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Citations sur Angélique - Marquise des anges, tome 3 : Fêtes royales (4)

_Avez-vous bien compris le tour qu'il nous a joué, quand il nous a quitté sous prétexte de son passage dans la région pour aller inspecter le port de La Rochelle? J'ai été informée. Après la visite rapide de un ou deux navires, il s'est rendu à Brouages.
_Elle n'y était plus pourtant!...
_Marie? En effet elle n'y était plus et il le savait. Et c'est bien pire. Il voulait revoir la maison où elle avait habité, s'étendre dans le lit où elle avait dormi. Et il a pleuré toute la nuit.
Elles soupirèrent encore.
_C'est bien dure loi que celle de l'amour, dit Mademoiselle.
_Mieux vaut n'en rien connaître, dit la reine mère.
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Enfin, il y en avait des pages et des pages ! Presque griffées et déchirées par des plumes rageuses et suppliantes que « l’ordinaire » – les cavaliers de la poste quotidienne – mais aussi des courriers réquisitionnés dans l’instant portaient au galop, partant en tous sens à travers le royaume. Cette année-là du Languedoc à la Provence, puis Paris, La Rochelle, Brouage en Vendée, Bordeaux et à nouveau le Languedoc, la Provence, les coursiers lancèrent partout des cris de panique.

Cris d’amour, cris de reproche, protestations d’amour, adieux déchirants, reproches, appels au devoir des rois responsables des peuples.

De sa nièce, Mazarin, ne cessait de rabattre les mérites.

« Sire, elle est fausse et ne cherche qu’à se venger de moi en retenant votre attention... »

Ce qui irritait Louis XIV et le rendait plus virulent encore pour la défense de celle qu’il aimait et qui ravissait tout son être. Marie ! Marie ! Elle avait fait entrer la lumière dans son existence inquiète.

La crainte montait, car Louis et Marie séparés ne cessaient de correspondre, et il était impossible que les échos de leur passion aberrante ne parvinssent pas jusqu’aux rives où dans les brumes marines de la Bidassoa Mazarin se débattait avec le coriace don Luis de Haro.

S’infiltrait le soupçon d’une impardonnable insulte faite au roi d’Espagne dont la fille, l’infante Marie-Thérèse, était mise en balance dans l’acceptation d’un roi, avec une obscure Italienne.
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Ces secrets, celui du roi et de Marie, et celui du cardinal Mazarin qui commençait avec la plus grande prudence des pourparlers lourds de conséquences, demeurèrent longtemps cachés.

Ils explosèrent ensemble à l’occasion de la visite au Louvre – premières prémices de cette paix tant annoncée – d’un adversaire espagnol qui avait connu la défaite à la dernière bataille des Dunes, et qui se présentait pour saluer sa tante, la reine Anne d’Autriche.

Il s’agissait de don Juan José d’Autriche, fils naturel de Philippe IV que celui-ci avait eu avec une comédienne.

La reine Anne ne put s’empêcher d’accueillir ce « neveu » qui avait beaucoup de prestance, parlait admirablement et qui lui faisait espérer qu’un jour elle allait pouvoir retrouver son frère bien-aimé, le roi Philippe IV

Il fut de toutes les fêtes.

Mais le drame éclata. Par une indiscrétion de la suite de don Juan, le roman d’amour entre le roi et Marie de Mancini fut révélé.

Le Roi alla aussitôt trouver le cardinal qui était son parrain et son protecteur depuis sa petite enfance, et l’avertit, croyant avoir choisi le prétexte qui ferait céder l’obstacle qu’il redoutait, qu’il ne saurait mieux le remercier de ses services qu’en lui demandant l’autorisation d’épouser sa nièce Marie de Mancini.

Si ambitieux qu’il fût pour le bon établissement de sa famille, le projet ne pouvait se présenter plus catastrophique pour Mazarin, alors qu’il ouvrait des négociations destinées à mettre fin à la guerre franco-espagnole, laquelle depuis plus de dix ans, soutenue par Condé le traître, ruinait la France.
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L’air était pur et lumineux comme il en est des hivers de Provence.

Le petit village de Cotignac, depuis plus d’un siècle centre d’un pèlerinage réputé, paraissait s’écouler de la falaise même, avec ses toits de tuiles roses, ses fontaines rassurantes sous le soleil vibrant, ses grottes accueillantes à la prière et la méditation. Au loin, par-delà un moutonnement de collines et de plaines, on avait parfois l’illusion de discerner, mêlé au bleu du ciel, l’azur de la Méditerranée.

Au pied de la falaise aux couleurs changeantes, la reine Anne d’Autriche sa mère, dans l’église agenouillée, revivait les moments d’angoisse et d’espérance qu’elle avait traversés vingt-deux années plus tôt, épouse partagée entre le royaume de son mari le roi Louis XIII et l’Espagne de ses deux frères : Philippe IV et le cardinal-infant Ferdinand, ennemis déclarés de la France.

La malédiction de sa stérilité l’accablait alors, après plus de vingt années d’une union sans charme où le spectre de la répudiation sans cesse brandi par l’intolérant cardinal de Richelieu dont elle dérangeait les plans politiques avait transformé les jours de sa vie en cauchemar, à elle, femme jeune et belle encore, reine de France abandonnée de tous. Elle n’avait eu d’alternative pour survivre que de se laisser porter par la Foi et l’Espérance. C’était l’instant suprême où seule apparaissait pour la sauver l’intervention de Dieu, où seuls les « mystiques » avaient pu relever son courage. Au cours des années, dans sa grande détresse, eux seuls avaient pu soutenir cette femme affligée, la pauvre reine de France Anne d’Autriche, vivant dans l’anxiété perpétuelle de ne point devenir mère.

Seules ces humbles et pieuses voix chuchotant, murmurant avec tendresse et conviction la promesse divine, lui avaient rendu force et confiance en elle-même et en son corps menacé du pire échec à infliger à une femme, et qui la rejetait vivante hors de la vie : la stérilité.

Les mystiques et leur chaleureuse charité, celle même de Dieu sur terre, par leurs voix ferventes qui s’élevaient de couvents discrets, de pèlerinages méconnus sans autre ambition que de transmettre le message divin, l’avaient consolée.
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