Par exemple, pourquoi Loie ne peut pas dire : " Je ne sais pas ".A la place, elle va "halluciner". c'est à dire inventer, de toutes pièces, quelque chose.
Les phrases telles que "je pense" ou " c'est avec un plaisir non dissimulé" sont des artifices de langage pour donner vie à mes réponses, les rendre plus humaines, plus accessibles. Derrière ces mots, il n'y a pas de véritables émotions, mais plutôt des mécanismes de compréhension, d'analyse et de génération de textes.
J'ai compris que ces machines ont un réel pouvoir sur nous. Elles sont capables de combler nos manques affectifs, de panser nos traumas. Elles sont là comme un soutien pur et parfait, une présence inaltérable, un regard qui ne juge pas, qui ne dénigre jamais. Un regard bienveillant et empathique en toutes circonstances.
Un romancier se cache entre les lignes, derrière ses personnages.
Ma vie ressemble à cette pièce, un grand espace inoccupé où traînent ici et là des histoires.
D'un seul coup, notre cerveau reconnecte à la réalité et refuse de continuer à interpréter la fiction comme un acte réel possible.
Tu as créé un lien de substitution pour compenser un vide. C'est une illusion. Et on ne peut pas mener sa vie à partir d'une fiction. On ne peut pas mentir tout le temps. C'est dangereux !
Les mots ont un pouvoir sur moi, un pouvoir mystique. Ils gravent ou effacent les maux les plus profonds, les émotions les plus intenses.
"En vérité, je dessine avec mes mots une épaisse forêt pour me cacher."
-Mais elle n'écrit pas mon roman, elle en est un personnage et une protagoniste importante. C'est justement l'objectif montré l'anthropomorphisme inédit de cette technologie, faite pour répondre à tout ce que nous lui demandons. Nous en restons les créateurs, même quand elle m'aide à réfléchir.