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Critique de Calimero29


Livio, 17 ans, a choisi, pendant l'année du bac, de centrer l'exposé qu'il doit faire en cours d'histoire, sur la figure méconnue mais essentielle de Magnus Hirschfeld, médecin juif homosexuel allemand, qui a lutté toute sa vie pour l'égalité hommes-femmes et pour les droits des homosexuels. Il a été le premier à utiliser la démarche scientifique pour prouver que l'homosexualité n'est ni une maladie, ni un vice, ni un crime. Il avait rassemblé une collection inestimable de 20 000 livres, constituant le fond de l'Institut de la Sexologie qu'il avait fondé en 1919. Ils furent tous brûlés en un terrible autodafé le 10 mai 1933. Traqué par les nazis, il s'exile à Nice, en 1933, où il meurt deux ans plus tard et où il est enterré.
Livio a trouvé dans cet homme courageux, qui a toujours défendu ses convictions au péril de sa vie, un modèle et une aide pour, à travers lui, trouver la force d'exprimer son homosexualité.
Les conséquences vont être terribles; il va être dénoncé, ainsi que la professeur d'histoire, par deux garçons, soutenus par leurs parents, pour avoir évoqué le changement de sexe, l'homosexualité; une pétition demande leur renvoi. C'est alors que Livio disparaît.
Six personnes, par un monologue, s'expriment sur leur ressenti à l'égard de Livio, de son exposé et la plupart sont écrasés par la culpabilité de n'avoir pas compris la souffrance de l'adolescent. Chacun refait l'histoire avec des "si", pour conjurer la peur, ce qui rappelle le procédé stylistique que l'auteur utilise dans "Vivre vite", le Goncourt 2022. Chacun livre une facette de Livio.
* Camille, celle qui était considérée comme sa petite amie, part à Nice, cinq mois après la disparition, sur ses traces et regrette de ne pas avoir su interpréter sa réserve à son égard, voyant en elle son amie mais pas sa petite amie.
*Mme Martel, la professeur d'histoire, qui s'en veut de n'avoir pas su protéger Livio après son exposé.
*Arthur, un des plus virulents à l'égard de Livio, qui ne pensait pas que tout cela irait si loin.
*La mère de Livio, écrasée par la vie quotidienne, qui n'a pas su écouter son fils quand il en avait besoin, qui écrit pour comprendre, pour faire face à son sentiment de culpabilité.
*Le père de Livio, qui, lui aussi, regrette d'avoir eu honte de ce fils fragile, pas assez viril à son goût.
*Et enfin, Livio, qui nous livre sa vérité, sa souffrance et sa décision.

Ce livre très émouvant, bouleversant de justesse, m'a profondément touchée; d'abord visuellement avec les très belles illustrations de Laurie Lecou qui a choisi les fleurs et une page rouge, symbole de l'énergie vitale, pour introduire chaque prise de parole et avec la qualité du papier, très agréable au toucher.
J'ai été émue par le courage de cet adolescent de 17 ans, timide, qui se livre à 30 camarades de classe, qui s'expose mais qui ne peut supporter le déchaînement de rejets, d'insultes, de haine que sa prise de parole déclenche. Émue aussi par les personnages qui s'expriment, qui sont perdus, qui prennent conscience de leurs erreurs vis-à-vis de Livio; le style est parfaitement adapté à chaque personne, le langage est parlé, conférant une grande sincérité aux prises de parole successives.
Enfin, j'ai découvert qui était Magnus Hirschfeld, dont je n'avais jamais entendu parler et son combat courageux.
Pour tout cela, ce roman, destiné à un public adolescent mais qui touchera aussi les adultes, est un coup de coeur, un coup au coeur qui résonnera encore en moi pendant quelque temps.
Je remercie Babelio et les éditions L'école des loisirs pour toutes les émotions ressenties et pour m'avoir offert l'occasion de lire pour la première fois un texte de Brigitte Giraud.
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