Interview d' Andrew Benton pour la TV Australienne(1994)
J'étais un prédateur sexuel, dévorée par le désir de me nourrir, de me remplir, de trouver quelqu'un, n'importe qui, quelque chose, n'importe quoi, pour satisfaire mes besoins (....) Je me cherchais en vain, alors que je disparaissais délibérément à l'intérieur des autres.
Je me sentais comme une simple spectatrice de la catastrophe familiale dont les racines remontent sur de nombreuses générations et imprègnent la matière même de cette maladie chronique et terminale qu’on appelle « famille ».
Étrangement, je prenais pitié des hommes que j’honorais. Je les respectais plus que la plupart des hommes avec lesquels j’entretenais d’autres rapports. Tout était clair : je leur vendais un fantasme pour une demi-heure ou une heure. Ils obtenaient ce pour quoi ils avaient payé. Moi, j’obtenais ce dont j’avais besoin : de l’argent. Ensuite, qu’ils dégagent. Pas de baratin, pas de garde d’enfants, pas de main à tenir. La plupart des hommes étaient trop demandeurs, désespérés, dépendants. Des petits garçons jamais capables de tuer la petite fille en eux. Ils quémandaient toujours de l’amour, de la compassion, une attention constante, une confirmation de leur virilité, une reconnaissance sexuelle, un culte phallique
J’aime le sommeil, cette insaisissable salope, mais le sommeil me hait. C’est comme ça. Je tente de le séduire, qu’il me tolère un peu plus que quelques heures par nuit, mais mon effort est vain. Cette pute est inconstante. Oh, aucun problème pour m’accorder une brève et chaleureuse étreinte. Cinq minutes après que j’ai posé la tête sur l’oreiller, je nage déjà dans l’inertie profonde des ténèbres. Mais avant que le sommeil paradoxal ait la moindre chance de frotter sa tête contre la mienne, le sommeil, ce putain de pervers, convoque en hurlant son infirmière l’insomnie pour qu’elle fasse sonner sa grosse cloche d’enterrement à mes oreilles, et je ne le suis plus.
J’ai toujours eu une nature masculine. La plupart des hommes ne supportent pas la compétition, elle les rend fous, complètement cinglés. Elle les pousse à se défouler. Dominer, lutter pour garder le contrôle, avec moi, ça ne marche pas. C’est soit un K.-O., soit un combat à mort. La seule chose que mon père m’ait apprise, c’est de ne jamais abandonner, ne jamais se rendre, se battre. Agir comme un homme. Et même si je les plaignais en tant qu’espèce, je finissais par être de leur côté, tout en luttant contre leur sexe. J’y rechargeais ma force vitale, en même temps que j’y trouvais la voie vers un état supérieur.
La plupart des gens souffrent d’avoir trop de sentiments. Ils se laissent obséder par des imperfections mineures, se comparent aux images irréalistes affichées par des médias qui ne s’intéressent qu’à la célébrité et valorisent les bénéfices nets au détriment du contenu et du sens. Ils paniquent face à la désapprobation, face à la contradiction. Ils ont peur, s’ils rompent avec le consensus, s’ils font fausse note dans le statu quo ou se retrouvent en désaccord avec un être proche sur ce qui est bien et ce qui est mal, d’être abandonnés et seuls pour se battre.
Une femme bionique, extraterrestre, égocentrée, mais toujours en lutte en dépit de l’effondrement imminent de mon bien-être physique et mental, qui ricane en voyant la planète tomber en morceaux. Et d’un autre côté, je suis déchirée, fatiguée de me battre et profondément blessée par l’ignorance, la stupidité et l’avidité de l’humanité.
Après tout, Dieu a été le premier flic. Le Tyran originel. Un dictateur égotiste dont le sadisme sans bornes a exigé le meurtre de son fils unique et adoré à la seule fin de montrer ce dont il était capable, après nous avoir tous condamnés à pourrir dans l'enfer éternel, telles des marionnettes de viande bouclées dans son donjon privé.
Aucun nom n'a été changé
afin de protéger les innocents.
Ce sont tous des putains de coupables.
Elle était la seule femme dont ils prononçaient le nom. Une connasse irritable avec une mentalité de merde. Je la détestai tout de suite, d’abord parce qu’elle partageait leurs histoires d’abus sexuels sadiques alors que j’y étais étrangère. Ensuite parce qu’il y avait chez elle quelque chose qui me remontait dans le cul. Son faux sourire, son attitude condescendante, sa jalousie mesquine, ses cheveux teints, ses faux ongles, et la manière JAP dont elle avait été élevée : rien chez elle n’était fait pour me la rendre sympathique. Je détestais la manière dont elle frimait, brûlant d’envie de nous entraîner là-haut pour nous montrer les cicatrices fraîches et violacées de ses implants, un cadeau de Papa.