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Citations sur Journal des Goncourt, tome 3 (15)

Mardi 24 septembre 1895.
Un quartier de lune d'argent sur un ciel rose, les sommets des grands arbres dans une brume de chaleur ; et dans le silence endormi du parc, le bruit de pluie d'un jet d'eau.
p. 1177
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Dimanche 27 janvier 1895.
Je pensais, cette nuit, qu'une des causes des implacables inimitiés littéraires que je rencontre était la propreté de ma vie. Oui, c'est positif en ce temps, on a le goût de la vie malpropre. En effet, quels sont, en ce moment, les trois dieux de la jeunesse ? Ce sont Baudelaire, Villiers de l'Isle-Adam, Verlaine : certes trois hommes de talent, mais un bohème sadique, un alcoolique, un pédéraste assassin.
p. 1079
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Mercredi 20 novembre 1889.
Aujourd'hui, le sculpteur Carriès, qui s'occupe de céramique, est venu me voir pour étudier mes poteries japonaises. Il a parlé d'une manière très intéressante de la cuisson en plein air ou dans des fours non complètement fermés, où le lèchement des flammes apporte des réussites imprévues, inespérées. Et son admiration va, comme la mienne, à ce qui n'a rien de porcelaineux, de glaceux, à de la poterie semblable à un morceau de bambou ou à une enveloppe de coloquinte.

En me rendant à pied chez la Princesse, je m'arrête un moment devant le fruitier exotique de la rue de Berri, qui a exposé un fruit qu'il désigne sous le nom de 'jack', fruit de l'Indo-Chine. Le curieux de ce fruit à l'écorce brunâtre et qui a le grain d'une peau du Levant, avant qu'elle soit écrasée pour la reliure, c'est que c'est tout à fait la couverte d'un porte-bouquets japonais que je montrais deux heures avant à Carriès et qui est bien certainement l'imitation de ce fruit.

p. 349
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Jeudi 9 novembre 1893.
Voici qu'en sortant de table, Léon Daudet, avec son emballement ordinaire, se met à proclamer que Wagner est un génie supérieur à Beethoven, et se montant, se montant, arrive à affirmer que c'est un génie aussi grand qu'Eschyle, que son PARSIFAL égale PROMETHEE.

Là-dessus, son père lui dit que, dans le langage 'non articulé' qui est la musique, Wagner lui a donné des sensations comme aucun musicien, mais que dans le langage 'articulé', qui est la littérature, il connaît des gens qui sont infiniment au-dessus de lui, notamment le nommé Shakespeare.

Alors Rodenbach, qui est là, prend la parole --et ce soir, il parle merveilleusement --, déclarant que les vrais grands sont ceux qui s'affranchissent des modes, des enthousiasmes, des engouements épileptiques d'un temps, et établissant que la supériorité de Beethoven est de parler à la 'cérébralité', tandis que Wagner ne s'adresse qu'aux nerfs, déclarant qu'on sort de l'audition de Beethoven avec un sentiment de sérénité, tandis qu'on sort de l'audition de Wagner endolori, comme si on avait été roulé par les vagues, un jour de grosse mer.

Puis la conversation déraille, et elle va à Rops, à cet aquafortiste du royaume de Satan, et c'est pour Rodenbach une occasion pour faire un amusant historique de la légion satanique, en tête de laquelle étaient Baudelaire et Barbey d'Aurevilly, et qui se continue aujourd'hui par Verlaine et Huysmans, légion qui avait pour opposition la légion 'bondieusante' et mystique, dont Veuillot avait le commandement.

p. 884.
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Vendredi 19 avril 1889.

Je voulais travailler aujourd'hui, mais les roulades des oiseaux, la nage folle des poissons sortant de leur léthargie de l'hiver, le bruissement des insectes, l'étoilement du gazon par les blanches marguerites, le vert pointant dans le haut des pousses pourprées des pivoines, le vernissage des jacinthes et des anémones par le soleil, le bleu tendre du ciel, la joie de l'air d'un premier jour de printemps m'ont fait paresseux et habitant de mon jardin toute la journée.

p. 260
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Vendredi 3 février 1888.

Je m'étais promis d'avance, comme une occupation charmeresse, de travailler toute cette quinzaine à notre JOURNAL et de mener à sa fin la copie du troisième volume, mais soudain, au milieu du déchiffrement de la microscopique écriture de mon frère dans les dernières années de sa vie, je me sens un trouble dans les yeux, qui se mettent à se remplir de sang, et je ne puis continuer : la lumière me fait mal et me force à me coucher... Alors, la pensée noire de ne pas pouvoir finir mon travail pour l'impression et de voir s'interrompre la publication de ce journal, dont je ne puis confier le manuscrit à personne. Et au fond, le hantement de l'idée fixe, alors, la pensée noire de devenir aveugle - ce que je crains, depuis vingt ans, sans vouloir me l'avouer -, oui, de devenir aveugle, moi, dont tous les bonheurs qui me restent sur la terre viennent uniquement de la vue.

p. 93
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Samedi 30 janvier 1892.
Pour être connu en littérature, être universellement connu, on ne sait pas combien il importe d'être homme de théâtre. Car le théâtre, pensez-y bien, c'est toute la littérature de bien des gens, et de gens supérieurs, mais si occupés qu'ils n'ouvrent jamais un volume n'ayant pas trait à leur profession, l'unique littérature en un mot des savants, des avocats, des médecins.

p. 659
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Dimanche 6 janvier 1895.
Carrière, qui était à la parade de la dégradation militaire de Dreyfus, perdu dans la foule, me parlant de "La patrie en danger"*, me disait que moi, qui avais si bien rendu le mouvement fiévreux de la rue pendant la Révolution, il aurait voulu que je fusse là et que bien certainement, j'aurais tiré quelque chose du frisson de cette populace.

Il ne voyait rien de ce qui se passait dans la cour de l'Ecole Militaire et avait seulement l'écho de l'émotion populaire par des gamins montés sur des arbres, s'écriant, lorsque Dreyfus arrivait, marchant droit : "Le salaud !" et quelques instants après, à un moment où il baissa la tête : "Le lâche !"

Et c'était pour moi l'occasion de déclarer, à propos de ce misérable, dont je ne suis cependant pas convaincu de la trahison, que les jugements des journalistes sont les jugements des gamins montés sur des arbres et que dans une occurrence semblable, il est vraiment bien difficile d'établir la culpabilité ou l'innocence de l'accusé sur l'examen de son attitude.

*La patrie en danger, pièce de l'auteur.

p. 1069
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Jeudi 14 juin 1888.

Rodin, le sculpteur, disparaît quelquefois de chez lui pendant quelques jours, sans qu'on sache où il va, et quand il revient et qu'on lui demande où il a été, il dit : "Je viens de voir des cathédrales."

p. 135
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Au sujet, de LA MAISON TELLIER, Toudouze contait qu'à l'enterrement de Maupassant, se trouvant dans la même voiture, que Hector Malot, celui-ci lui avait appris que c'était lui, qui avait donné l'épisode de la chose à Maupassant, mais qu'il avait gâté ce qu'il lui avait raconté, en terminant la nouvelle par une fête, tandis que la matrulle avait dit à ses femmes: «Et ce soir, dodo toute seule!»
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