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Critique de YANCOU


"We might be lovers if the rhythm's right"...

Malheureusement, pour Kim Gordon et Thurston Moore, le rythme n'est plus à l'unisson depuis 2011, ce qui a d'ailleurs provoqué la fin de Sonic Youth, ou du moins une certaine mise en suspend puisque le communiqué de presse du label, plutôt laconique, ne disait rien d'un arrêt, mais plutôt d'une incertitude prolongée quant à la suite.

D'un côté nous avons Thurston qui continue d'enchainer les collaborations et a sorti deux excellents albums solos. de l'autre, Kim Gordon, qui se penche plutôt du côté de la mode, de l'art et de l'écriture. Girl in a band est ainsi paru en anglais en février de cette année, puis en français en mai dernier - on saluera au passage le travail rapide et pourtant soigné de la traductrice. Girl in a band est une catharsis, au départ. Kim y parle de son couple, de sa dissolution, mais, ne s'y attarde pas trop ; elle parle surtout d'elle en tant que bassiste, d'unique femme au sein d'un groupe de rock de renommée internationale, dans un milieu très masculin, souvent macho, de sa timidité, de son refus de jouer un rôle, d'endosser une tenue vestimentaire, un look, qui la rabaisserait au rang d'objet au sein de Sonic Youth, son envie de discrétion mêlée à un besoin de tout faire exploser sur scène. Et puis Kim Gordon nous offre un portrait assez saisissant de l'Amérique des années 60 jusqu'à aujourd'hui. On y croise ainsi Charles Manson, Andy Warhol, Gerhard Richter, Patti Smith, Iggy Pop, Lydia Lunch, Kurt Cobain, Gus van Sant et beaucoup beaucoup beaucoup d'autres - et c'en est parfois vertigineux à quel point sa route à croisée celle de tant de personnalités importantes du monde de l'art et / ou de la musique. Il y a les influences (The Stooges, Velvet Underground), la no wave new yorkaise, les clubs de l'époque, les tournées (les passages avec Michael Gira et ses Swans sont assez dingues), et puis le changement de cap à la fin des années 80 quand le groupe signe sur Geffen, une major (bientôt rejoint par Nirvana, avec le succès qu'on connaît). La traversée des années 90, surtout après la mort de Kurt Cobain, et finalement les années 2000 où d'ailleurs Kim Gordon revient alors sur son couple et les raisons de sa séparation d'avec Thurston Moore. Une épopée rock passionnante qui ne se délaisse pas pour autant des éternels clichés liés à cette scène, comme quand elle déclare que Sonic Youth ne "mange pas de ce pain là" en parlant de signer avec une major ou de faire des concessions pour mieux gagner sa vie, ou encore quand elle regrette le New York des années 80 où "il n'y avait pas encore de Starbucks" alors qu'en 2008 Sonic Youth a sorti en exclusivité une compilation réalisée par et disponible seulement dans les... Starbucks ! On n'est jamais à un paradoxe près dans le monde du rock (hum...) "alternatif". Néanmoins le livre reste excellent, bien écrit, et plein de références et d'anecdotes géniales (elle descend Lana del Rey au sujet du pseudo-féminisme de celle-ci - un bon moment) - alors Go(o) !
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