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Citations sur Les Maîtres de l'Heure. Essais d'histoire - Morale cont.. (27)

Sa mère au contraire, qu'il perdit vers l'âge de dix ans, avait une vive imagination, et le tour de sa sensibilité inclinait à un ardent mysticisme: c'était une Ame invinciblement inquiète et triste. Elle faisait partie de la secte austère et farouchement piétiste des darbystes. La maladie, qui vint l'assaillir de très bonne heure, ne fit que renforcer et qu'exaspérer ces tendances natives. On l'envoyait avec son fils, qui lui servait de garde-malade, tantôt dans la riante campagne parmi les paysans des bords du lac, tantôt « là-haut », au pied du Jura, au sein dune âpre et sévère nature, « toute chargée de nostalgies ».

Edouard Rod. !
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Pour expliquer cette disposition foncière d'esprit et d'âme, il serait assez vain sans doute de faire appel à la « race ». Les Vaudois ne passent pas pour avoir l'humeur particulièrement sombre, et Edouard Rod était de pure race vaudoise. Né le 29 mars 1857 à Nyon, « la jolie ville vaudoise aux vieilles maisons étagées en gradins au bord du Léman », il appartenait à une famille de notaires ruraux jadis assez aisés qu'on trouve installée dans le pays de Vaud dès le dernier quart du xvi° siècle. Son grand-père était « régent », c'est-à-dire maître d'école. Son père, qui fut « régent » aussi, puis libraire, semble avoir eu une intelligence fort avisée et pratique. et même volontiers sceptique: on nous le donne pour «un esprit fort de petite ville». Sa mère au contraire, qu'il perdit vers l'âge de dix ans, avait une vive imagination, et le tour de sa sensibilité inclinait à un ardent mysticisme : c'était une âme invinciblement inquiète et triste. Elle faisait partie de la secte austère et farouchement piétiste des darbystes.

Edouard Rod. I
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Pâle et triste à donner le spleen, maigre comme un séminariste, chevelu comme un barde et regardant la vie avec des yeux désespérés, jugeant tout lamentable et désolant, imprégné de la mélancolie rêveuse, poétique, sentimentale des peuples philosophants, dépaysé dans l'existence vive, rieuse, ironique et bataillante de Paris, Edouard Rod, un des familiers d'Emile Zola, erre par les rues avec des airs de désolation.

Tel était, à vingt-cinq ans, au témoignage de Guy de Maupassant (1), le romancier du Sens de la Vie. S'il avait, physiquement, un peu changé au cours des années, il avait gardé jusqu'au bout sur toute sa personne cet air de tristesse morne qui frappait si vivement l'auteur de Pierre et Jean, et qu'on retrouve d'ailleurs dans presque tous ses livres.

1. Maufrigneuse (Guy de Maupassant), Edouard Rod (Gil Blas, 1882).

Edouard Rod. I
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Je crois très sincèrement qu'il manquerait quelque chose à cette série d'études où j'essaie de définir l'esprit et de caractériser la physionomie morale d'une même génération littéraire, si je n'y faisais pas une place à Edouard Rod. Il n'a pas eu sur le mouvement des idées contemporaines une action décisive, mais il a été un témoin singulièrement averti, impartial et fidèle de son temps. Je ne sais pas d'œuvre où se soient plus complètement et plus curieusement reflétées que dans la sienne les diverses tendances qui, depuis plus d'un quart de siècle, se sont disputé la direction de la pensée française. Ajoutez à cela qu'étant Suisse, apportant parmi nous une éducation, une culture, bref, une « Mentalité » assez différente de la nôtre, il n'a pas réagi exactement, comme pouvait le faire un Français de France, contre le milieu où il s'est trouvé placé ; il a mis sa note personnelle dans le courant des préoccupations d'aujourd'hui : en se réfractant dans ses livres, les courant d'idées ou de sentiments qui s'entrecroisent à travers notre vie présente ont pris comme une teinte particulière qui les rend plus faciles à démêler et à suivre. Voilà, je pense, plus de raisons qu'il n'en faut pour justifier cet essai.

Edouard Rod
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Je n'ose me flatter d'avoir, dans les pages qui vont suivre, réalisé pleinement ce genre de critique, dont je ne suis pas, on le sait assez, l'inventeur. Mais si mes observations, mes recherches et surtout mes conclusions débordent à chaque instant la pure littérature, j'espère que, loin de m'en vouloir, on m'en saura quelque gré. Je serais heureux que ces conclusions, quelques correctifs qu'elles puissent appeler dans la suite, fussent jugées dignes de quelque attention par ceux qui s'intéressent à l'histoire morale de la France contemporaine.

Victor Giraud.

Versailles, décembre 1913.

Avertissement à la première édition
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Cette enquête, je le sais, n'est pas complète. Mais les enquêtes de ce genre le sont-elles jamais? Il suffit peut-être qu'elles ne soient pas trop incomplètes. J'aperçois, certes, parmi nos aînés, plusieurs écrivains qui, à des titres divers, auraient mérité eux aussi de figurer au nombre des « maîtres de l'heure » ; mais quelques-uns d'entre eux peuvent évoluer encore : aussi bien. ai-je gardé le secret espoir et le ferme désir de les étudier tous de mon mieux quelque jour.

Avertissement de la première édition
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Mais le livre est quelque chose cependant, précisément parce qu'il reflète et parfois, inspire la vie: et si je ne m'abuse, une enquête même purement littéraire pourra ne pas être inutile à ceux qui voudront bien connaître la France d'aujourd'hui. Car, d'abord, la littérature, de notre temps surtout, touche à tant de choses, qu'on peut dire que la vie sociale tout entière vient s'y réfléchir comme dans le plus limpide et le plus fidèle des miroirs.

Avant-propos
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