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Citations sur Les Maîtres de l'Heure. Essais d'histoire - Morale cont.. (27)

Et enfin il a appris aussi peu à peu, sinon à se bien connaître lui-même, tout au moins à prendre conscience de ce pour quoi il n'était pas fait. Et il n'était pas fait pour écrire toute sa vie des romans naturalistes. A force de vivre avec les gens, on finit par s'apercevoir qu'on ne leur ressemble pas. D'autre part, ses insuccès répétés, — ses heureux insuccès, — allaient achever d'éclairer sur sa méprise l'auteur de Palmyre Veulard. Une fois, deux fois, on peut bien accuser son éditeur d'un échec; sept fois de suite, c'est difficile, et quand on a un peu de bon sens, mieux vaut s'en prendre à soi même qu'à son libraire ou au public. Rod était modeste, et il ne manquait pas de bon sens; il devait vaguement sentir d'ailleurs qu'il y avait en lui quelque chose de différent des autres, une personnalité, peut-être encore embryonnaire, mais qu'il s'agissait de dégager et de développer. Cette personnalité, il ne serait peut-être pas impossible, en cherchant bien, dans ses premiers romans, d'en entrevoir les premiers linéaments. Il semble qu'elle ait assez vivement frappé Maupassant, qui disait de son jeune confrère : " Grandi parmi les protestants, il excelle à peindre leurs mœurs froides, leur sécheresse, leurs croyances étriquées, leurs allures prêcheuses. Comme Ferdinand Fabre racontant Ies prêtres de campagne, il semble se faire une spécialité de ces dissidents catholiques, et la vision si nette, si humaine, si précise, qu'il en donne dans son dernier livre, Côte àCôte révèle un romancier nouveau, dune nature bien personnelle, d'un talent fouilleur et profond ".

Edouard Rod. II
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Ce n'était certes pas encore un écrivain de bien grand avenir que le « pauvre petit Vaudois » qui, à vingt et un ans, un matin de septembre 1878, débarquait à Paris de l'express de Bâle, avec la ferme intention de « se vouer à la carrière des Lettres ». Mais s'il était fort ignorant d'une foule de choses, notamment de la littérature française contemporaine, il était laborieux, plein d'une grande bonne volonté et d'un ardent désir d'apprendre. Il avait une personnalité déjà intéressante, complexe, où l'inquiète sensibilité maternelle s'unissait à la souple intelligence, au robuste sens pratique hérité de son père; sa candeur et sa timidité ne l'empêchaient pas d'utiliser ses expériences, de saisir au vol les occasions favorables. (...)
Il avait enfin un commencement de culture cosmopolite, et, par-dessus tout, une passion pour les Lettres véritablement touchante dans sa naïveté même. Avec tout cela, et un peu de chance, on pouvait réussir : il réussit.

Edouard Rod. I
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L'un des biographes les mieux avertis et les plus pénétrants d'Edouard Rod, M. Paul Seippel, observe que, dans le canton de Vaud. la Réforme n'a jamais été un fruit naturel du sol, mais une importation bernoise, imposée par la politique et maintenu par la force, et il attribue à cette longue habitude historique le peu de goût qu'a toujours manifesté l'écrivain pour les minorités religieuses dissidentes, pour les hérétiques, quels qu'il fussent. — un Père Hyacinthe, même un Lamennais, — et sa sympathie pour toutes les religions d'autorité, en particulier pour le catholicisme. On pourrait tout aussi bien expliquer ces tendances par de vieilles hérédités catholiques que l'action toute matérielle, et subie plutôt qu'acceptée, d'une Réforme étrangère n'aurait pu complètement abolir. Ouoi qu'il en soit, et sans qu'il y ait eu, semble-t-il, dans son cas, de crise bien douloureuse , quelques lectures philosophiques aidant, l'esprit de son père finit par l'emporter en lui sur les croyances maternelles.

Edouard Rod. I
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Son père, qui fut « régent » aussi, puis libraire, semble avoir eu une intelligence fort avisée et pratique. et même volontiers sceptique: on nous le donne pour «un esprit fort de petite ville». Sa mère au contraire, qu'il perdit vers l'âge de dix ans, avait une vive imagination, et le tour de sa sensibilité inclinait à un ardent mysticisme : c'était une âme invinciblement inquiète et triste. Elle faisait partie de la secte austère et farouchement piétiste des darbystes.

Edouard Rod. I
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Edouard Rod était un triste : il l'était par nature, avant de l'être par réflexion et par expérience, et, comme il arrive toujours en pareil cas, l'expérience et la réflexion n'allaient pas s'aviser d'infliger un démenti à la nature.

Edouard Rod. I
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Edouard Roda a raconté lui-même, avec une verve attendrie et très savoureuse, l'histoire de ses débuts à Paris. vrai roman d'aventures littéraires que celui-là, et qui évoque mainte figure disparue, tout un coin du Paris d'autrefois. (...) C'est ensuite tout le petit monde qui gravitait autour d'Emile Zola, Huysmans, Maupassant, Hennique, Paul Alexis; c'est Alphonse Daudet, avec sa conversation étourdissante; c'est Catulle Mendés, « beau comme un dieu du Nord », c'est Emile Hennequin, c'est le pauvre Villiers de L'Isle-Adam.

Edouard Rod. II
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Il disait lui-même qu'il n'aurait su calculer le nombre d'heures de profonde jouissance qu'il devait à Wagner. Ce fut une révélation, une véritable initiation religieuse. A cet art complet qui nous prend par les sens comme par le cœur, par la pensée comme par le rêve, qui s'adresse à l'homme total, et qui semble littéralement " remplir nos besoins ", comme eût dit Pascal, il se livra tout entier, et pour ne plus se reprendre. Il a été hanté toute sa vie, — et plus d'un de ses romans en porte la trace, — par le rêve d'art de l'auteur de Parsifal. Sa conception de l'amour, — du douloureux, tragique et adorable amour, — lui vient en droite ligne du drame wagnérien.

Edouard Rod. I
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A Bonn, à Berlin, il suivait des cours universitaires, s'ouvrait à la pensée et à la vie allemandes, amassait entre temps des impressions de nature et d'art. Les minuties de l'érudition germanique le rebutaient ; mais il lisait avec ravissemment les poètes. les lyriques, Heine surtout; il découvrait Schopenhauer qui n'eut pas de peine à le convertir au pessimisme, et cela bien avant qu'on ne parlât sérieusement du philosophe en France. Enfin et surtout, il s'enivrait de Wagner. On ne saurait, je crois, s' exagérer, — et M. Seippel l'a très bien vu, — l'influence exercée par cette prodigieuse musique sur la sensibilité, sur l'intelligence et sur l'œuvre d'Edouard Rod.

Edouard Rod. I
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A un autre point de vue, il eut la bonne fortune de suivre les cours de (Charles Secrétan, ce subtil, original et généreux penseur, dont peut-être n'a-t-il pas subi réellement l'influence, mais qui lui ouvrit certainement de nouveaux horizons, et qui lui a en tout cas servi de modèle pour le portrait d'Abraham Naudié.

Edouard Rod. I
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A l'heure où nous en sommes d'ailleurs, la préoccupation littéraire, dans la pensée d'Edouard Rod, laissait bien loin derrière elle la préoccupation religieuse. Au collège de Lausanne où il entra à l'âge de quinze ans, il scandalisait l'excellent pasteur chargé du catéchisme en lisant effrontément à sa barbe les Châtiments et des romans de Dumas père; il s'éprenait de Musset; bref, il se repaissait de littérature romantique.

Edouard Rod. I
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