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EAN : 9782375170014
162 pages
RAZ éditions (01/07/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
Villes intérieures contient 107 poèmes de Xavier Girot, précédé de Portrait d'un éternel ami de Christian Lavigne et la dernière lettre manuscrite de Xavier Girot adressée à ce dernier.

Après sa disparition prématurée à l'âge de 20 ans en 1981, le meilleur ami et le frère de Xavier Girot ont proposé ses poèmes à quelques éditeurs de la place parisienne, n'obtenant aucune réponse. Au début de l’année 2016, son frère me proposa les textes en lecture, s... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Nous sommes quelques uns, trop peu nombreux, à avoir approché une comète poétique, une traversée furtive dans ce monde ayant laissé une mince lumière, pourtant si rayonnante. C'est cette étoile filante que je vous invite à découvrir de toute urgence.

Xavier Girot a choisi en 1981 de quitter ce monde bien avant la fin du siècle qui lui paraissait vain. Il avait vingt ans. On est très sérieux à vingt ans et mourir à cet âge c'est vouloir devenir une comète. Lui qui croyait en sa survie par la mémoire et la postérité, ("cette sublime illusion des grandes âmes" de son modèle Reverdy...), voit enfin son rêve se réaliser par l'entremise de son frère et de son meilleur ami d'alors. Et puis et surtout, grâce à Philémon le Guyader qui, en éditeur avisé, lui offre enfin une forme de résurrection en regroupant cent sept poèmes écrits entre dix-sept et vingt ans.

Et là, dès la première lecture, on se trouve face à une poésie brûlante dans "le brillant de la fièvre", à une déflagration avec ces quelques pensées désordonnées, ordonnées en poèmes avec "la fièvre au bas des pages".

A dix-sept ans, quel adolescent peut écrire aussi bien l'attente de l'amour "L'espoir d'un temps complet pour la beauté des choses [...] ta peau est mon approche" ? et en même temps laisser transparaître son désespoir avec tant de foisonnement "la vie me guette", "je suis né au ciel glauque regretté ivre". Cette jeunesse à qui l'on pardonne son exubérance adolescente dans la fougue et l'audace, légèrement ostentatoire, tant qu'elle apporte une créativité nouvelle.

Il n'est plus là pour expliquer sa démarche exigeante mais je le vois voulant aller plus loin, dépasser les mots pour dire le monde, par petites touches d'âpreté dans les atmosphères. A l'intérieur de ses pages, le jeune auteur cherche à apercevoir une autre lumière "sous le patronage misérable des lampadaires".

On sent les influences baudelairiennes (ce couvercle baudelairien qui masque l'horizon de l'auteur), avec cette "ligne d'horizon mauvaise habitée par l'enfance" mais aussi reverdiennes en sa recherche du choc poésie. J'y vois aussi une filiation dans le style avec Yves Mabin Chennevière, lui aussi trop peu connu et décédé en 2020. Les poètes sont en avance sur leur temps, c'est pour cela que personne ne les connaît.

Les lieux impriment fortement l'écriture de Xavier Girot, les villages "et le ruisseau d'entre les paysages", "la solitude des pierres", les "banlieues d'ombre" et les "éclats de montagne". Tous ces lieux qu'il intériorise si bien sans aucune nostalgie, ni attachement à une terre particulière. de même, l'absence de repères sur son époque rend le propos toujours actuel.

Et puis les villes. Dans ces villes, capitales ou non, le "paysage n'écrit pas comme les autres", les murs sont glabres, "les façades sûres et vides, les cours infirmes, les fenêtres ignorées.", "les murs de verre de suie", les "tours perchées dans les saisons ". Ce sont "des villes de lassitudes immenses", aux "rues vagues".

La ville de jour, de nuit, dans le vacarme, la rumeur ou le silence "le grand silence devint le grand présent / nous ne reviendrons jamais de nos cernes". Ces cernes que l'auteur n'a pas eu le temps de voir apparaître sur son visage, j'aurais tellement aimé voir vieillir ce poète...

Tout le monde le sait, nul n'est poète en son époque, trop en avance et en discordance avec les autres, quarante ans après sa disparition il est temps de faire rayonner ce jeune poète et lui offrir un peu d'éternité.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mais qui sait
à cette heure
dans quel corps je me tiens
dans quel visage je m'immacule ?
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et je t'ai trouvée prête aux yeux de tes routes, quelque part à la naissance des pierres, au kilomètre peau.
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sous le nom de fleur se cache peut-être
tout un peuple d'abeilles
et le bourdon de la prairie fait croire au travail
des clochers
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