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Critique de BazaR


Je ressors très mitigé de cet ouvrage.

Pierre Goubert raconte l'histoire avec style et verve. Cependant si ce style m'a parfois fait sourire, il m'a aussi souvent agacé. On sent l'homme qui ne résiste pas à une bonne petite polémique. On le sent retenir ses mots comme Ben Hur retenait ses chevaux avant la course, mais la soupape de sécurité est ouverte et relâche souvent des propos où transparaissent souvent le mépris pour certains confrères du passé (soyons honnêtes, l'admiration pour d'autres aussi). Les saillis sont parfois amusantes, parfois à la limite de l'insulte.
L'auteur ne traite pas ses sujets historiques avec plus de doigté. Il balance souvent son opinion sur untel ou untel, sans prendre de gants : il traite le duc de Savoie de sot, Cinq-Mars de bellâtre étourneau, Gaston d'Orléans de tête légère et Louis XIV de roi à l'autorité méprisante. Je vous l'ai dit, c'est épicé et évocateur et peut-être pris avec sourire ou agacement, un peu comme Charlie Hebdo.
Pierre Goubert use et abuse de certaines techniques d'écriture, comme les parenthèses au sein d'un paragraphe descriptif de l'Histoire où il glisse son sentiment et surtout l'habitude de poser des questions qui n'en sont pas et sont seulement là pour affirmer, encore, sa position. Un exemple : « Il arriva pourtant qu'on me proposa une biographie de Mazarin : suggestion d'abord mal reçue, faut-il m'en excuser ? ». Il abuse aussi de certaines expressions comme « Par surcroît ».
Je ne doute cependant pas que ce style a des chances de plaire à d'autres.

Sur le fond, il est clair que l'auteur est un historien compétent et consciencieux. La biographie de Mazarin sert en fait de tête de rayon pour une description par le menu de la France du milieu du 17ème siècle, depuis le petit peuple de paysans et d'artisans à la haute noblesse en passant par les bourgeois et les financiers. J'ai appris beaucoup de choses comme, par exemple, le fait que Mazarin n'était pas prêtre, bien que Cardinal (je ne savais pas cela possible), son rôle dans la diplomatie internationale (la paix de Westphalie, mais aussi les conflits de la Baltique). J'ai aussi bien apprécié les descriptions sans concession des différentes Fronde et du rôle joué par Condé.
D'une manière générale, le portrait du cardinal-ministre est plutôt positif. Sa ruse, son calme, sa capacité à faire « jouer le temps » sans s'affoler, même et surtout dans ses pires moments, génèrent effectivement l'admiration. Sa capacité à accumuler les richesses pour lui et sa famille un peu moins, mais en ceci il ne diffère ni de ses prédécesseurs (Concini, Richelieu) ni de ses successeurs (Colbert).
En sus – selon Pierre Goubert qui ne clame pas ceci sans références – la soi-disant romance entre Mazarin et Anne d'Autriche, mère de Louis XIV, n'est que billevesées.

Malheureusement, l'essai se perd souvent dans les descriptions chiffrées des anonymes, des finances, des impôts, des prêts… tout cela joue un rôle crucial dans les raisons des Frondes mais je les ai trouvées profondément ennuyeuses à lire. le pompon étant touché lors de la longue litanie décrivant les avoirs que Mazarin laisse en héritage.

Dans la longue série de biographies des gouvernants de France que j'ai entamée il y a bien longtemps, celle-ci ne restera pas dans ma mémoire comme excellente, mais constitue une référence sur laquelle revenir quand on cherche des informations pointues. Mazarin ne pouvait pas être oublié. Je suppose que le Louis XIV de Jean-Christian Petitfils reviendra en creux sur le Cardinal et j'espère l'apprécier un peu plus alors.
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