La légende de Kaelig Morvan, tome 2 : Le sang de la pierre philosophale

Toute action portait forcément à conséquence et toute étincelle venait de s'éteindre dans les yeux de son bien-aimé. Elle avait fait son choix. Elle avait condamné le monde en permettant au sorcier de remporter la victoire dans le seul but de sauver deux personnes qui lui étaient chères. Telle était la faiblesse de l'espèce humaine : prendre le risque de sceller le sort de milliers d'êtres humains pour préserver deux vies.

Aela réalisa alors qu'elle avait omis un détail d'une importance capitale, une variante imprévisible et pourtant fondamentale dans le cœur des êtres humains : l'amour. De tous les pouvoirs, il était le plus grand, car lui seul permettait aux hommes de se surpasser. Certes, la haine et la peur représentaient également des sources de grand potentiel, mais l'amour pur et sincère puisait sa force dans ce qu'il y avait de meilleur en nous.

L'humanité ne se définit pas dans la lame d'une épée, la force d'un bras ou le poids d'une bourse. Elle prend sa source dans la bonté d'un geste désintéressé.

La véritable force d'un ami est d'être là quand on a besoin de lui.

- (…) N'oublie jamais ceci, jeune fée : ton pouvoir dépasse l'entendement. Ne l'utilise pas simplement parce que tu en es capable. Tu auras à justifier chacune de tes actions devant le seul maître qui est à la fois juge et bourreau.
- Qui est-il ? s'enquit Aela.
- Ta conscience, répondit le dragon en disparaissant sous les flots.

Peu à peu, son cœur de père cicatrisait, car la douleur était grande depuis plus d'un an. Il avait observé sa fille se détruire et pleurer le passé. Il l'avait vue se faire rejeter par les autres sans pouvoir intervenir, car il n'aurait fait qu'empirer la situation. Tel était son rôle de père : laisser sa fille apprendre de ses erreurs et surmonter les difficultés de la vie.

Prends garde de ne pas décider pour les autres de leur propre bonheur.

Tu as perdu une mère et un frère, mais perdre un enfant est une douleur que personne ne peut entrevoir, car ce n'est pas dans l'ordre des choses. La nature n'est pas ainsi faite.