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Critique de TerrainsVagues


« Il y a trois sortes de gens, les morts et les vivants et ceux qui sont en mer »
Aristote revisité par Lavilliers (A suivre…)

Le livre se referme et je reste un long moment le regard dans le vague comme pour prolonger l'instant. En fait je crois que je ne peux rien faire d'autre, je suis sonné. Un, deux, trois… je titube… neuf, dix. KO !!! le dernier uppercut émotionnel aura été fatal.

« Les hommes à terre »… quel titre… comme un naufrage à chaque fois et pourtant ils se relèvent... ou pas.

A terre, l'amer vient s'échouer sous les lueurs des ports, l'âme erre comme pour taire la mer.
Accoster c'est sortir de ce liquide amniotique, la seule véritable eau de vie qui enivre les gens de mer, c'est couper le cordon avec la mère. La vie s'évapore un peu plus à chaque escale.

Alors oui, l'alcool pour trouver la force d'affronter le quotidien des terriens ou plutôt les terriens tout simplement, parce qu'ETRE EN VIE ce n'est pas ça.
Se sentir vivre c'est se sentir vulnérable, fragile, se sentir humble. L'océan te rappelle à chaque seconde qu'il te tolère, qu'il t'accepte mais que lui seul décide. le terrien n'est que présomptueux et futile. Se sentir en vie c'est respirer cette liberté à plein poumons, c'est imaginer derrière l'horizon, c'est aller au bout de soi physiquement, moralement, c'est se mettre en danger, tutoyer la peur…

Alors oui les femmes plutôt que La femme. Pas d'attaches, juste celles du port qui sommeille en chaque homme. le sexe pour le sexe pour là aussi se sentir exister et puis surtout parce que c'est peut être le meilleur moyen pour certains de repousser, d'oublier, d'enfouir ce besoin( ? ) d'avoir un « pied-à-terre » affectif. Lâcheté pour les uns, bienveillance pour les autres ne voulant pas être qu'une absence pour un foyer sans braises. Bref, ils « rêvent » de la femme mais la fuient. Pas si braves que ça…
Il y en a bien qui franchissent le pas mais…
Le feu des instants complices vaut il toutes les périodes de doute ?

« Les hommes à terre », ce sont cinq nouvelles où la mer et la terre se confondent, où la vie côtoie la mort, où l'envie reste aux faubourgs de la crainte.
« Les hommes à terre » ce sont cinq destins pour une même histoire, le même mélange d'odeurs et de voyages : « C'est ça, le voyage, fragment d'une autre vie ».
« Les hommes à terre » c'est Bernard Giraudeau et sa prose poétique, crue, qui ma fait passé un merveilleux moment.

Attention fragile, ici la mer veille.
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