grames) - Les corps conjugaux (Sophie de Baere) - Les 3 filles du Capitan (Maria Duenas)
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