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Citations sur Angélique, tome 2 : Le chemin de Versailles (4)

Au fond d'elle-même, Angélique savait bien que le feu de l'amour dont elle avait été consumée, ce terrible feu qui avait aussi consumé son amour, ne s'éteindrait jamais. Il durerait toute la vie.
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_Dites-moi, vous qui savez tout, dites-moi que je ne suis pas devenue indigne de "lui". C'était un homme qui avait dominé ses disgrâces et la pauvreté, au point de régner sur l'esprit des autres comme peu d'êtres peuvent le faire... Mais moi, moi, que n'ai-je pas dominé?... Vous qui savez d'où je viens, souvenez-vous et dites-moi: suis-je indigne de ce prodigieux phénomène de volonté qu'était le comte de Peyrac?... Dans la force que j'ai développé pour arracher ses fils à la misère, ne reconnaitrait-il pas la sienne? ... S'il revenait...
_Oh! ne vous cassez donc pas la tête, mon ange, fit Desgrez de sa voix trainante. S'il revenait... Eh bien, s'il revenait, autant que j'ai pu jugé de cet homme, je pense qu'il commencerait par vous flanquer une volée de bois vert. Ensuite, il vous prendrait dans ses bras et vous ferez l'amour jusqu'à ce que vous demandiez grâce. Puis, tous les deux, vous vous préoccuperiez de trouver un coin tranquille pour y attendre vos noces d'or.
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Elle dit, en montrant Philippe à Desgrez :
– Voyez-vous ce gentilhomme en habit de satin bleu ciel ? Eh bien, je vais l'épouser.
Desgrez feignit l'étonnement.
– Ah ?... Mais n'est-ce pas le petit cousin qui a joué avec vous, certain soir, à la taverne du Masque-Rouge ?
– Lui-même, confirma Angélique avec un mouvement provocant du menton. Eh bien, qu'en pensez-vous ?
– De quoi donc ? Du mariage ou du petit cousin ?
– Des deux.
– Le mariage est un sujet délicat, et je laisse à votre confesseur le soin de vous en entretenir, mon enfant, dit Desgrez d'un ton docte. Quant au petit cousin, je constate avec regret que ce n'est pas du tout votre genre d'homme.
– Comment cela ? Il est pourtant très beau.
– Précisément. La beauté est bien ce qui est le moins susceptible de vous séduire chez les hommes. Ce que vous aimez en eux ne sont pas les qualités qui les rapprochent des femmes, mais ce qui les en différencie : leur intelligence, leur vue du monde, pas toujours très juste peut-être, mais qui vous semble nouvelle, et aussi le mystère de leur fonction virile. Oui, madame, vous êtes comme ça. Ce n'est pas la peine de me regarder avec cet air choqué derrière votre masque. J'ajouterai que, plus un homme se détache du troupeau commun, plus vous le reconnaissez pour maître. C'est pourquoi vous aimez les originaux, les parias, les révoltés. Voilà pourquoi vos amours ne finissent pas toujours très bien. Pourvu qu'un homme sache vous distraire et vous faire rire vous êtes prête à le suivre jusqu'au bout du monde. Que, par là-dessus, il ait la robustesse et la science suffisantes pour combler les exigences de votre petit corps raffiné, vous lui pardonnez tout. Or, celui-ci n'est pas sot, mais il n'a pas d'esprit. S'il vous aime, vous risquez fort de vous ennuyer mortellement en sa compagnie.
– Il ne m'aime pas.
– Tant mieux. Vous pourrez toujours vous distraire à essayer de vous faire aimer. Mais, pour l'amour physique, je parierais sans peine qu'il est moins subtil qu'un laboureur.
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Il revint. Il arrivait le soir, grattait aux carreaux selon un signal convenu. Elle allait lui ouvrir sans bruit. Et, dans la tiédeur de la petite chambre, près de ce compagnon tour à tour bavard, caustique et amoureux, elle oubliait le dur labeur de la journée. Il lui racontait les scandales de la Cour et de la ville. Cela l'amusait car elle connaissait la plupart des personnages dont il parlait.
- Je suis riche de toute la peur des gens qui me craignent, disait-il.
Mais il ne s'attachait pas à l'argent. C'est en vain qu'elle voulait le vêtir plus décemment.
Pour un bon dîner qu'il acceptait sans d'ailleurs faire le geste d'ouvrir son escarcelle, il disparaissait huit jours et, quand il se représentait, hâve, affamé, souriant, elle le questionnait en vain. Pourquoi, puisqu'il s'entendait si bien avec les bandes argotières de Paris, n'allait-il pas, à l'occasion, faire bombance avec elles ? On ne l'avait jamais vu à la tour de Nesle. Pourtant, étant l'un des personnages importants du Pont-Neuf, sa place y était marquée. Et, avec tous les secrets qu'il connaissait, il eût pu faire «chanter» bien des gens.
- C'est plus amusant de les faire pleurer et grincer des dents, disait-il.
Il n'acceptait de l'aide que de la main des femmes qu'il aimait. Une petite bouquetière, une fille de joie, une servante, après s'être livrées à ses caresses, avaient le droit de le gâter un peu. Elles lui disaient : «Mange, mon petit» et le regardaient engloutir avec attendrissement.
Puis il s'envolait. Comme la bouquetière, la fille de joie ou la servante, Angélique éprouvait parfois le désir de le retenir. Allongée, dans la chaleur du lit, près de ce long corps dont l'étreinte était si vive et si légère, elle passait un bras autour de son cou et l'attirait près d'elle.
Mais, déjà, il ouvrait les yeux, notait la lueur de l'aube derrière les petits carreaux sertis de plomb. Et il sautait hors du lit, s'habillait en hâte, disparaissait.
En vérité, il ne tenait pas en place. Il était possédé d'une manie assez rare à l'époque et qui de tout temps s'est payée fort cher : la manie de la liberté.
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