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Citations sur Le crime de la Rue de l'Aumône (23)

« Tieven, Jaquemette m’envoie te chercher avec Janin. Quelque chose a été jeté dans notre puits qui l’empêche de tirer le seau. J’ai bien proposé mon aide mais elle n’en a pas voulu », ajouta Guillaume avec une moue de désapprobation.
Tieven partit d’un rire franc, son grand corps se secouait et il se mit à frotter plus ardemment la croupe du cheval qui lança un sabot en arrière, en signe d’agacement.
« Toi, avorton, tu pensais devenir le chevalier servant de la Jaquemette ! Sais-tu bien que ce rôle nous est réservé, à moi et à mon compère Janin ? Ainsi la belle nous appelle au secours ! T’a-t-elle dit comment elle nous payera de notre peine ? Par le sang Dieu, je sais bien qu’elle n’est pas aussi sage qu’elle le prétend ! Femme ne peut rester vacante si longtemps. Crois-moi, petit, c’est d’un homme que cette belle nature a besoin ! »
Guillaume se renfrogna. Vraiment ce Tieven était un vil coquin de parler ainsi de Jaquemette. Le garçon était surtout vexé d’être rejeté de cette façon dans le monde de l’enfance, lui qui sentait naître dans son corps, depuis quelques mois, de troublants émois lorsqu’une servante lui souriait ou le frôlait.
« Janin, cria Tieven, viens-t’en par ici, la Jaquemette a besoin de nous. » Janin apparut au seuil d’un entrepôt.
« Je dois finir d’abord de ranger ces balles pour messire Francequin qui est arrivé tantôt de Florence avec ses marchandises.
— Hâte-toi, je vais devant, tu nous rejoindras. Tant pis pour toi si j’obtiens le guerdon2 de Jaquemette ! »
»
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En pensant à cette morte, Sibille était partagée entre l’anxiété et la colère. Et son époux qui n’était pas à Lyon en ce jour pour prendre les choses en main !
Alors qu’elle assumait aisément, d’ordinaire, les devoirs d’une maîtresse de maison, distribuant les ordres et les remontrances aux domestiques, veillant à la tenue morale de tous, initiant ses enfants aux principes de la religion et à la lecture du psautier, elle se sentait incapable dans la circonstance d’aviser à ce qu’il convenait de décider ou de dire pour éviter un scandale !
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Dans cette ville, trop de seigneurs entrent en lice, songeait amèrement Arthaud tout en conduisant ses hommes. L’archevêque lui-même n’est-il pas constamment contesté par les orgueilleux chanoines du chapitre cathédral, ces trente-deux prêtres qui se font appeler « comtes de Lyon » ? Parce qu’ils sont nobles, riches en terres et en écus et qu’ils ont l’appui des cardinaux de la cour pontificale, ils osent prétendre gouverner la ville au même titre que le prélat !
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Si la loyauté de ses nouveaux sujets était tout acquise au roi de France, sur le terrain, en revanche, c’était une rivalité quotidienne entre sergents de l’archevêque et sergents royaux et plus d’un délinquant profitait de cette guerre des polices pour échapper au châtiment.
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Le prévôt donna le signal du départ ; la troupe se mit en marche, sortit du cloître Saint-Jean et prit la rue du Palais.

Quand ils passèrent devant la « Maison de Roanne », les sergents bombèrent le torse farouchement car dans cette grande bâtisse siégeaient, sous l’autorité du bailli-sénéchal, les officiers du roi de France qui imposaient à Lyon une police concurrente de celle du prévôt. Leur présence rappelait aux Lyonnais que l’archevêque n’était plus l’unique maître de la police et de la justice dans la ville, depuis que sa seigneurie, terre d’Empire, avait été annexée au domaine de France, cent cinquante ans auparavant, par une de ces audacieuses manœuvres politiques dont le roi Philippe le Bel était coutumier
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Messire de Varey passa la revue de sa petite escouade de cinq hommes, aucun n’avait oublié d’endosser la livrée brodée aux armes de leur maître, l’archevêque Charles de Bourbon, le seigneur de la ville. C’est que les sergents étaient fiers de ce costume qui leur valait l’admiration des femmes et l’envie de leurs voisins. Désireux de manifester leur supériorité et de défiler, glorieux, dans les rues de la cité, ils semblaient impatients de répondre aux ordres de leur chef. Ils arboraient hardiment les insignes de leur autorité et tenaient le poing fermé sur le pommeau de leur épée, brûlant de la sortir du fourreau, à la première sollicitation.
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La grosse cloche de la cathédrale venait de sonner la sixième heure quand le prévôt de police, Arthaud de Varey, rassembla ses sergents pour faire sa ronde habituelle. Il avait choisi de solides gaillards, carrés d’épaules, musclés et téméraires car l’on avait signalé des mendiants assez louches qui traînaient par les rues proches de la place des Changes et devant le parvis de Saint-Nizier, où se tenait la plus forte concentration de marchands étrangers pendant le temps de la foire. Il y avait là Bras-de-Fer, un homme terrible, dont la très haute taille en imposait à tous les délinquants, mais aussi Tout-Lourd, une masse de muscles qu’il fallait parfois retenir car sa violence naturelle trouvait un exutoire dans certaines arrestations.
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Jaquemette frissonna, Guillaume se serra légèrement contre elle pour retrouver un peu de chaleur car il lui semblait que tout son corps était saisi de glace.
Janin était déjà occupé à défaire le nœud solide qui assurait son compagnon, ses mains tremblaient un peu et il fit effort pour articuler : « Il faut prévenir monseigneur le prévôt, viens avec moi Tieven, je ne veux point être seul face à lui ou à ses sergents. »
Qu’un homme robuste comme Janin pût craindre le chef de la police laissa Guillaume songeur : aurait-il donc quelque chose à se reprocher ?
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« Qu’y a-t-il Tieven ? demanda-t-elle, qu’as-tu vu qui t’a fait hurler comme cela ? »
Tieven reprenait péniblement son souffle, sa voix chevrotait encore quand il répondit : « Sur le seau, en travers du puits, il y a une femme, la tête fracassée. Elle n’est guère jolie à voir, le visage est tout éclaté ! »
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Voici que Tieven réapparaissait, le visage maculé d’une poussière grise qu’entaillaient de longues stries de sueur, ses cheveux collés sur la nuque. Mais ce que remarqua tout de suite Jaquemette, ce furent ses yeux, comme agrandis par la peur, fixes et noirs.
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