La paix enfin. Poser son regard sur le jour éblouissant, regarder l’invisible, des heures, qui s’appuie sur chaque branche, chaque pétale ivre. Se baigner des parfums, ne rien faire qu’être le moment, sans futur, sans griffe du passé, être maintenant, inondé de lumière matinale, sans amertume en bouche. N’avoir à respirer que le silence, le souffle léger comme un murmure, avec la soie d’une brise de mer qui caresse la peau, boire le soleil doucement comme un lait d’or. Même les ombres sont solaires, surtout les ombres, puisque dessinées par la lumière avec du bleu et des restes de nuit.
La terre se donne. Si elle repousse, c’est qu’on a fermé quelque chose en soi.
Les quais, l’île Saint-Louis, Ma Dame la cathédrale, c’est beau Paris, même en hiver. Mais tu n’as pas ma préférence, ma jolie, je suis un homme marié au voyage. Je t’aime en éphémère, pour des petites nuits, des courtes distances, des fragments.
L’enfance a le mérite sublime de rester seulement curieuse de la vie. Elle en ressent magnifiquement la beauté et toute déception est un immense chagrin.
Ce devait être cette joie,cette envie de vivre plus que quiconque,puisque échappée du massacre,qui me plaisait,ces visages qui portaient avec fierté la jeunesse survivante et qui respiraient ce printemps de Sarajevo toute pudeur dégrafée.
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Elle avec moi retrouvé son adolescence,ses premiers émois,ses désirs secrets.
Un jour, l'homme a attaché le temps à une chaîne. Il le mit dan sa poche e le consultant de temps en temps. De temps en temps. Puis il voulut le temps enchaîné à son poignet, croyant ainsi l'apprivoiser et le dominer. Mis c'est le temps qui enchaîna l'homme. Il oublia de lire les ombres de reconnaître les signes. Il désappris ce que le soleil lui avait enseigné. C'est ainsi qu'il fut prisonnier du temps
Il manque le geste et le dire.
L'amour, ça doit se lire tout de suite
Ce n'est pas une partie de cache-cache.
Mais je me suis aperçu que, dans l'amour, elle se recevait elle-même. Je sentais cela, cette fusion indépendante, ce mariage solitaire avec sa jouissance à elle. Même son regard se perdait en elle. Elle aurait pu en aimer un autre à ce moment-là, mais elle ne le savait pas. Elle n'avait pas appris peut-être, ou trop souvent seule. On n'apprend pas l'amour seul. Il faut être deux pour être un dans l'oubli du monde, de soi pour l'autre, et se fondre dans la lumière, sans ombre. (p. 160)
J’ai aimé tricher avec le vécu, j’ai inventé, recousu, sculpté autrement la réalité proposée. J’ai occulté une part de l’essentiel. J’ai filmé l’instant sans le vivre jamais. J’avais peur de le perdre.