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Citations sur Thomas Hardy : Figures de l'aliénation (36)

Hardy se donne pour objectif de faire ressortir l'étrangeté et l'absurdité de la vie et de toucher son lecteur en jouant sur son émotion.(...)
Il puise son inspiration dans une esthétique appartenant à la littérature gothique où l'on trouve des éléments du mélodrame, du macabre ou du grotesque.
Ses personnages si souvent stéréotypés et les nombreuses coincidences ironiques proviennent directement du mélodrame populaire et le romancier les utilise pour mettre en évidence l'artificialité de la société et l'absurdité de l'existence.
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Le destin des personnages hardyens s'avère terriblement lié à l'humaine condition.Les processus d'extranéation et de réification à l'oeuvre dans l'univers et la société se trouvent aggravés par le comportement des hommes, esclaves de leurs passions et de leurs pulsions.L'idée d'un asservissement aux passions n'est bien sûr pas neuve.Elle s'inscrit dans une tradition qui court de l'Antiquité aux Lumières en passant par la Renaissance, mais Hardy s'en démarque, y compris par rapport à d'autres romanciers victoriens.Alors que pour ses prédécesseurs comme pour beaucoup de ses contemporains encore, les passions peuvent être maîtrisées par le jugement, celui-ci a, chez Hardy, perdu sa souveraineté: des personnages tels que Gabriel Oak et Elizabeth-Jane, héros de type éliotien, voire austénien pour la jeune femme, disparaissent totalement dans les derniers romans.
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Le suicide ou la minéralisation représentent les stades ultimes des comportements de fuite que l'on peut observer chez de nombreux personnages hardyens.afin de combattre leurs frustrations et leurs angoisses devant l'expérience de la vie et l'attente de la mort, ils sont tentés de fuir leur village ou leur pays, de s'imaginer un destin, une maîtrise du monde, de recourir aux paradis artificiels et sensuels ou de s'inventer des mondes imaginaires.Ils finissent parfois par prendre conscience que leur aliénation est plus profonde,qu'elle se trouve en eux, au coeur de l'homme, et qu'ils sont leur propre prison.
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Les personnages solitaires, les ruines, les tombeaux sont omniprésents dans la fiction de Thomas Hardy et l'envahissent progressivement.Ces motifs s'inscrivent dans un courant philosophique, la philosophie de Schopenhauer notamment, et une veine esthétique, celle du gothique et du romantisme avec une attirance pour la mélancolie, la mort.
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Ne pouvant quitter une réalité intra-mondaine insignifiante et étrangère, le héros lui substitue un univers compréhensible, maîtrisable ou transfiguré par l'alcool, les sens ou l'imagination.La fuite métaphorique est bien cette quête du héros ayant pour but de donner un sens à un monde absurde et de gagner son lieu d'élection, sa patrie, celle de l'unité qu'évoque Lukacs:
"Mais il existe une aspiration de l'âme à qui n'importe que l'essentiel,d'ou qu'il vienne et quelles que soient ses fins; il existe une nostalgie de l'âme en qui l'appel de la patrie est si fort qu'il lui faut à tout prix avancer -dans une impétuosité aveugle- par le premier chemin qui semble le conduire chez elle; et si grande est cette ardeur qu'une telle âme peut poursuivre sa route jusqu'au bout; pour elle, en effet, il n'est voie qui ne conduise à l'essence, car c'est sa vraie patrie."
Cette quête, pour indispensable qu'elle soit, présente un caractère désespéré, démonique.Son terme est celui du roman, celui de l'aventure -et de la vie le plus souvent- d'un héros qui renonce à la fuite.Car l'évasion métaphorique, tout comme la fuite littérale, aboutit à une impasse pour peu qu'on y recherche d'emblée l'absolu.
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Ainsi, les utopies des héros hardyens ont toujours pour fonction de substituer à une réalité déplaisante et frustrante un lieu d'épanouissement.Elles ont toutes un point commun un certain démonisme marquant le côté dégradé des valeurs auxquelles ils aspirent, leur aveuglement et don leur réification.Mais elles traduisent toujours un réel besoin de dépassement et représentent parfois, comme dans le cas de Jude, le passage obligé vers une meilleure connaissance du monde et de soi.
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Jude est bien le héros d'un roman,"l'histoire de cette âme qui va dans le monde pour apprendre à se connaître, cherche des aventures pour s'éprouver en elles et, par cette preuve, donne sa mesure et découvre sa propre essence".(Georg Lukacs, La Théorie du roman).
Les propos qu'il tient sont ceux du héros qui, au terme de sa vie, de son histoire, atteint un niveau de conscience que d'autres personnages n'entrevoient jamais: il comprend et accepte son aliénation personnelle et sociale, et cette compréhension et cette acceptation marquent le début de sa libération.(...)
A l'instar de l'auteur de romans selon Lukacs, Jude semble ressentir le désespoir de sa quête mais le désespoir plus grand encore contenu dans le triomphe du réel sur tout idéal.
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Loin de se contenter de mondes imaginaires, le héros hardyen voudrait réaliser ses rêves, trouver le lieu de son propre épanouissement, un lieu qui conjugue un idéalisme et un bonheur d'ordre purement individuel ou collectif.Il encourt alors le risque d'être pris par le démon de l'utopie, de transformer cette recherche utopique en quête dégradée dans la mesure ou les valeurs recherchées n'existent que dans son imagination, ont perdu leur caractère authentique ou ne sont pas partagées par la communauté ou il vit.Son utopie progressiste ne se réduit-elle pas souvent en fait à une nostalgie, celle du mythe de l'éternel retour ou du roman des origines?
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Nous avons observé dans la deuxième partie de notre étude la croyance de nombreux habitants du Wessex hardyen en une fatalité, en un destin d'origine extérieure.Il convient certes de replacer cette croyance dans le cadre de sociétés encore très traditionnelles et fermées, malgré les avancées scientifiques et l'ouverture sur le monde extérieur.Ce que ces superstitions nous enseignent en outre c'est la volonté farouche et éternelle de l'homme, qu'il soit "primitif" ou "moderne", de fuir l'angoisse d'un néant et d'une liberté qui l'écrasent.Face à l'absurdité, il reste attaché à tout ce qui peut conférer du sens à l'existence, le déresponsabiliser ou lui donner une illusion de pouvoir sur un destin qui lui serait extérieur.
En avançant progressivement dans la "modernité", l'homme fait l'expérience de son "décentrement" dans un temps et un espace qui lui échappent ou l'écrasent.L'existence d'une fatalité, d'un Dieu le replace au centre du monde: même malveillant, ce Dieu s'intéresse à l'homme et ses volontés donnent l'illusion d'un monde intelligible.Superstitions et croyances possèdent ce que Bergson appelle la "fonction fabulatrice".
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Le destin qui poursuit l'homme est son propre destin.Il ne peut échapper à ce destin qui résulte avant tout de ses choix.Ceux-ci se rappellent à son bon souvenir sous la forme d'un passé qui ressurgit sans cesse.
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