Victor Giraud
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Les Maîtres de l'Heure. Essais d'histoire - Morale contemporaine, tome 2
Résumé :
Et il va sans dire que je n'ai pas eu la prétention, en ces deux volumes, de mesurer l'effort total d'une génération, qui, si elle n'a peut-être pas été très heureuse, a du moins beaucoup travaillé, dans les ordres les plus divers, pour réparer les ruines que lui ont léguées ses devancières. .Mon enquête, de propos très délibéré, a été purement littéraire.
Avant-Propos
Sa mère au contraire, qu'il perdit vers l'âge de dix ans, avait une vive imagination, et le tour de sa sensibilité inclinait à un ardent mysticisme: c'était une Ame invinciblement inquiète et triste. Elle faisait partie de la secte austère et farouchement piétiste des darbystes. La maladie, qui vint l'assaillir de très bonne heure, ne fit que renforcer et qu'exaspérer ces tendances natives. On l'envoyait avec son fils, qui lui servait de garde-malade, tantôt dans la riante campagne parmi les paysans des bords du lac, tantôt « là-haut », au pied du Jura, au sein dune âpre et sévère nature, « toute chargée de nostalgies ».
Edouard Rod. !
Dans Au milieu du chemin, l'écrivain nous a laissé quelques pages émues où il évoque le douloureux souvenir de ses lointains tête-à-tête avec le dur paysage, avec une mère paralytique et lentement agonisante : « J'étais un enfant imaginatif et sensible. Ces spectacles me pénétraient sans que je les comprisse, me façonnant une Ame de désir et de nostalgie.... Je suis le fils d'un paysage triste et d'une malade : c'est pour cela que je n'ai pas l'âme heureuse.... »
Edouard Rod. I
Je crois très sincèrement qu'il manquerait quelque chose à cette série d'études où j'essaie de définir l'esprit et de caractériser la physionomie morale d'une même génération littéraire, si je n'y faisais pas une place à Edouard Rod. Il n'a pas eu sur le mouvement des idées contemporaines une action décisive, mais il a été un témoin singulièrement averti, impartial et fidèle de son temps. Je ne sais pas d'œuvre où se soient plus complètement et plus curieusement reflétées que dans la sienne les diverses tendances qui, depuis plus d'un quart de siècle, se sont disputé la direction de la pensée française. Ajoutez à cela qu'étant Suisse, apportant parmi nous une éducation, une culture, bref, une « Mentalité » assez différente de la nôtre, il n'a pas réagi exactement, comme pouvait le faire un Français de France, contre le milieu où il s'est trouvé placé ; il a mis sa note personnelle dans le courant des préoccupations d'aujourd'hui : en se réfractant dans ses livres, les courant d'idées ou de sentiments qui s'entrecroisent à travers notre vie présente ont pris comme une teinte particulière qui les rend plus faciles à démêler et à suivre. Voilà, je pense, plus de raisons qu'il n'en faut pour justifier cet essai.
Edouard Rod
Pour expliquer cette disposition foncière d'esprit et d'âme, il serait assez vain sans doute de faire appel à la « race ». Les Vaudois ne passent pas pour avoir l'humeur particulièrement sombre, et Edouard Rod était de pure race vaudoise. Né le 29 mars 1857 à Nyon, « la jolie ville vaudoise aux vieilles maisons étagées en gradins au bord du Léman », il appartenait à une famille de notaires ruraux jadis assez aisés qu'on trouve installée dans le pays de Vaud dès le dernier quart du xvi° siècle. Son grand-père était « régent », c'est-à-dire maître d'école. Son père, qui fut « régent » aussi, puis libraire, semble avoir eu une intelligence fort avisée et pratique. et même volontiers sceptique: on nous le donne pour «un esprit fort de petite ville». Sa mère au contraire, qu'il perdit vers l'âge de dix ans, avait une vive imagination, et le tour de sa sensibilité inclinait à un ardent mysticisme : c'était une âme invinciblement inquiète et triste. Elle faisait partie de la secte austère et farouchement piétiste des darbystes.
Edouard Rod. I
Son père, qui fut « régent » aussi, puis libraire, semble avoir eu une intelligence fort avisée et pratique. et même volontiers sceptique: on nous le donne pour «un esprit fort de petite ville». Sa mère au contraire, qu'il perdit vers l'âge de dix ans, avait une vive imagination, et le tour de sa sensibilité inclinait à un ardent mysticisme : c'était une âme invinciblement inquiète et triste. Elle faisait partie de la secte austère et farouchement piétiste des darbystes.
Edouard Rod. I