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Critique de vibrelivre


L'Arche dans la tempête/Island Magic
Elisabeth Goudge
roman (premier)
traduit de l'anglais par Madeleine T. Guéritte, 1997
Phébus libretto, 1934, 314p


Je ne me rappelle pas avoir jamais lu cette autrice, mais je suis contente de l'avoir fait, j'ai beaucoup aimé ce livre pour ses passages descriptifs qui témoignent d'un amour de la nature, de la lumière et de la beauté. le lieu du roman s'y prête, c'est l'île, dite magique -c'est le titre de l'oeuvre originale, de Guernesey, avec son patois français, ses traditions, ses superstitions,et la mentalité des insulaires.
On est en 1888, chez les du Frocq. Ils habitent à l'écart, dans un endroit sauvage qu'adoucissent les fleurs différentes selon les saisons. Dans une ferme, nommée le Bon-Repos, mais les habitants ne se reposent pas, le travail de la ferme est difficile, et la ferme ne prospère pas, et les occupants sont de nature inquiète. le chef de famille, André, n'aime pas le travail de la ferme, c'est un rêveur et un penseur qui écrit à ses heures sauvées ; sa femme, Rachel, autocrate mais tendre, et douée de visions, a mis toute sa fortune dans cette ferme à laquelle elle est profondément attachée, d'autant plus que ses trois enfants morts y jouent. Ils ont cinq enfants vivants, quatre filles et un garçon qui veut devenir marin.
Une nuit de tempête, un bateau fait naufrage, et parmi les naufragés se trouve Ranulph Mabier, qui semble très bien connaître l'île, dont le charme s'impose à lui, grâce à laquelle il pense et sent. Cet homme-là, Rachel l'a vu dans ses visions, et elle insiste pour qu'il vienne se rétablir à la ferme. Avec l'arrivée de Ranulph, qui sait tout faire, et notamment conter des histoires, et qui a beaucoup d'argent, la vie à la ferme change.
C'est un roman qui pose la question de la liberté : celle de faire ce qu'on veut, ce que n'ont pas pu faire les deux fils du docteur du Frocq, un père extrêmement autoritaire et qui humilie volontiers. Les fils ont fui cette autorité, l'un en partant on ne sait où, l'autre en suivant une femme qui le domine et qu'il aime. Celle de rester naturel, et Michelle, la fille aînée, est souvent grondée pour son affectation. Celle de rester maître de ses sentiments, et que manquent de perdre Rachel et Ranulph, emportés par la passion.
Elisabeth Goudge a beaucoup d'humour : ainsi l'ombrelle de Rachel, tenue d'une certaine façon pour ne pas abîmer le haut-de-forme de son mari, ne protège rien ; Michelle, qui n'aime pas la fin de Roméo et Juliette, peut donner des conseils à Shakespeare ; elle a aussi le sens des images : ainsi quand Péronnelle, la deuxième fille, ouvre la porte de la classe, les autres filles ont l'impression qu'un merle chante dans un lilas. Elle sait aussi observer les enfants - elle consacre à chacun des enfants un chapitre où elle développe leur personnalité- et comprendre leurs comportements : Les enfants n'ont pas de mots pour raconter leurs aventures. A l'âge où ils peuvent enfin s'exprimer, ils ont perdu leurs ailes et les anciens chemins leur sont fermés. Les grandes personnes n'ont plus rien à raconter, sauf des ssouvenirs ; il ne leur reste que l'espoir tremblant de revenir, un jour, vers les sentiers de l'enfance.
La fin du roman prête à sourire : comment la romancière se débarrasse-t-elle de qui devient gênant. Et se débarrasse de lui tellement bien que nul n'est là pour demander ce qui s'est passé. Il faut dire que la mort fait partie de la vie, et que pour une vie sauvée, une mort est réclamée.
Cependant, la lecture fut très agréable. le roman se passe sur neuf mois environ, et chaque chapitre, il y en a neuf, parle chronologiquement d'un mois, avec ses événements, la floraison du moment, le temps. On peut comparer deux sortes d'enseignement, celui qu'on appellera classique avec ses exigences et ses mises à l'écart, celui des religieuses, simplet mais tourné vers le service du Seigneur, deux milieux, celui qui va à la messe en toute majesté, quoique un peu ridicule, et l'autre, animé, licencieux, qui attire. Les caractères sont bien marqués, le rythme est allègre.
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