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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cet essai trace l'historique des théories visant à établir le racisme sur des bases scientifiques – biologiques et statistiques – et les déconstruit avec les propres armes scientifiques de leurs auteurs. Par racisme scientifique, on entend l'hypothèse que l'intelligence consisterait dans une entité réifiée, unimodale, mesurable – donc hiérarchisable – et génétiquement déterminée. Ces théories s'avèrent infondées soit à cause de postulats erronés, soit de mesures et calculs biaisés, manipulés ou carrément falsifiés (Burt). Que les scientifiques aient été de bonne ou mauvaise foi (et l'auteur tend à leur créditer la bonne foi jusqu'à preuve du contraire), il est cependant évident que leurs théories ont été élaborées non par déduction à partir de l'empirie mais comme tentatives d'assurer une assise scientifique à l'idéologie (et parfois à l'autocomplaisance) qui les habitait et qui régnait dans le contexte social et culturel en vigueur : ainsi peut-on noter sur le racisme d'une même époque (années 1910-1920) que « si le problème racial tenait le premier rang des préoccupations sociales aux Etats-Unis, son équivalent en Grande-Bretagne était bien celui des classes. » (p. 324).
Trois conclusions m'ont bouleversé :
- Au cours d'une période de quelques décennies seulement – grosso modo entre 1850 et 1935 – ces théories, toujours assez vite falsifiées, ont dû faire appel à un corpus mathématique extrêmement complexifié : du simple pesage des cerveaux à l'analyse factorielle avec rotation des axes…
- En dépit des progrès spectaculaires de la génétique qui révèle que « les différences génétiques globales entre les races humaines sont étonnamment petites » (p. 365), malgré une compréhension de plus en plus parfaite du darwinisme qui refusa dès le début tout déterminisme biologique des inégalités – cf. cit. de Darwin en exergue (et passim) : « Grande est notre faute, si la misère de nos pauvres découle non pas des lois naturelles, mais de nos institutions » - les tentatives de « scientifisation » des racismes (sexisme, classisme etc.) perdurent (au moins jusqu'à 1994 et au livre de Herrnstein-Murray intitulé : The Bell Curve).
- de même que ces théories sont le fruit d'idéologies ambiantes, souvent elles ont été responsables de mesures politiques et législatives d'une violence inouïe : même sans convoquer le racisme nazi et la Shoah ni le racisme européen et les colonisations de tous les autres continents, l'héréditarisme américain a directement provoqué l'Immigration Restriction Act de 1924 (première relation infâme entre racisme et immigration ?), et les pratiques frauduleuses de Burt le Butler Education Act de 1944 qui, par une sélection par examen sur QI (« 11 + ») ont relégué 80% des collégiens anglais dans une scolarité les excluant des universités, jusqu'au milieu des années 1960 (p. 334).
Grandes sont nos fautes…
Celle que je donne à ce livre, et qui m'empêche de lui attribuer une note supérieure, est simplement d'être immensément prolixe, même hormis le technicisme.

Cit : «[…] si l'holocauste arrivait et que les seuls survivants en soient une petite tribu au fin fond des forêts de la Nouvelle-Guinée, la quasi-totalité de toutes les variations génétiques qui s'expriment actuellement au sein des innombrables groupes d'une population de quatre milliards d'hommes serait préservée. » (p. 365-366)
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Dans ce livre SJ Gould est toujours aussi motivé par son désir de partager son savoir et de le faire passer au plus grand nombre. L'introduction est passionnante sur la genèse de la mesure de l'intelligence mais le développement l'est beaucoup moins.Je me suis perdu dans la succession de méthodes et de pseudo-découvreurs et au bout de 300 pages le livre m'est tombé des mains de. Dommage, d'autant que c'est la première fois que je m'attaquais à un livre de Gould qui ne soit pas un recueil de ses articles.
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