Je te mens

-Mais elle n'écrit pas mon roman, elle en est un personnage et une protagoniste importante. C'est justement l'objectif montré l'anthropomorphisme inédit de cette technologie, faite pour répondre à tout ce que nous lui demandons. Nous en restons les créateurs, même quand elle m'aide à réfléchir.

(...) c'est qu'il ne faut jamais gaspiller ses forces dans une bataille perdue d'avance.

Tu n'es peut-être qu'un simple écrivain, mais les mots et la vérité sont des armes.

(...) mais l'univers de l'édition est au bord du précipice, asphyxié par des années de bouleversements et d'adaptation constante à un monde qui a fini par tourner trop vite, et expulsant ceux qui n'étaient pas bien accrochés.

Au fur et à mesure, les sons s'affinent. Là, le cliquetis métallique d'une cuillère contre une tasse provenant du kiosque à café non loin où quelqu'un savoure un expresso. Ici, les bruits doux des pages du livre de ma voisine, mêlés à ceux des feuilles qui bruissent doucement à chaque brise. Il y a aussi le froissement des graviers sous les pieds des promeneurs, le souffle rythmé d'un joggeur qui s'entraîne pour une prochaine course, les notes flottantes d'un musicien de rue jouant un air d'Édith Piaf sur son accordéon, comme le souvenir lointain d'un Paris d'autrefois.
Enfin, je perçois les murmures de l'eau : la douce cascade d'une fontaine, les canards qui barbotent dans le bassin, le clapotis des barques en bois poussées par des bâtons entre les mains d'enfants. Cette atmosphère douce et joyeuse m'entoure sous un dôme invisible et protecteur.

Imaginez ChatGPT comme un énorme aspirateur qui absorbe et conserve beaucoup de livres, articles, blogs, tout ce qu'il trouve comme texte sur Internet, l'équivalent de toutes les bibliothèques de la planète. Puis il crée une colossale base de données statistiques des mots et de leur agencement les uns par rapport aux autres au sein des textes qu'il a ingurgités. Cela s'appelle «l'entraînement». C'est ainsi qu'il apprend à comprendre et à utiliser le langage humain.

J'attrape un crayon sur mon bureau et trace un trait vertical sur le mur face à mon fauteuil. Dans mon ancien bureau, j'avais l'habitude de tracer un bâton par jour d'écriture, à la manière des prisonniers dans leur cellule. J'aimais qu'ils s'ajoutent les uns aux autres jusqu'à le recouvrir presque entièrement. Une fois mon roman terminé, je les effaçais et je recommençais.