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Christian Jeanmougin (Traducteur)
EAN : 9782020490931
299 pages
Seuil (16/03/2001)
4.29/5   39 notes
Résumé :
Un livre dérangeant! Ne respectant décidément aucune idée reçue, Gould s'en prend ici à notre image d'une nature dont l'histoire serait régie par une logique de progrès. L’évolution, montre-t-il, n'est pas cette inéluctable marche vers une complexité et une subtilité croissantes qui, partant des formes les plus simples, culminerait triomphalement par l'apparition de ce chef-d'œuvre, l'Homme. C'est en vérité la notion de progrès dans toute sa généralité qui est mise ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Décapant! Un livre qui fait réfléchir, tout en étant écrit dans un langage à la portée de tous, et au final, plutôt réjouissant.

Ce que tout le monde sait n'est pas forcément la vérité, nous dit l'auteur... Aïe, serait il complotiste? Pas du tout. On a affaire à un scientifique pur jus. Plusieurs thèmes sont abordés, mais de manière très progressive. L'idée principale de l'auteur est la suivante: l'évolution des espèces est complètement aléatoire, elle ne suit pas de chemin tout tracé. Seules se produisent des adaptations plus ou moins heureuses aux contingences de notre univers. Il n'y a pas de grand dessein caché dans cette histoire: l'évolution travaille de manière négative, se contentant d'éliminer les moins adaptés, comme l'avait annoncé Darwin.

Conséquence pratique, l'idée reçue - très répandue parmi les humains - de placer homo sapiens au sommet d'une pyramide, de nous considérer comme les êtres les plus évolués de la création, est tout simplement fausse. Nous ne sommes qu'un des rameaux. Qui n'existe que depuis quelques dizaines de milliers d'années (et si on continue comme ça à massacrer la planète, peut-être plus pour longtemps). Nous avons l'impression que les mammifères dominent, mais leur nombre d'espèces est infime par rapport à celui des insectes.

Et que dire des bactéries, qui existent des milliards d'années, et se sont parfaitement adaptées à une grande variété d'environnements, depuis nos intestins jusqu'aux fosses océaniques sulfureuses... Tout d'un coup ça rend modeste!

Mieux, il nous montre que l'apparition de l'être humain était complètement aléatoire, et que si les conditions terrestres au moment de l'explosion de la vie (au Cambrien), avaient été un poil différentes, alors quelques poissons n'auraient pas développé des nageoires assez costauds pour avancer sur la terre ferme, et l'espèce humaine n'aurait jamais vu le jour.

Au passage, Stephen Jay Gould nous invite à réfléchir aux notions de progrès et de complexité. Assez humblement, il s'avoue incapable de les définir précisément. Mais dans son domaine, la paléontologie, il nous montre que des espèces que l'on considère plus évoluées ne vivent pas plus longtemps que les autres.

Le chapitre consacré aux statistiques du base-ball pourra paraître un peu long et trop didactique, mais la leçon à en tirer est fondamentale: méfions nous des moyennes. Par exemple, un gouvernement peut se vanter de ce que le salaire moyen ait augmenté, mais cela ne signifie pas du tout qu'il y ait moins de pauvres. Il suffit que le 1% des plus riches gagnent encore plus, et hop! le tour (de comm) est joué...
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La notion de progrès concernant l'évolution du vivant est une idée fausse. Il ne faut pas voir cette évolution uniquement à travers le prisme des cas extrêmes, mais apprécier l'ensemble des variations de tout le système. (Il faut aussi se méfier des moyennes : elles donnent une idée fausse d'un ensemble ; par exemple : moyenne arithmétique (salaire moyen), moyenne nodale : éloignées de la vraie courbe. Une mesure plus réaliste serait le mode : fréquence d'une occurrence.)
Ainsi, pour les chevaux, l'idée de progrès est fausse (augmentation de la taille ; diminution du nombre de doigts)
Les chevaux sont en effets issus d'un “buisson” (et non d'une “branche”) très diversifié, dont les rameaux ayant eu le plus de succès étaient de petites tailles et à plusieurs doigts. le maintien des espèces actuelles (cheval moderne, zèbre) est le fruit du hasard, et un “résidu” de l'évolution.
(par ailleurs, le succès évolutif est plus grand pour les espèces qui marchent sur deux doigts : bovins, ovins, caprins, de l'antilope du désert au chamois des sommets enneigés)
S. Jay Gould illustre ensuite l'erreur que peut constituer l'analyse d'une moyenne mesurant un aspect d'un système par rapport à l'évolution du système tout entier. (Ainsi, l'extinction du score record de 400 à la batte - 0,4 au Base-Ball -, cache en fait une progression dans tous les secteurs du jeu.)
Revenant à la nature, S. J. Gould montre que le mode de vie dominant sur la planète était, est, et sera toujours celui des bactéries. Elles sont présentes partout, dans l'atmosphère, dans nos intestins et à plusieurs kilomètres de profondeur dans la roche ou au fond des mers.
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Ce livre est à la fois un point de vue sur Darwin, une thèse sur la façon dont l'évolution s'exprime (non l'évolution n'est pas déterministe), et une réflexion sur lui-même, alors même que l'auteur était en rémission du concert qui a fini par l'emporter, ce qui rend le style très émotionnel. Ecrit à l'époque ou les tenant du dessein intelligent (et les créationnistes) reprenaient du poil de la bête, il apporte également une démonstration magistrale au service de son interprétation de l'évolution. Certaines démonstrations sont un peu alambiquées, notamment quand elles passent par des métaphores sportives, mais le livre reste tout à fait abordable.
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Si on fait abstraction des règles du Base-Ball, un sport qui visiblement passionnait Jay Gould, la thèse développée dans ce livre est la plus importante depuis Darwin. Jay Gould l'appelle la cinquième blessure narcissique de l'homme. Après avoir compris qu'il n'est pas au centre de l'Univers, un instant dans le temporel, un animal parmi les autres et qu'il n'est même pas maître de son cerveau, il n'est même pas le fruit d'une évolution vers l'être parfait dans son environnement. Il n'est que le fruit d'une probabilité bien explicable.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
LA " MARCHE DE L'IVROGNE " : Un homme sort d'un bar complètement saoul et titube sur le trottoir, entre le mur du bar et le caniveau. S'il atteint le caniveau, il s'écroule ivre mort et le jeu s'arrête. Supposons que le trottoir ait trois mètres de large et que notre ivrogne marche au hasard, avec un pas moyen de cinquante centimètres, en avant ou en arrière. [...]
Où va-t-il aboutir si on le laisse tituber suffisamment longtemps ? Dans le caniveau, inéluctablement, et pour la raison suivante : chaque pas, en avant ou en arrière, a une probabilité égale de 1/2. Le mur du bar constitue un " barrière infranchissable ". [...] Autrement dit, son mouvement ne peut se développer que dans une seule direction : vers le caniveau. [...]
J'ai exhumé ce vieil exemple pour illustrer un point capital : [...] L'ivrogne tombe à chaque fois dans le caniveau, mais son mouvement ne témoigne d'aucune tendance à cette forme de perdition. D'une manière similaire, une mesure moyenne ou extrême de la vie peut progresser dans une direction donnée même si aucun avantage évolutif ou aucune tendance intrinsèque ne favorise ce mouvement.
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Gould explique le mécanisme de la sélection naturelle : « Darwin consacre les premiers chapitres de De l'origine des espèces à établir les trois faits suivants :
1. Tous les organismes tendent à produire plus de descendants qu'il n'en peut survivre
2. Ces descendants présentent entre eux des variations et ne sont pas des copies conformes d'u type immuable
3. Une part au moins de ces variations se transmet génétiquement aux générations futures.
Le principe de sélection naturelle devient alors une conséquence de ces trois faits :
4. Si nombre de descendants sont condamnés à mourir (car l'écosystème naturel ne peut tous les accueillir) et si, dans chaque espèce, les individus présentent entre eux des variations, alors, en moyenne (autrement dit, statistiquement, et non pas systématiquement), les survivants sont les individus dont les variations sont par chance mieux adaptées aux changements de l'environnement local. Puisque l'hérédité existe, les descendants des survivants tendent à ressembler à leurs parents. Au fil du temps, l'accumulation de ces variations avantageuses produit un changement évolutif. »
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« J'insiste sur ce point car je montrerai que le progrès dans l'histoire de la vie – mon second exemple clé – est une illusion pour exactement les mêmes raisons. Quelques créatures ont acquis une plus grande complexité dans la seule direction qui s'est trouvée ouverte à leur variation. Le mode est resté solidement ancré sur les bactéries durant toute l'histoire de la vie : quel que soit le critère auquel on se réfère, les bactéries furent dès le début, sont aujourd'hui, et resteront toujours les organismes les plus réussis de la Terre. »
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Nous pensions vivre sur le corps central d'un univers limité lorsque Copernic, Galilée et Newton révélèrent que la Terre n'est qu'un minuscule satellite d'une étoile secondaire. Nous nous étions alors rassurés en imaginant que Dieu avait néanmoins choisi ce lieu excentré pour créer un organisme unique à Son image quand Darwin vint "nous reléguer au rang de descendants du monde animal". Nous avions alors trouvé consolation dans la rationalité de notre esprit lorsque, ainsi que le note Freud dans l'une des moins modestes affirmations de l'histoire de l'intelligence, la psychologie découvrit l'inconscient.
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Si un énorme corps extra-terrestre n'avait pas déclenché l'extinction des dinosaures, il y a soixante-cinq millions d'années, les mammifères seraient encore de petites créatures, marginalisées dans un monde de dinosaures, et incapables d'acquérir une plus grande taille pour loger un cerveau suffisamment gros pour engendrer une conscience.
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