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Critique de Alfaric


Le plaisir de la découverte étant dissipé, il faut maintenant bien cerner les caractéristiques de ce cycle. Il ne faut s'attendre ni à une complexité vertigineuse, ni à une prose étourdissante, ni à un festival d'action non stop. le worldbuilding est épuré, le magicbuilding est épuré, le dramatis personae évolue au fil des événements des romans (certains personnages apparaissant, d'autres disparaissant) et l'alternance des POVs ne permet pas vraiment d'approfondir la caractérisation des personnages.
Nous sommes avec ce 3e livre dans la saison 3 d'un très sympathique roman feuilleton d'environ 3000 pages. Chaque chapitre est une histoire en soi, l'auteur effectuant une coupure toutes les 400 pages pour qu'à 1 livre corresponde 1 saison. Ce qui nous fait 1 livre tous les 6 mois pour les lecteurs : le rythme est donc bien pensé.
Mais je commence à percevoir les limites inhérentes au projet. le côté autodidacte de l'auteur se ressent dans l'hétérogénéité des POVs certes, mais aussi de l'ensemble : on change souvent de ton voire de registre d'un chapitre à l'autre (pas facile d'alterner tragi-comique, mélancolie douce-amère, romance fleure bleue, les utopies sociales des exilés du Goulet ou des amazones du Jourd, le grimm & gritty de la dystopie totalitaire des Gardiens de Lothar et Rufus avec leurs crimes de masse…)
Il y évidemment un plan d'ensemble, mais on sent quand même qu'on se laisse volontiers porter les personnages qui eux-mêmes se laisse volontiers porter par les événements. Comme le dit l'auteur lui-même, au bout de 4 chapitres, on a tellement divergé de la ligne d'origine qu'il vaut mieux changer son fusil d'épaule… ^^

J'ai un peu moins apprécié ce tome 3 que les tomes 1 et 2, principalement parce qu'il présente un faux air de tome de transition.
Mais j'avoue avoir des atomes crochus avec cette belle aventure :
- Parce que je suis sur la même longueur d'onde que l'auteur concernant les homines crevarices.
Le monde semble divisé en 2 catégories : il y a ceux qui vivent leur vie et ceux qui veulent contrôler celles des autres pour se donner un sentiment de supériorité, et ces derniers sont prêts à tout et au reste pour être puissant et le rester…
Que dit Théod à son ancien camarade révolutionnaire qui rejoint les tortionnaires ?
« Que reste-t-il d'humain en toi, toi qui veut utiliser ta force pour exploiter les faibles ? »
Que dit Kenshiro Orville à Jagi Cravan ?
« Que reste-t-il d'humain en toi, toi qui veut utiliser ta force pour exploiter les faibles ? »
- Parce que je reste persuadé qu'il s'agit d'un cycle de Fantasy classique différent qui peut constituer une bonne alternative aux autres cycles de Fantasy classique.
On pioche dans la littérature française (Jules Verne), la littérature américaine (Fritz Leiber) et la littérature allemande (Wolfgang Hohlbein), certains passages dégagent un parfum de SFFF des années 1970, d'autre un parfum plus subtil qui renvoit aux classiques de la littérature générale (j'ai bien aimé « la princesse des marais » et « la sorcière des taillis »).
Cela sent la patine, cela sent le vintage. Pour moi c'est un compliment et donc je laisse les hipsters habituels à leurs lubies littéraires habituelles (tout ceux qui considèrent que tout ce qui est daté de plus de 15 ans est vieillot, désuet, dépassé, poussiéreux, à la papa, bref has been…).
- Orville est roublard et un peu paillard, bref rabelaisien, mais il se fait progressivement le défenseur de la veuve et l'orphelin.
Mine de rien, il marche dans les pas des héros tels Vaelin al Sorna, Corvus, Rictus, Corfe, Skilgannon, Druss, Waylander…
"Ne viole jamais une femme, ne fais pas de mal aux enfants.
Ne mens pas, ne triche pas, ne vole pas. Laisse cela aux gens médiocres.
Protège les faibles contre les forces du mal.
Et ne laisse jamais l'idée de profit te guider sur la voie du mal."
- et puis il y a cet hommage à la littérature avec la rencontre d'un mage aveugle avide de lecture et d'une jeune padawan qui s'est pris au jeu de l'écriture avec la rédaction de son journal…


Pour tout reste direction spoilerland : (et dire que ce n'est qu'un tome de transition !)
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